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    Les bains arabes à Palma de Majorque

     

     

    Les bains arabes de Palma de Majorque constituent l'unique monument de la domination musulmane conservé dans l'île. On les trouve au n°7 de la rue Serro, dans l'enceinte de la Medina Majurka. Il n'a pas été possible d'en évaluer leur ancienneté avec exactitude, mais la majorité des historiens est d'accord pour dire que le Xème siècle serait l'époque la plus approximative. Ces bains sont identiques à ceux qui furent en usage dans quelques villes islamiques, établissements copiés des romains, lieux de réunions et de plaisirs. 

    Le plus intéressant est une salle de forme carrée avec sa coupole en demi-lune, 12 colonnes et 25 lucarnes (la plupart encore bouchée) et il est curieux d'observer l'inégalité entre les chapiteaux, ceux-ci étant souvent récupérés sur d'autres édifices de provenance romaine ou islamique. Cette salle dénommée "caldarium" fut le lieu des bains chauds. Le sol était formé d'un double pavage dont les ouvertures laissaient échapper les vapeurs chaudes du foyer, réchauffant ainsi le dallage et l'ambiance (système hypocauste). Ces bains qui faisaient certainement partie du palais ou alcazar d'un notable arabe, étaient adossés à l'édifice. 

     

     

     


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    Tu marchais lentement dans la rue devant moi, et je t’ai dépassé…

    Sans te regarder, sans me retourner…

    Il faisait froid et je sentais ton regard comme un rayon ardent  sur mes chevilles,

     

    Tu ne regardais que mon dos, et le manteau qui dansait sur mes jambes,

    Sous le halo de mes cheveux insoumis, je me sentais belle parce que la pluie avait cessé,

    et que tu me voyais bouger dans la lumière,

    Je me sentais légère parce que tu me suivais, et cette joie me portait devant toi…

     

    Je marchais dans la rue devant toi, sur le miroir de la pluie…

    Brusquement j’ai fait volte face et je t’ai heurté,

    A contre jour tu ne m’as pas reconnue…

    Je t’ai heurté, et tu as posé tes mains sur mes bras en t’excusant,

    J’attendais tes mains, je les espérais comme des oiseaux,

     

    Tu ne m’as pas reconnue parce que tu ne pensais pas à moi…

    Dans la rue, tu suivais juste une femme que tu ne connaissais pas…

    Et j’ai goûté victorieuse, le rayon désirant de tes yeux,

    Comme une voleuse, comme une fraudeuse, j’ai cueilli tes yeux…

    eva ©

    photo Edouard Boubat, Paris 1946

     

     


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  • Illusion(s)

     

    "Et avec quelle quantité d'illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour !" (Emil Michel Cioran)

     

    photo eva au Musée d'Art Espagnol Contemporain à Palma de Majorque


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    Fellini n'aimait pas Casanova, aussi la genèse du film fut-elle longue et laborieuse. Fellini menait de front plusieurs projets et le Casanova était pour lui une vraie difficulté en raison de cette aversion qu'il avait pour le personnage. Les divers éléments de la biographie de Casanova sont respectés mais ils ne figurent dans le scénario que d'une manière symbolique. Contrairement à ce qui fut dit par certains critiques, Fellini n'a pas ridiculisé Casanova qu'il a dépeint comme un érudit, un lettré, un scientifique aussi. Mais c'est un solitaire et un homme fasciné par les femmes.

     

    "Le Casanova de Fellini" n'a qu'une parenté lointaine avec l'auteur des "Mémoires de Casanova". Fellini fait allusion brièvement à l'emprisonnement de son héros sans qu'on sache vraiment la cause de cet emprisonnement et les modalités de l'évasion des "plombs". Toute l'importance de cet épisode réside dans la façon dont Fellini montre l'extrême dénuement du reclus dans une cellule grise, humide et froide, en position foetale (à cause de l'étroitesse de la cellule) et l'étrangeté irréelle de cette évasion.

     

    Le plus extraordinaire chez Casanova n'est pas sa laideur, on sait depuis toujours que la séduction n'est pas seulement affaire de beauté, mais plutôt le regard posé sur chacune et les mots adressés à toutes, (probablement les mêmes mots pour toutes !). Un regard aqueux, liquide, qualifié de "spermatique" plein de mystère, et les paroles dites par Casanova flottent en poésie, plongeant les femmes, toutes les femmes (même les plus avisées) dans une étrange dépendance.

     

    Il les séduisait toutes, et toutes tombaient en pamoison ! Les jeunes, les vieilles, les belles, les laides, les sottes, les savantes... et même... une automate ! Les scènes érotiques ou pornographiques ne le sont pas puisqu'elles sont réduites à l'expression purement mécanique de l'acte sexuel : un acte charnel désincarné en quelque sorte... à l'exception toutefois de la séduction de la poupée mécanique (scène de la vidéo ci-dessus). Raffinement paradoxal qui ajoute encore au charme étrange de ce film.

     

    La scène de l'automate est pure invention de Fellini mais c'est la plus belle des scènes érotiques, parce que la plus poétique et la plus onirique. Casanova d'abord repoussé par cette poupée mécanique, déploie tout son savoir-faire, toute sa douceur pour réussir à la tenir dans ses bras le temps d'une danse... C'est très émouvant, on comprend alors, combien, plus que l'amour, Casanova aime "l'idée de l'amour"... Aimer sans même pouvoir imaginer qu'on ne puisse pas être aimé en retour, aimer en oubliant que cet amour-là sera purement imaginaire, fictif... Aimer le rêve... aimer jusqu'à se convaincre que l'objet prendra vie... Et puis, casser le jouet. La scène se termine d'une façon cynique et toute symbolique puisque la poupée désarticulée est délaissée après l'accomplissement, exactement comme celles bien vivantes, mais réduites à la condition d'objet...

     

    "Le Casanova de Fellini" est un film qui se déroule comme un rêve... au milieu des miasmes de la lagune, au rythme léger mais lancinant et obsessionnel des notes de Nino Rota. Casanova vieux et raillé, exilé, garde en mémoire les vers des poètes qu'il a aimés et tant admirés. Il termine sa vie dans la bibliothèque d'un protecteur compatissant. Et le vieux Casanova se souvient de sa jeunesse agitée, de sa vie d'aventurier, lui, le solitaire, le paria de l'amour et de la famille, une dernière fois, aux portes de la Mort, il rêve de Venise... "Reverrai-je ma ville, reverrai-je Venise ?" et dans ce rêve ultime, il danse une dernière fois avec la poupée mécanique de sa jeunesse...

     

    eva, le 6 novembre 2012.


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