• Alberto Moravia.

     

    Alberto Moravia.

     

    Dessin Christian Lacroix

     

    "Toujours vêtue en petite danseuse, suivant la mode du moment, avec une légère chemisette bouffante et une jupe ample et courte que paraissait soutenir une crinoline, elle éveillait l'idée d'une fleur renversée, à la corolle déversée et oscillante, qui se serait promenée en marchant sur ses pistils. Elle avait un visage rond de petite fille, mais d'une petite fille grandie trop vite et initiée trop tôt aux expériences féminines. Elle était pâle, avec sous les pommettes une ombre légère qui faisait paraître ses joues hâves et, tout autour du visage une épaisse chevelure brune et crépelée. Sa petite bouche, de forme et d'expression enfantine, faisait penser à un bouton de fleur précocement apparu sur la branche sans s'ouvrir ; mais elle était marquée aux coins de deux rides minces qui me frappèrent particulièrement à cause du sentiment d'aridité intense qui en émanait. Enfin, ce qu'elle avait de plus beau, ses yeux, grands et sombres, eux aussi de forme enfantine sous un front un peu bombé, avaient un regard sans innocence, indéfinissablement distant, fuyant et incertain."  

    Alberto Moravia (L'ennui) 

     

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  • Commentaires

    6
    Mercredi 6 Mars 2019 à 09:30

    Quelle belle association ! Je me rappelle la mutine et perverse Laïde, âme damnée de Milan, qui me fit tant rêver, adolescent...

      • Mercredi 6 Mars 2019 à 23:48

        Oh misère ! Je ne connais pas Laïde !... beurk  Bises du soir Henri-Pierre...

    5
    El duende
    Jeudi 28 Février 2019 à 10:48

    Oui, la vie est suffisamment triste sans que les grincheux en rajoutent. Heureux ceux qui savent voir et s’émerveiller de la beauté du monde car ils ont un avantage sur ceux qui ne rêvent pas : la capacité de contrebalancer le pessimisme ambiant en s’évader dans des sphères transparentes et légères que certains n’ont pu et ne pourront jamais imaginer. 

      • Jeudi 28 Février 2019 à 14:44

        Je te connais assez pour savoir que tu t'engages plus que moi sur le plan des idées, mais je sais aussi que tu peux aimer "les sphères transparentes et légères" du rêve et de la poésie... Je t'embrasse :-)

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    4
    Jeudi 28 Février 2019 à 01:12

    Un étrange patchwork que notre société tenue d'un côté par la brutalité policière dans ses fantasmes d'ordre et de mort, dévergondée de l'autre au point d'aduler des couturiers délirants dans leurs fantasmes de petites filles tristes. Et que penser des femmes et des hommes qui se prêtent à ces manipulations collectives. D'un côté on est encore à la Cour comme nous le rappelle Haendel, mais d'un autre une intense aridité a de quoi nous hanter, comme le laisse entrevoir Moravia.

      • Jeudi 28 Février 2019 à 10:28

        hé bien oui j'adore la fantaisie et la créativité de Christian Lacroix (qui a été contraint à mettre la clé sous la porte), oui j'adore le chatoiement des couleurs et la diversité des textures (probablement parce que je suis toujours vêtue de noir)... oui, j'adore les hommes qui aiment les femmes féminines, (je suis cependant féministe depuis toujours)... OUI j'adore Alberto Moravia qui m'a réconciliée avec mon corps à une époque déjà lointaine où les filles ressemblaient toutes à Françoise Hardy (squelette triste et spaghettis sur la tête). Moravia est UNIQUE, c'est un orfèvre de l'incommunicabilité, il a fait de la femme un vrai mystère, et je l'aime pour cela.

        J'aborde très rarement ici les problèmes de société, et ce billet n'avait pas pour but d'ouvrir une polémique sur les manipulations collectives, cependant je vous remercie pour votre commentaire intéressant, et je revendique mon droit à être fascinée par le côté brillant et superficiel dans une société toujours plus triste et haineuse de jour en jour

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