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Amitié de plume...
C’est l’histoire d’une amitié épistolaire de neuf mois… une vingtaine de lettres échangées, dans le plus grand respect mutuel, sans aucune ambiguïté…
C’est l’histoire d’un écrivain et d’une admiratrice… Il avait dit « donnez-moi des nouvelles de temps en temps »… et elle avait donné ! Elle avait donné et beaucoup reçu… Il lui avait ouvert des mondes, le monde des mots, le monde du rêve… un monde de découvertes intellectuelles et de réflexions amicales. Pendant presqu’ une année, un fil magique et invisible tendu entre sa boîte à lettres et la sienne.
Et puis, son épouse avait pris ombrage de cette amitié de plume… Comment peut-on être jalouse des lectrices de son mari ? Un auteur n’appartient-il pas aussi à ceux qui le lisent ? à ceux qui l’admirent, à ceux qui le lui disent ? Si l’on n’accepte pas ce partage-là, autant empêcher l’écriture, autant empêcher l’autre de respirer !
J’ignore tout de la jalousie, personne n’appartient à personne… et si l’on aime quelqu’un sincèrement on doit accepter qu’il soit aimé aussi des autres…
Ainsi va la vie : un petit signe de la main dans le grand manège tournoyant du hasard…
« Monsieur,
Je vous ai tant cherché, tant cherché aux portes de la vieillesse,
Que la gardienne du temple m’a jeté un œil glacé,
Me congédiant sans aménité…
Je vous ai tant cherché…mais ce fut bien trop tard,
Et pour vous, et pour moi, et dans le ciel très noir
Les froides étoiles ne brillent plus sur le pech,
Eteintes, elles se sont évanouies,
La route s’est perdue, et la lumière aussi…
Je vous ai tant cherché…
Mes mots s’envolant comme des poissons morts
Tristement remontent la rivière asséchée,
Sans trouver la source limpide et verte,
Toujours plus éloignée…
Ce jour terrible où regard de vous se détourna de moi,
Tout mon sang reflua, et grand trou noir se fit en mon cœur,
Qui vous avait tant cherché… » eva juillet 2008
Tags : amitié, écriture, mots
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Commentaires
Une histoire banale Francesco... Chacun veut souvent garder son exclusivité sur l'autre, en oubliant que personne n'appartient à personne... Heureusement, ce qui est donné ne peut jamais être repris... et il existe des oiseaux à qui l'on ne coupe pas les ailes...
Une belle histoire Eva, un peu triste. Empêcher à un artiste, à un poète de "se donner" est comme couper les aile à un oiseau… un meurtre cruel….
23el duendeVendredi 8 Août 2014 à 18:12Hé bien, Eva, je vais encore jouer au trouble-fête. Devant cette belle unanimité, je me sens en porte-à-faux.En tant que grande jalouse, je n'ai jamais accepté qu'une trop grande intimité s'établisse entre une femme et celui que j'aimais. Risque de glissade vers autre chose. Je ne parle pas de ton vieil écrivain avec qui rien de charnel n'était possible. Non, mes amies n'était pas les amies de mon mari. Les dérapages sont légion ...22odileVendredi 8 Août 2014 à 18:12superbe
j'aime beaucoup et j'aime ce que vous écrivez
je ne suis pas un vieux monsieur, mais vraiment c'est agréable mamie et gd grand mamie21odileVendredi 8 Août 2014 à 18:12en fait je disais entre parenthèse que j'etais une mamie et gd mamie et votre blog est un rayon de soleil.
quelle sensibilité dans vos écrits.
je n'ai plus le temps.Pour grand que soeint les hommes ils ont leurs faiblesses, et cet écrivain-là a épousé une médiocre sans ouverture d'esprit aucune, recroquevillée dans son petit ego mesquin.
Il mérite mieux, mais puisqu'il s'en accomode...
Cependant, Eva, ne garde en mémoire que ce que tu as reçu.
C'est déja beaucouppff ! des mesquins ! ça arrive plus souvent que l'on ne croit ! quelle tristesse de devoir toujours choisir... Bises ma Danae
Il arrive des amitiés de plume qui ne sont pas perçues de bon coeur par d'autres. Je connais et j'en ai fait la triste expérience ! Bonne journée chère Eva. Peut-être tu devineras.bien sûr Jean-François, il n'y a pas de drame ! une petite anecdote ! il y a longtemps que "la page est tournée".... comme je l'écris dans le billet, ce fut juste "un petit signe de la main dans le grand manège tournoyant du hasard"... rien de plus !
Bien que ne connaissant pas les détails de cet échange littéraire, je serais enclin, Eva, à vous conseiller de tirer un trait sur cette affaire. Si la dame a eu la réaction que vous décrivez, c'est peut-être qu'en fait elle était profondément malheureuse en constatant que son mari échangeait par écrit avec vous ce qu'il n'échangeait pas, ou n'échangeait plus, avec elle. Peut-être que l'insidieuse incommunicabilité des êtres avait, au fil du temps, étendu son manteau de silences et de non-dits sur leur couple ? Après tout, un écrivain de génie ou un merveilleux poète peuvent n'être, dans leur vie domestique, que de bien piètres maris. Vous avez eu la chance - rare - de vivre un échange épistolaire riche d'émotions et de découvertes, alors conservez en vous la flamme qu'il a fait jaillir, pardonnez... et passez à autre chose.Oh Michel... faut-il que je commence à devenir vieille pour ressortir toutes ces émotions anciennes... Merci de votre passage qui est toujours un grand plaisir pour moi.
mais voyons, je ne lui avais rien demandé ! et s'il n'avait pas été un vieux monsieur, jamais je n'aurais accepté cette correspondance... Nos courriers n'étaient pas des romans fleuves, ils ne contenaient jamais de confidences personnelles, nous parlions de littérature, de poésie, d'architecture, je lui racontais mes voyages... C'est tout. Il n'y avait pas de quoi être jalouse...
J'ai lu, et j'ai aimé ! Merci Nathanaël... Quand je repense à cet épisode, je me dis que cette dame était profondément agacée par la grande complicité qui s'était établie. J'ai lu quelque part que Elsa Triolet était si jalouse qu'elle ne supportait pas les amies de sexe féminin d'Aragon. Elle lui poussait dans les bras des garçons afin d'être vraiment la seule femme aimée de lui ! ça écorne un peu la légende Aragon-Triolet !
Une réponse de C. Bobin sur la jalousie aux pâturages, pour vous.oui Noëlle, l'important c'est la rencontre, il faut accepter que les rencontres soient éphémères... elles n'en sont pas moins bénéfiques. Chaque rencontre lumineuse est un cadeau de la vie, et j'ai appris à toujours les prendre comme tel, sans regret, sans remord, sans chagrin... Ce qui nous est donné ne nous est jamais repris, et l'on avance vers d'autres rencontres, c'est ainsi...
Merci Nathanaël... ce fut un peu une révélation, comme une lumière : une complicité bienveillante, et dans l'instant, être privée de cette amitié me fut difficile, mais c'est la vie, une éclipse ne dure jamais longtemps, la lumière revient toujours, d'une autre façon, sous une autre forme...
Une amitié de plumes et de séquelles, quelle petitesse, mesquinerie rabougrie du coeur, que d'empêcher celui que l'on aime d'aimer, ou d'être simplement aimé d'amitié...Vous avez dit le mot "jalousie", quel vilain mot, pourtant si présent, si tapis(t?e?), dans les replis de nos vies. Je suis touché pour vous Eva, je vous embrasse.oui, c'était un très vieux monsieur, il aurait pu être mon père... je ne sais pas pourquoi elle a eu peur, (et peur de quoi ?) Mystère ! ce fut tout de même une belle rencontre (immatérielle, mais une belle rencontre tout de même) puisqu'il m'a donné confiance en moi, en ma capacité de m'exprimer par écrit... Bises Noëlle
"Cette amitié de plume" c'était donc toi ....et c'est toujours compliqué...
Moi, Eva , je te dis merci
je t'embrasseoui, et je peux dire que tu en es l'un des plus fidèles... chaque billet te trouve là, gentiment, et je t'en remercie. C'est très important pour le blogueur de savoir que les visiteurs sont désireux de communiquer... Sinon à quoi bon ? à quoi bon rédiger des billets, poster des photos... Le seul plaisir égoïste n'est pas suffisant, on a tous besoin de savoir ce que deviennent nos mots... et on a besoin de communiquer, non pas pour exister, mais pour échanger. Un grand merci Dan, et une grosse bise !
Ce blog peut être considéré comme un lieu d'échanges épistolaires également, chaque mot, chaque phrase trouvant sa réponse, merci Eva !
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Sur la même longueur d'onde que toi relativement à ce qu'on désigne par le terne terme de jalousie. Magnifique et poignant poème!
Bonne fin de semaine lumineuse et chal-heureuse!