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    Le tablier de ma mère (Simon Hantaï)

     

    Sur cette photo de sa mère qui date de 1920, on voit distinctement le tablier. Simon Hantaï n'est pas encore né. La jeune Anna n'est pas encore mariée. Etrange tablier noir ou indigo, ciré, sans âge, comme une momie. Après la mort de sa mère (après 1963), Hantaï le recevra de Hongrie, il le lavera, le pliera, le sèchera, l'enroulera sur un rouleau de bois. En 1976, lors de sa grande exposition rétrospective du MNAM, il se dérobera à tout récit biographique qu'il remplacera par deux photos : celle de sa mère - avant sa naissance - et celle d'un grand tableau - avant son dépliage. Déjà, en 1960, il pliait, dépliait, dédoublait, multipliait les tissus. Il faisait revenir le temps d'avant, le tablier de la mémoire, comme présent réminiscent. "Tout de suite après l'Ecriture rose, j'ai été pris par le pli, j'ai pris le pli, le pli m'a repris". Le pli protège la femme dans sa féminité, c'est un plimen comme dit Hélène Cixous, un hymen. Le tablier devient table, tablette, tableau, tabula.

     

    Ce qui me reste de ma mère, dit-il. Elle repassait son tablier jusqu'à ce qu'il brille, jusqu'à ce qu'on puisse s'y voir comme dans un miroir. C'était magique. Par ses pliages, le fils voudra faire revivre cette magie.

     

    (source Idixa)

     

     


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  • Georges Braque.

     

    Lithographie en couleur de Georges Braque pour "LOrdre des Oiseaux" de Saint-John Perse 

    Saint Paul de Vence, Fondation Maeght

     

    Georges Braque.

     

     

    Depuis les années 1900 Georges Braque évolue au centre d’un cercle de poètes, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Pierre Reverdy, qui accompagnent les avant-gardes. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que la place de la gravure et de la lithographie grandit dans son travail, Braque retourne vers les poètes. Avec chacun d’eux il entretient une relation personnelle fondée sur de fructueux allers-et-retours créatifs.

    Georges Braque a illustré plus d’une cinquantaine d’ouvrages d’écrivains et de poètes, qui sont nombreux à avoir fait le voyage à Varengeville : Frank Elgar, Paul Eluard, Marcel Jouhandeau, Jacques Prévert, Georges Ribemont-Dessaignes… Un motif commun traverse ces ouvrages : l’oiseau, sur lequel Saint-John Perse compose en 1962 pour les quatre-vingts ans de Braque, « L’ordre des oiseaux » accompagné de douze eaux fortes du peintre.

     

     


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    Cy Twombly se forme à l’Art Students League à New York avant de découvrir en 1951, grâce à son ami Robert Rauschenberg, le Black Mountain College. Dans ce climat d’effervescence, il entreprend un travail pictural très personnel, qui étonne encore aujourd’hui par sa force créatrice toujours en alerte. Le début des années 1960 est une période exceptionnellement fertile dans le travail de Cy Twombly, qui s’est installé définitivement en Italie en 1957. Sa peinture est alors tout particulièrement charnelle : la série des cinq « Ferragosto », exécutée pendant la fête du 15 août 1961 à Rome, ou le monumental Triumph of Galatea , également de 1961, en sont des exemples éloquents. À peine un an plus tard apparaît avec insistance le thème de la mort et, bientôt, celui de l’épopée homérique, qui va dès lors inspirer à Twombly des œuvres de tout premier plan, comme la suite en dix parties Fifty Days at Iliam (1977-1978, Philadelphia Museum of Art).

    La scène de L’Iliade qui retient ici l’attention de Twombly est celle qui suit le chant XVI : à la suite d’un désaccord avec le roi Agamemnon, Achille quitte la bataille et se retire dans sa tente tandis que les Troyens commencent à incendier les bateaux grecs. Patrocle, muni des armes d’Achille, repousse l’ennemi, avance jusqu’aux murs de Troie, où il est tué par Hector. Son corps est ramené au camp grec, où Achille donne libre cours à son deuil : c’est cette scène terrible, témoignage magnifique de l’amitié virile, que Twombly traduit dans Achilles Mourning the Death of Patroclus avec une rare économie de moyens. Seules deux formes rouges – deux taches de cette saleté picturale sublime et sanguinaire propre à Twombly  –, comme jetées sur la toile et étalées avec les mains, dominent l’imposant champ pictural. En dessous, l’inscription au crayon raturée, « Achilles Mourning the Death of Patroclus », semble indiquer, par son horizontalité accentuée, la présence fuyante et fugitive d’un corps – dans la tradition du Christ mort de Holbein le Jeune. À la fois exemplaire et singulière, d’une violence tout autant retenue qu’extrême, cette œuvre n’a pas son équivalent dans la production picturale de Twombly.  

    Jonas Storsve  (source : Centre Pompidou )

     

     

     

    "Achille se lamentant sur la mort de Patrocle"

     

    "Achille se lamentant sur la mort de Patrocle"

     

     

    photos eva Expo "Homère" Louvre-Lens 


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    Fabienne Verdier, la force qui va...

     

    « Je suis de ces quelques derniers peintres à croire encore avec ferveur, à la transmission de l’esprit en un coup de pinceau » Fabienne Verdier

     


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