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Balkis (Nizar Qabbani)
Extrait d'un poème écrit pour Balkis,
l'épouse morte dans un attentat à l'ambassade irakienne en 1982
O ma verdoyante Ninive !
O ma blonde bohémienne !
O vagues du Tigre printannier !
O toi qui portes aux chevilles
Les plus beaux des anneaux !
Ils l'ont tuée, Balkis !
Quel peuple arabe
Celui-là qui assassine
Le chant des rossignols !
Balkis la plus belle des reines
Dans l'histoire de Babel !
Balkis le plus haut des palmiers
Sur le sol d'Irak !
Quand elle marchait
Elle était entourée de paons
Suivie de faons.
Balkis ô ma douleur !
O douleur du poème à peine frôlé du doigt !
Est-il possible qu'après ta chevelure
Les épis s'élèveront encore vers le ciel ?
[...]
Balkis, toi la martyre, toi le poème
Toi la toute-pure, toi la toute-sainte.
Le peuple de Saba, Balkis, cherche sa reine des yeux
Rends donc au peuple son salut !
Toi la plus noble des reines,
Femme qui symbolise toutes les gloires
des époques sumériennes !
Balkis, toi mon oiseau le plus doux,
Toi mon icône la plus précieuse,
Toi larme répandue sur la joue de la Madeleine !
Connaissez-vous ma bien aimée Balkis ?
Elle est le plus beau texte des oeuvres de l'Amour,
Elle fut un doux mélange de velours et de beau marbre.
Dans ses yeux, on voyait la violette
S'assoupir sans dormir.
Balkis, parfum dans mon souvenir !
O tombe voyageant dans les nues !
Ils t'ont tuée à Beyrouth
Comme n'importe quelle autre biche,
Après avoir tué le verbe.
Balkis, tu nous manques,
Tu nous manques, tu nous manques...
Balkis, comment as-tu pu disparaître en silence
Sans avoir posé tes mains sur mes mains ?...
http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1063
Tags : poésie
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Commentaires
moi aussi Dan, je suis entrée dans un monde inconnu, mais enchanteur... Des mots d'amour écrits ainsi, quelle femme ne rêverait pas de les lire ?
Que ces mots sont poignants.
Balkis, toi qui portes le nom de la reine de Saba, vers toi s'envolent la myrrhe et l'encens de mon émotion.J'aime beaucoup cet homme et j'ai très vite eu envie de lire son deuxième roman "Maudit soit Dostoïeski " toujours le chaos Afghan...à lireOui Noëlle, je ne lis plus beaucoup, mais j'ai lu Syngué sabour... Je l'ai lu deux fois de suite, (je fais toujours ainsi : la 1ère fois, je lis en diagonale, très vite, pour juger le livre dans son ensemble, pour le prendre dans mes bras en quelque sorte, et la deuxième fois, je prends mon temps, et je savoure) Oui, c'est un texte magnifique sur la conditions de la femme en Afghanistan. Et quelque temps après avoir lu ce livre, j'ai entendu son auteur à la radio : un être merveilleux, fascinant, qui rit tout le temps, et qui expliquait que c'est dur pour les femmes là-bas, mais de ce fait, c'est aussi très dur pour les hommes... On le sent bien quand on lit ce livre... ça peut paraître plein de contradiction, mais c'est la vérité. Atiq Rahimi est un homme extraordinaire...
"celle qui crie la douleur"
Eva , as tu lu "Syngué sabour" de Atiq Rahimi la pierre de patience à qui l'on confie toutes ses souffrances...et la pierre écoute...très beau, très dur, la douleur des femmes dans un pays en guerre...Merci Alain, je ne connaissais pas ce poète et son histoire tragique. J'ai eu beaucoup d'émotion à le découvrir. Grosses bises Alain.
à vrai dire, comme tu peux le constater c'est une traduction, et comme toutes les traductions, elle n'est pas parfaite (ici la rime de paon et faon est fortuite je pense, ça ne rime qu'en Français). Je n'aime pas les traductions en général, mais comme je ne lis que le Français (et un peu l'Espagnol avec Lorca) il faut bien que je fasse confiance aux traducteurs. Les traductions sont toujours un peu infidèles au texte original, il manque au poème traduit la musique des mots, le rythme, la synthaxe originelle...) Bref, j'ai grande honte à ne pas pouvoir lire les auteurs étrangers dans le texte. Même traduit, j'ai trouvé ce poème très émouvant et très beau.
"Elle était entourée de paons, suivie de faons" un peu facile comme vers, non?
Voilà pourquoi j'ai du mal avec la poésie.
Je dois en lire beaucoup pour qu'il y en ait un qui me plaise.
Bonne soirée, Eva.Un très beau poème, d'une profonde tristesse. Gérard de Nerval donne lui aussi à la reine de Saba ce nom de Balkis, dans Le Voyage en orient.Superbe poème à l'être aimé mais aussi à la Syrie si belle qui se meurt!Ah les attentats font disparaître les gens aimés. Que de souffrances en ce moment en Syrie particulièrement, et l'on reste à regarder à la télé sans pouvoir rien faire ! Terrible; Un magnifique poème à l'être aimé. Bises ma chère EvaTu me fais entrer dans des mondes complètement inconnus pour moi !
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tes mots sont dignes de Nizar... et de Balkis