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Ballade des pendus (François Villon)
Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurcis
Car si vous avez pitié de nous, pauvres,
Dieu en aura plus tôt de vous miséricorde.
Vous nous voyez attachés ici, cinq, six,
Quant à la chair que nous avons trop nourrie
Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et poussière.
De notre mal, que personne ne se moque,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Si nous vous appelons frères, vous n'en devez
Avoir dédain, quoique nous fûmes occis
Par justice. Toutefois vous savez
Que tous les hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous puisque nous sommes transis, (trépassés)
Auprès du fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, que personne ne nous harie (tourmente)
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a lessivés et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis,
Pies, corbeaux, nous ont les yeux crevés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps ne nous sommes assis,
Deci delà comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetées d'oiseau que dés à coudre.
Ne soyez donc que de notre confrérie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie (puissance)
Fais que l'enfer n'ait sur nous seigneurie.
N'ayons rien à faire ou à solder avec lui.
Hommes, ici, n'a point de moquerie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François Villon (Ballade des pendus)
Illustration : Gravure de Gustave Doré pour l'Enfer de Dante.
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Commentaires
7Jean-JacquesVendredi 8 Août 2014 à 18:14Merci Eva de nous remettre en mémoire cette ballade de François Villon. Je pense également à cette magnifique ballade des Dames du temps jadis, merveilleusement mise en musique par "Tonton Georges". Mais où sont les neiges d'antan ! On a les Dames du temps jadis qu'on peut... Bien à vous Eva. Jean-JacquesRépondrele poème
la ballade des pendus
a toujours bouleversé ma vie
j'aimerais lui rendre hommage
par un texte anecdotique
de ma vie de vagabond
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LA PALETTE DE CHOCOLAT
Quand je doute de la qualité de mon intensité de lumière, je refais l'expérience de la palette de chocolat. Je te raconte. Un jour que je vagabondais avec un camarade existentiel, je lui racontai mon désarroi. J'avais juste assez d'argent sur moi pour me payer un fantasme, une palette au chocolat caramilk. Et j'avais honte de mon aveuglement créé par la faim. Et j'étais gêné de lui en offrir la moitié parce que lui aussi sans le sou, il aurait probablement le goût de manger autre chose.
Ce compagnon me dit: t'as jamais essayé d'acheter une palette au chocolat caramilk à l'autre, en remerciant la vie si par pure bienveillance, il t'en redonne la moitié?
Dans l'histoire vraie racontée par ma chanson des allumettes, je réalise quelques années plus tard, qu' il y a eu la pure émotion ''caramilk'' d'avoir donné une allumette à l'autre en recevant mille fois plus par son feu du matin.
SUFFIT D'UNE ALLUMETTE
ma liberté
une nuit un orage
un jeune pouceux que j’ai connu s’a route
à 25 ans
y a perdu son courage
j’ai 58
c’est pas grave un naufrage
l’un comme l’autre
pas de sac de couchage
rien à manger
une chance ma gourde est pleine
le jeune a mal aux pieds
j’le vois dans son visage
y va pleuvoir
c’est glacé dans ses veines
REFRAIN
que je lui dis
suffit d’une allumette
pour enflammer ta vie
rêve d’une conquête
d’un grand feu sous ta pluie
d’un grand feu sous ta pluie
COUPET 2
ma liberté
une nuit un orage
j’ai dit au jeune
va dormir en d’ssous d’l’arbre
m’a prendre soin d’toé
m’a m’occuper du feu
mets mon manteau
tu vas t’sentir au chaud
une chance qu’on est
en d’ssous d’un sapinage
je casse des branches
chu mouillé d’bord en bord
la run est toffe
pendant que le jeune dort
je pris pour qu’il
retrouve son courage
COUPLET 3
ma liberté
une nuit un orage
au p’tit matin
chu complètement crevé
y mouille encore
mon feu est presque mort
le jeune se lève
y est comme énergisé
y fonce dans l’bois
y casse des gros branchages
y est en pleine forme
son feu m’monte au visage
sèche mon linge
lui son manque de courage
y m’sert la main
et reprend son chemin
REFRAIN FINAL
c’est lui qui m’dit
suffit d’une allumette
pour enflammer ma vie
j’te jure
que j’rêverai de ma conquête
d’un grand feu sous ma pluie
et le vieux
je te remercie
Pierrot
vagabond celesteAdolescent je la savourais, cette ballade, comme une friandise ; en alternance avec "Les métamorphoses du vampire" de Baudelaire.
Sans oublier Lautréamont...La chanson de Brassens est bien sûr plus connue du grand public que la Ballade des Pendus ou le Testament, c'est la raison pour laquelle je me suis intéressée à ces deux derniers textes, mais j'aime beaucoup Brassens, et je ferai un billet sur la Ballade des Dames du Temps jadis ! Ce sont aussi mes visiteurs qui guident mes choix, ce sont parfois eux qui m'inspirent lorsque je suis à court d'idées ! Merci pour votre passage Jean-Jacques, et à demain...
poète maudit à la poésie subversive... mais la vraie poésie n'est-elle pas toujours subversive ?
Comme disait ce cher Georges, tout est bon chez lui il n'y a rien à jeter...
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