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Bonheur
"Il y a sur terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne et d'horreur, que l'homme heureux n'y peut songer sans prendre honte de son bonheur. Et pourtant ne peut rien pour le bonheur d'autrui celui qui ne sait être heureux lui-même. Je sens en moi l'impérieuse obligation d'être heureux. Mais tout bonheur me paraît haïssable qui ne s'obtient qu'aux dépens d'autrui et par des possessions dont on le prive. Un pas de plus et nous abordons la tragique question sociale."
André Gide (Les nouvelles nourritures)
photo eva baila (copyright 2008)
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Commentaires
J'ai dit souvent que je ne croyais pas au bonheur Henri-Pierre (mais plutôt aux instants de bonheur, tout comme toi) mais à l'heure des bilans, je peux dire que j'ai eu vingt ans d'instants de bonheur si parfaits, si serrés aussi, que ça ressemblait fort au Bonheur... oui, voilà, c'était un "petit bonheur tranquille" si rayonnant, si plein de rires d'enfants et de parfums de pâtisserie, si plein de bruissements de vie (entre mes 20 et 40 ans) que ma foi, je peux reconnaître cette tranche-là comme un Bonheur enviable...
Fuerte abrazo, amigo mìo
Coucou Eva, le vrai bonheur ne s'obtient pas en écrasant les autres, en prenant leurs possessions, il s'obtient en partageant avec les autres, en souriant aux autres, en menant une vie simple proche de la nature, et il arrive sans le chercher !!! Gros bisous ma belle amieTu as tout dit chère Eva, mais je poursuis :
Oui, savoir se réchauffer au sourire d'un ami, à la beauté d'une lumière et à toutes les joies de la vie, attendues ou inopinées. Oui savoir saisir ces instants de bonheur.
Mais ce sont des instants...
Je crois donc aux bonheurs mais pas au bonheur.
Besitosoui, voilà ! "trois petites notes de musique" joyeuses et colorées, et parfois même somptueuses comme les photos de Colette !
Le bonheur, c'est parfois seulement "trois petites notes de musique qui vous font la nique du fond des souvenirs..." Bonne journée Eva !ah ! "la tragique question sociale"... A chacun de voir si son bonheur est possible en dépit de cela... Il y a des êtres qui ont une inaptitude définitive au bonheur, va savoir pourquoi... et d'autres qui se contentent de tout : d'un sourire, d'un rayon de soleil, d'une brise, d'une bise, d'un geste amical... Le bonheur est si fragile, si instable, qu'il n'existe pas, il y a juste des petits moments de joie fugace, et il faut les saisir vite...
De l'impossibilité du bonheur puisque l'harmonie sociale est un leurre, une utopie, l'homme ne pouvant être parfait.Le bonheur ne s'explique pas, il se raconte; transmission orale.
Le bonheur est un état dans un pays d'indifférence.Grave réflexion de Gide! On peut s'émouvoir et être profondément touché de la misère existant dans le monde sans pour autant avoir honte de son propre bonheur. Comme le dit Gide, être heureux n'est pas honteux, si le bonheur que l'on a ne vole rien à personne et si notre bonheur rayonne autour de nous. On ne peut donner que ce que l'on a... et faire déborder son bonheur sur les autres, le faire partager, avec tact et sincérité est l'une des plus belles choses que l'on puisse faire. Le bonheur peut-être fait de si peu de chose... Bonne nuit Eva.Dans ce contexte : "le bonheur est-il haïssable au vu de la misère du monde", j'ai toujours en tête l'enseignement d'épictète qui décortique bien cet état d'âme et nous déculpabilise en nous donnant de bonnes raisons pour ne pas se sentir coupable, un des rares philosophes dont les préceptes sont applicables au quotidien !Merci Jacques, chez vous j'ai découvert le cri de Rodin, que je ne connaissais pas, et vous avez raison, le cri de Rodin crie autant que celui de Munch...
Profonde et magnifique réflexion sur la difficulté du bonheur à coexister au sein d'un monde où le malheur est roi (et le fric Dieu), une réponse aussi, forte, positive, vraie ... et pour citer cet excellent Prévert "...essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple." Grand merci à vous pour vos commentaires chaleureux, pertinents, éclairés et nombreux dont vous avez honoré mon blog. Vous savez parler de peinture et de sculpture, j'ai beaucoup aimé votre sentiment sur le "le cri" qui rejoint en sculpture le cri de Rodin. AmitiésJean-Pierre, quand j'ai une photo dont je ne sais pas trop quoi faire, il y a toujours un passage de Gide fait pour cette photo-là ! Merveilleux Gide !
Bonsoir Jean-Pierre, à votre joli bébé et à toute votre magnifique famille...
eva.Notre ami André Gide a bien raison, ça n'est qu'en étant heureux nous-même qu'on peut donner du bonheur à autrui. Ce n'est qu'en s'aimant soi-même, qu'on peut donner de l'amour à son prochain. Et si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, ce n'est pas en sciant que Léonard devint scie... Bonjour chez vousEva, Ce texte me parle plus que tout. C'est un discours hautement philosophique et tellement sensé. Je voudrais avoir la sagesse de Gide... Quand à ce paysage minéral, il est grandiose dans son dépouillement. C'est fou comme les pierres statiques peuvent nous parler...Je nourris une passion pour les pierres et surtout pour les galets roulés par les flots, durant des millions d'années et qui viennent s'échouer à nos pieds...C'est vertigineux quand on y pense...que les pierres vont nous survivre bien longtemps après notre disparition...
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Coucou ma Danae ! Le bonheur n'arrive pas dans la possession des richesses matérielles, mais bien dans la richesse de "l'être"... Le bonheur, ce n'est pas "d'avoir" mais bien "d'exister" par l'amour des autres, par l'empathie, par l'ouverture sur le monde... nous sommes bien d'accord