-
Calypso.
Ulysse ne pouvait oublier la douceur de Calypso…
Il se souvenait de sa douceur comme d’un fruit au bord des lèvres, il se souvenait de ses mains comme le dernier voile sous la lune, il se souvenait de son regard velours qui le prenait tout soudain par le cœur, il se souvenait de sa voix et de son rire, de la saveur épicée de sa peau, de la veine bleue à son poignet délicat, de ses doigts fuselés de musicienne qui savait toutes les notes de la joie raffinée…
Ulysse ne pouvait oublier la grâce languissante de Calypso, son allure de nymphe, son pas dansant, sa nuque gracile sous la chevelure parfumée, ses mains comme des oiseaux…
De retour à Ithaque, Ulysse avait bien tenté de s’intéresser aux affaires de son royaume…
Peine perdue ! Sa reine était fatiguée d’avoir trop attendu, et son vieux chien était mort de surprise en le retrouvant. Une cour veule et agitée tournoyait dans son palais. Ulysse, dans une froide colère, tua les prétendants comme il était écrit qu’il devait le faire…
Mais… Ulysse ne pouvait oublier la douceur de Calypso…
Il se souvenait de sa douceur comme une coupe au bord des lèvres, il se souvenait de ses mains comme un baume sur ses reins, il se souvenait de son sourire, de son regard, de sa voix… Un peu d’elle gravitait autour de lui sans rémission…
Et le souvenir de Calypso qui sembla tout d’abord un élixir enivrant devint vite une drogue dont le manque lui faisait une douleur lancinante la nuit, dans la grande solitude de sa couche.
Ulysse ne put jamais oublier la douceur de Calypso...
eva © (texte et photos)
Tags : Ulysse, mots
-
Commentaires
Une histoire éternelle celle de Calypso et Ulysse… et tu la raconte si bien avec tes mots Eva.
Il faudra que je fasse, un jour, un hommage à Argo et à son amour absolu pour Uysse….
La douceur de Calypso, et le goût salé du voyage sur les lèvres du marin. Comment les oublier ?
Bonjour chère eva,
Je te retrouve poétesse et savoure cet instant de douceur et de tendresse que tu sais si bien partager comme un sourire d'Ulysse, sans arrière pensée...Merci
Tu as tout à fait raison Jama ! Dernièrement j'ai fait le plein d'émotion avec le mariage de mon fils, et j'ai tout raconté ! Par ailleurs, je trouve qu'Ulysse est un héros si fascinant, qu'il ne peut pas se démoder... Bises Jama !
Comme c'est joliment dit ! Poétique à souhait ! Un attachement pareil fait rêver ! Bn week end chère Eva
Eva, je veux ta poésie du jour.
je veux l'air qui te vibrer aujourd'hui
je veux les mots de tes matins
et les soupirs de tes soirs de septembre.
nov 2010 est derrière
je veux lire la couleur de tes instants présents
belle nuit Eva
37lauraVendredi 8 Août 2014 à 18:39Comme tout cela est beau et tendre... même s'il me manque encore une photo.... Je la dévorerai quand elle apparaîtra!
Bises tout plein, ma chère Eva!36marieVendredi 8 Août 2014 à 18:39Oh Maia, cela fait juste 3 ans que tu as publié ce texte ! je le découvre . Quel talent ! J'aimerai avoir été la calypso que tu évoques, quitte a pleurer la disparition d'Ulysse. merci pour ces belles pagesla première publication a été faite en novembre 2010 ! De temps en temps, j'ai reposté ce texte parce que je l'aimais bien... Oui j'adore Ulysse, c'est mon héros préféré ! Un voyageur éternel, éternellement aimé, éternellement séduisant... Ulysse, c'est la séduction innocente : il n'en a même pas conscience... il n'a pas d'arrière pensée, ça lui semble tellement naturel de faire plaisir... de cueillir un sourire et d'en donner un en échange... En tout cas, merci Marie pour ton com, les com se font rares et sans com, pas d'échange... Un blog est un espace d'échange amical, sans arrière pensée (la séduction innocente en quelque sorte !
Vous êtes une romantique, Eva...comme moi...Mais "incarnation" me sied puisque ces impossibles dont nous avons hérité sont incarnés dans nos soifs d'inaccessibleHenri-Pierre, je suis tellement folle de ce mythe que j'ai fait un gros lapsus ! J'ai écrit "incarnation" au lieu de "sublimation"... Imaginez un peu le désordre qui règne dans ma cervelle...
Tous ces héros de la mythologie, ma chère Eva, étaient sûrement la sublimation des désirs de l'homme, surtout de ceux qu'il n'aurait jamais l'audace de réaliser.Oui, "permanence des désirs trop grands pour soi, contre-poison qui rend supportables les gesticulations obligées de la fadeur inerte de nos quotidiens"... comme tu dis bien tout ça ! Et tous ces héros de la mythologie incarnent tout ce que nous n'osons pas être...
La bougainvillée, si belle, qui aime tant le soleil ! Calypso s'en para sans doute pour tenter de retenir Ulysse sur son île fabuleuse.
Repose-toi bien Eva mais toutes antennes déployées, ce dont je n'en doute pas.Encore cet entêtement capiteux des souvenirs d'amours qui abolissent le présent, qui abolissent les actes de vie parce qu'ils sont la vie, la vraie, celle des elixirs d'impossible, celles de engloutissements dont on ne saurait revenir.
Ulysse-Hylas
Permanence des désirs trop grands pour soi, contre-poison qui rend supportables les gesticulations obligées de la fadeur inerte de nos quotidiens.Je me replonge avec délice dans tes derniers articles après un petit séjour bien loin du web et de notre Sud-Ouest... J'y retrouve tout ce qui fait ta personnalité avec grand plaisir !
Grosses bises et à bientôt Eva,
AMSur la dernière photo, ce sont des fleurs Laura, peut-être que ces fleurs-là se mangent ? Bises Laura, et bonne soirée.
Magnifiquement écrit Eva! j'ai toujours pensé qu'une femme se devait d'être LA Calypso de l'homme qu'elle aime, en plus d'être sa Pénélope. C'est le secret des couples qui durent, sûrement...beaucoup de tendresse et d'amour avec un brin de nostalgieOui, je suis tout à fait d'accord avec danae, me voici toute "ailleurs" ...
très belle journée eva, bisous.Chez toi les histoires d'amour priment et tu les racontes comme si tu les avais vécues ! Il me semble aussi que tu as un grand talent pour écrire et même si tu te fais toute humble, c'est vrai, je l'affirme. Bisous EvaVous en posez des questions Michel ! Comment voulez-vous que je me souvienne ce que j'étais dans une autre vie alors que je commence à avoir beaucoup de mal à me souvenir de ce que j'ai fait la veille...
Ps : Ulysse ne pouvait oublier Calypso, mais Calypso n'a jamais oublié Ulysse...
Quel texte charmant, audacieux et plein de poétiques images, Eva? Pour écrire cela, il faut l'avoir vécu. Alors, étiez -vous Ulysse ou Calypso dans une autre vie ?
je vous embrasse depuis nos rivages normands.
MichelDans le cas présent (Ulysse et Calypso) l'amour semble avoir été éternel parce qu'il a été contrarié...
Il y a des amours éternels...Bien sûr, nous avons tous un destin, plus ou moins glorieux : celui d' Ulysse était de gouverner, et de guerroyer, celui de Pénélope était de rester sagement à la maison... Pénélope ne souffrait pas : elle ignorait tout des aventures de son mari (il faisait la guerre !). Finalement celui qui souffrait le plus, c'est Ulysse parce qu'il s'ennuyait à Ithaque, et qu'il a bien été obligé de revenir...
Savourer le bonheur quand on est libre et que l'on ne fait pas souffrir l'autre.
Quel destin ? Nous avons tous un destin...Il faut se replacer dans le contexte : Ulysse "avait un destin"... Il était parti guerroyer, il s'est fait ensorcelé par toutes les femmes, les nymphes, les déesses qui passaient, il a bien fait d'en profiter. Il aimait sa femme (ça n'empêche pas). La vie est si courte, ce n'est pas de l'infantilisme que de savourer le bonheur... Certains considèrent cela comme une sorte de sagesse...
On peut toujours se mettre dans un cocon à l'abri du monde et oublier que le monde existe et aussi ses responsabilités. Cela s'appelle à mon avis de l'infantilisme. J'entends par là, ne vouloir que le bon côté des choses... Alors que nous savons que chaque chose a son contraire et qu'il faut assumer les deux, coûte que coûte ! Si l'on se sent adulte. On peut toujours décider de rester un enfant gâté par la vie... centré sur son nombril et son plaisir...Il n'y a pas de morale là dedans. Ulysse se serait honoré en revenant rompre avec sa femme...J'admire autant les commentaires que ta description du bonheur total d'Ulysse avec Calypso. Dommage que tu ne voyages qu'une fois l'an, mais je sais combien tu apprécies ce moment de découverte ! Je t'embrasse chère Eva"cet épisode charnel"... L'attirance d'Ulysse pour Calypso était plus que charnelle. C'était une sorte d'envoûtement. Il avait trouvé auprès d'elle la paix, la douceur, la rupture complète d'avec tout le quotidien fastidieux ...Il avait le Bonheur ! Il avait enfin tout ce qui fait que le reste n'a plus d'importance. J'entends par "le reste" : la possession des choses matérielles, le pouvoir, les richesses... Il "planait" à mille miles de toutes les vanités ordinaires... et en plus il avait avec elle, (comme tu dis) le plaisir charnel !... Que demander de plus ? Elle lui offrait : rien de ce qui est ennuyeux, et tout ce qui fait le sel de la Vie... Mais bien entendu ça ne colle pas du tout avec la morale ordinaire (la propriété, le sens des responsabilités, la fidélité coûte que coûte)...
Les souvenirs des grands bonheurs tout comme des grandes peins nous habitent à jamais. Sans doute Ulysse garda-t-il dans son coeur, bien vivace cet épisode charnel... Calypso fait partie de l'une des épreuves sur sa route, sur la route de la connaissance de soi, qui est celle de nous tous sur cette terre... J'ai tout de même une pensée émue pour Pénélope qui aurait pu elle aussi se laisser enivrer par les sens car tous les prétendants n'étaient pas uniquement onubilés par le trône... Pénélope vivait dans un monde parallèle où les valeurs n'étaient pas les mêmes et ces valeurs dont la fidélité à l'amour qu'elle portait à Ulysse forcent l'admiration.Dan, c'est très gentil... mais je préférerais n'en avoir qu'un seul et qu'il soit bien réel... (je peindouille sans vraiment peindre, je gribouille sans vraiment écrire, et je clique sans vraiment photographier... peut-être que ce que je fais le mieux c'est regarder quand je voyage, mais comme je ne voyage qu'une fois par an... et que je ne reste pas longtemps !)
lorsque je lis Calypso,ça me fait penser à mes années au collège!!!!lol
passe d'agréables moments et bisous
Ajouter un commentaire
Hélas, hélas Francesco ! Le Chien est souvent plus fidèle que l'être humain... Mais nous pourrions aussi bien parler de la fidélité du Chat... plus fier et plus indépendant, mais tout aussi fidèle...