• Carthage



    "Mais Carthage était défendue dans toute la largeur de l'isthme : d'abord par un fossé, ensuite par un rempart de gazon, et enfin par un mur, haut de trente coudées, en pierres de tailles, et à double étage. Il contenait des écuries pour trois cents éléphants avec des magasins pour leurs caparaçons, leurs entraves et leur nourriture, puis d'autres écuries pour quatre mille chevaux avec les provisions d'orge et les harnachements, et des casernes pour vingt mille soldats avec les armures et tout le matériel de guerre. Des tours s'élevaient sur le second étage, toutes garnies de créneaux et qui portaient en dehors des boucliers de bronze suspendus à des crampons...



    ... Par-derrière, la ville étageait en amphithéâtre ses hautes maisons de forme cubique. Elles étaient en pierres, en planches, en galets, en roseaux, en coquillages, en terre battue. Les bois des temples faisaient comme des lacs de verdure dans cette montagne de blocs, diversement coloriés. Les places publiques la nivelaient à des distances inégales ; d'innombrables ruelles s'entrecroisant la coupaient du haut en bas. On distinguait les enceintes des trois vieux quartiers maintenant confondues ; elles se levaient çà et là comme de grands écueils, ou allongeaient des pans énormes,  à demi couverts de fleurs, noircis, largement rayés par le jet des immondices, et des rues passaient dans leurs ouvertures béantes, comme des fleuves sous des ponts.
     

     

     La colline de l'Acropole, au centre de Byrsa, disparaissait sous un désordre de monuments. C'étaient des temples à colonnes torses avec des chapiteaux de bronze et des chaînes de métal, des cônes en pierres sèches à bandes d'azur, des coupoles de cuivre, des architraves de marbre, des contreforts babyloniens, des obélisques posant sur leur pointe comme des flambeaux renversés. Les péristyles atteignaient aux frontons ; les volutes se déroulaient entre les colonnades ; des murailles de granit supportaient des cloisons de tuile ; tout cela montait l'un sur l'autre en se cachant à demi, d'une façon merveilleuse et incompréhensible. On y sentait la succession des âges et comme des souvenirs de patries oubliées.



    Derrière l'Acropole, dans des terrains rouges, le chemin des Mappales, bordé de tombeaux, s'allongeait en ligne droite du rivage aux catacombes ; de larges habitations s'espaçaient ensuite dans des jardins, et ce troisième quartier, Magara, la ville neuve, allait jusqu'au bord de la falaise, où se dressait un phare géant qui flambait toutes les nuits."    (Extraits de "Salammbô" de Gustave Flaubert)

     












































    Tophet (sanctuaire) de Tanit et Baal Hammon











































    photo eva baila Tunisie mai 2008 ©

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  • Commentaires

    7
    Mardi 18 Novembre 2008 à 08:37

    "Delenda Cathargo" ("il faut détruire Carthage") aurait déclaré Cathon... Rome avait si peur de Catharge, si puissante et si prospère... Ce fut la guerre totale, les troupes romaines se livrèrent à un véritable génocide, le site fut rasé, le périmètre de la cité maudit...
    Ainsi va le monde... quoi de neuf sous le soleil ?

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    6
    Lundi 17 Novembre 2008 à 20:50
    Le nom de Carthage fait rêver comme Alexandrie et Constantinople. Ils sont synonymes d'une très haute civilisation. J'avais du mal a la situer sur une carte. En Espagne nous avons Carthagène fondée par ces grands navigateurs...
    5
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 22:10
    Bonsoir Eva, J'avoue que ça commence à m'énerver cette connexion qui plante tout le temps quand je veux faire un comm, j'étais ton blog, le matin... Tes photos sont belles comme toutes les autres et j'avoue Carthage, où sur tous les villes de la Tunisie, j'ai été toujours frappé d'un sentiment saisissant et poignant quand j'y mettais les pieds, qui se dégage de tous les endroits historiques, mais je préfère toujours le Sud...Ou l'air est magique... Bonne nuit Eva
    4
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 16:53

    Il faut l'imagination de Flaubert ! Il ne reste pas grand chose, il est vrai, mais le site est si enchanteur, il se prête si bien à la rêverie...
    amitiés Dominique.
    eva.

    3
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 16:20
    Il faut pas mal d'imagination je trouve pour imaginer ce que fut la vie à Carthage... Mais c'est vrai que quand j'y suis allé, c'était avec mes enfants et ils étaient bien jeunes. J'ai eu du mal à les interresser au lieu. A bientôt; Dominique
    2
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 16:10

    Merci Philippe, et merci pour le lien, je fais de même.
    eva.

    1
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 15:03
    De bien belles photographies ...et un bon Prévert.. Un bon moment de détente..Bonne soirèe
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