• Cesare Pavese : "La mort viendra et elle aura tes yeux"

     

    Cesare Pavese : "La mort viendra et elle aura tes yeux"

     

    La mort viendra et elle aura tes yeux

    cette mort qui est notre compagne

    du matin jusqu'au soir, sans sommeil,

    sourde comme un vieux remords

    ou un vice absurde. Tes yeux seront 

    une vaine parole, un cri réprimé, un silence.

    Ainsi les vois-tu le matin, 

    quand sur toi seule

    tu te penches au miroir. O chère espérance,

    ce jour-là nous saurons nous aussi,

    que tu es la vie et que tu es le néant.

     

    La mort a pour tous un regard.

    La mort viendra et elle aura tes yeux.

    Ce sera comme cesser un vice,

    comme voir resurgir au miroir,

    un visage défunt,

    comme écouter des lèvres closes.

    Nous descendrons dans le gouffre muets.

     

    Traduction française : Léo Ferré

     

     

     

     

    "L'art est la preuve que la vie ne suffit pas"

    "Il y a un seul plaisir, celui d'être vivant, tout le reste est misère"

    Cesare Pavese (Le Métier de vivre)

     

    Dans la nuit du 26 août 1950, dans une chambre d'hôtel, Cesare Pavese finit son voyage terrestre en laissant ce message d'adieu (photo) "je demande pardon à tous, et à tous je pardonne... ça va ? et ne faites pas trop de commérages..." 

    Lire aussi : http://www.prolocolafenice.it/magazine/2013/07/01/cesare-pavese-verra-la-tua-morte-e-avra-i-tuoi-occhi/

     

    En avril de la même année (1950) Cesare Pavese avait terminé une petite anthologie de dix poèmes intitulée "la mort viendra et elle aura tes yeux", qui seront publiés à titre posthume l'année suivante. Dédié à la dernière femme de sa vie, l'actrice américaine Constance Dowling, ce petit recueil conserve les caractéristiques essentielles de la poésie et de la vision artistique de Pavese. Musicalité inégalée et beauté délicate témoignent de la fin inévitable d'un écrivain marqué par un sentiment trop profond et trop puissant pour permettre tout compromis. Poèmes d'amour et de désamour, où l'auteur libéré de toute contrainte avec le réel, nous offre des mots aux couleurs tendres où se glisse l'ombre oppressante mais fascinante de la mort.     

    « Un goûter chez les fous (Lewis Carroll)Arab song (Paul Klee 1932) »

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  • Commentaires

    14
    Vendredi 5 Décembre 2014 à 12:04

    @ Henri-Pieere : Quand on a l'amor on n'a pas peur de la mort... "c'est le doux penthotal de l'esprit et des sens"... Une chanson magnifique, et une belle video de cimetières : de belles pierres habitées...

    13
    Vendredi 5 Décembre 2014 à 11:36
    Henri-Pierre

    Une des chansons que je préfère au monde

    https://www.youtube.com/watch?v=2RwTU3G4QZw

    12
    Mardi 2 Décembre 2014 à 00:43

    @ Francesco : tu es loin d'imaginer à quel point ce poème m'a bouleversée. Je suis toujours très sensible à la détresse d'où qu'elle vienne. On ne maîtrise pas toujours ses  émotions et parfois on a l'air un peu dépassé. .. mais le ridicule ne tue point  (hélas !  :))

    11
    Lundi 1er Décembre 2014 à 23:35

    tout comme moi je respecte ton point de vue... Dans la vie il faut positiver un max sinon, on fait fuir tout le monde  ! Bonne semaine Dan :-)

    10
    DAN
    Lundi 1er Décembre 2014 à 23:17

    ...et je la respect bien entendu, bonne nuit Eva !

    9
    Lundi 1er Décembre 2014 à 20:23

    Je suis désolée Dan d'être aussi rabat - joie. ..mais... c'est ma conviction profonde

    8
    DAN
    Lundi 1er Décembre 2014 à 20:11

    Mince ! Tu me fous le bourdon là, ça me fait penser à ma voisine (il y a fort longtemps) qui disait la vie est une tartine de m.... et on en mange un bout tous les jours. Bon si je résume tu es plus épicurienne que platonicienne alors ! 

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    7
    Lundi 1er Décembre 2014 à 19:12

    @Dan : non la vie n'est pas belle, la planète est une plaie béante et purulente, les hommes sont assez fous pour se détester et se battre encore, les religions ne servent pas à les rendre meilleurs... Finalement j'envie ceux qui ne pensent qu'à la satisfaction de leurs désirs immédiats et premiers...

    6
    DAN
    Lundi 1er Décembre 2014 à 18:25

    A lire ta réponse on pourrait douter que la vie est belle, moi ce que je veux c'est une mort à la Félix Faure ce havrais qui a bien finit tout compte fait ;-)

    5
    Lundi 1er Décembre 2014 à 18:06

    Eva, je n'avais pas encore vu ton billet… j'en suis profondément touché… Vittorio Gasman, tu as choisis un des plus grands acteurs italien… un géant du théâtre et un commédien extraordinaire… quand à Pavese que dire, tu sais bien que j'adore son oeuvre….. un grand merci!

    4
    Lundi 1er Décembre 2014 à 17:50

    Bonsoir, la vidéo est magnifique, bonne soirée !

    3
    Lundi 1er Décembre 2014 à 17:31

    Dan, je suppose que ce sera un jour une possibilité... Sinon il reste la noyade comme Viginia Wolf, et des quantités d'autres méthodes réjouissantes si on est bien déterminé ! On n'en finirait pas d'énumérer les modes opératoires des artistes brillants et célèbres, mais on a oublié les méthodes des inconnus qui sont définitivement morts pour tout le monde ! (dans le sud-ouest on se tire un coup de fusil, et dans le Pays de Bray le ciel est si bas qu'on a juste à chercher une corde pour se pendre....) Sinon, la vie est belle !

    2
    DAN
    Lundi 1er Décembre 2014 à 16:30

    Magnifique petit diaporama avec de splendides photos.
    Quant aux yeux d la mort je voudrai qu'ils m’hypnotisent afin d'aller "ailleurs en douceur !

    1
    Lundi 1er Décembre 2014 à 16:02

    Très beau ! la vidéo superbe !

    Merci Eva , je t'embrasse

    J'écoute et re écoute....

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