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Chant d'Automne
"Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frisson, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd,
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ."
Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
photo eva baila (copyright 2008)
Tags : poésie, photo
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Commentaires
J'adore ce poème de Baudelaire... même si je n'y vois pas comme lui une fin en soi... mais plutôt une pause dans le rythme du temps... il faut bien laisser la nature s'écouter et lentement se ressourcer pour mieux nous enchanter le printemps revenu... Merci du partage Babou*Tout est magie pour qui sait voir, pour qui peut saisir l'instant, et l'offrir en partage.
Amitiés à toi, El Duende,
eva.Eva, très belle photo qui saisit à merveille l'instant magique du coucher du soleil. Tout est alors en demi-teinte, tout est en nuances. La nature se met en sourdine comme pour mieux apprécier la phase descendante... Il y a aussi de la volupté dans le déclin...N'est-ce pas Eva? Gide aurait aimé...Cerf-Volant au fil de l'évolution naturelle des saisons. Ce qu'elles sont belles tes photos! Kranzler, la preuve de l'inspiration de l'automne vous en est donnée ici, tant à travers la photo que dans ces vers de Baudelaire;))Baudelaire était bien frileux. Quand même, l'automne, l'hiver, c'est poétique non ? N'y a-t-il plus d'inspiration dans un ciel gris que dans un ciel bêtement bleu.
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Soleil rouge était si assorti à ce poème, que je n'ai pas pu résister !
Merci Babou.