• Claude Roy, la rivière endormie (1999)

     

    Giverny, le jardin de Monet 7

     

    Dans son sommeil glissant l'eau se suscite un songe

    Un chuchotis de joncs de roseaux d'herbes lentes

    Et ne sait jamais bien dans son dormant mélange

    Où le bougeant de l'eau cède au calme des plantes

     

    La rivière engourdie par l'odeur de la menthe

    Dans les draps de son lit se retourne et se coule

    Mêlant ses eaux mortes à la chanson coulante

    Elle est celle qu'elle est surprise d'être une autre

     

    L'eau qui dort se réveille absente de son flot

    Ecarte de ses bras les lianes qui la lient

    Déjouant la verdure et l'incessant complot

    Qu'ourdissent dans son flux les algues alanguies.

     

                                                                    Claude Roy.

     

    Le jardin d'eau

    photos eva

     

    Le jardin d'eau

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  • Commentaires

    12
    Jeudi 20 Septembre 2012 à 23:41

    ah, je vais aller voir la rivière endormie de Louis-Paul alors  

    11
    Jeudi 20 Septembre 2012 à 22:45
    Je quitte "la rivière endormie" de Louis-Paul pour retrouver tes superbes photos et ce très beau poème !

    Bises Eva
    10
    Mercredi 19 Septembre 2012 à 17:25
    Ce poème est très beau et je suis tombé sur ta publication en faisant des recherches chez Monsieur Google...pour illustrer par un texte une photo.
    Le monde est petit.
    je t'embrasse Eva, bonne soirée.
    9
    Vendredi 20 Janvier 2012 à 22:15

    "susciter"un songe signifiant "provoquer", "faire naître" un songe... Je trouve que "se susciter un songe" est une tournure infiniment poétique, et elle évoque bien un repliement sur soi (un peu comme un balancement autiste). Le filet d'eau, entièrement concentré à suivre son cour... perdu dans le songe du bruissement de lui-même... L'allitération en "s" évoque le chuintement de l'eau qui court...

    "Le bougeant" est inusité, mais on ne peut guère le remplacer par "mouvement" (trop de syllabes) et puis, mouvement est plus adapté à l'humain ou l'animal... "bougeant" convient à l'imprécision, le vague et l'insaisissable du liquide...

    "Elle est celle qu'elle est, surprise d'être une autre"... l'eau vive est toujours la même, et jamais la même... (je ne sais plus quel poète a déjà dit ça) Et cette vérité est si évidente, qu'elle est surprenante aussi pour l'eau qui coule... et qui s'étonne de n'être jamais la même, tout en étant elle ! J'adore ce vers qui est rendu étrange par l'absence de la virgule !

    Que dire enfin de "L'eau qui dort se réveille absente de son flot" ? Une fois de plus, étonnée de ne pas couler (puisque telle est sa vocation). Ne dirait-on pas que cette délicieuse, s'éveillant, s'étirant comme une princesse, déplie au-dessus de sa tête ses jolis bras afin de se libérer des "lianes qui la lient"... Encore une merveilleuse allitération qui n'est rien d'autre qu'une chanson de l'eau... 

    8
    Vendredi 20 Janvier 2012 à 18:20
    Oui on entend effectivement l'eau couler mais je trouve déconcertant, par exemple, qu'il emploie le pronominal pour le verbe susciter. Le bougeant, forme substantivée du verbe bouger, inusitée... pour ne citer que ces deux tournures !
    7
    Jeudi 19 Janvier 2012 à 00:14

    oui ? C'est la source de Charmes que tu entends toi aussi ?

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    6
    Jeudi 19 Janvier 2012 à 00:12

    Quand j'ai recopié ce poème, j'ai été un peu surprise de l'absence totale de ponctuation. En lisant à haute voix (ou plutôt en chuchotant) ces alexandrins, il m'a semblé entendre réellement le bruit de l'eau accentué par les allitérations... et la non ponctuation fluidifie encore ce bruit léger qui coule à l'oreille... Plus je le lis, et plus je l'aime... et plus j'entends l'eau couler...

    5
    Mercredi 18 Janvier 2012 à 22:59
    On entend l'eau couler, bien que l'élocution du poète me laisse perplexe... Il a une façon curieuse de tourner les phrases...:-))
    4
    Mercredi 18 Janvier 2012 à 21:18
    Très jolies photos pour accompagner ce beau poème. Bonne soirée.
    3
    Mercredi 18 Janvier 2012 à 17:01
    Mais dis-moi Eva, Claude Roy a fait le chemin de la source de Charmes sans moi ?
    Je lui aurais volontiers offert un thé
    2
    Mercredi 18 Janvier 2012 à 08:21
    c'est plans d'eau inspirent le poête, c'est tellement beau !!
    bonne semaine !
    1
    DAN
    Mardi 17 Janvier 2012 à 22:54
    Des photos superbes pour un poème comme une musique !
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