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Graffiti
à la fois tendre et violent,
un petit graffiti rupestre et primitif,
obscur et lumineux "toujours et quand même"...
Expression d'une cosmogonie intemporelle,
comme un petit gargouillis troublant...
Cri primal muet et assourdissant...
merci à Thami Benkirane pour sa photo prise dans une ruelle de la médina de Fès.
à découvrir pour se régaler de beauté : le portfolio de Thami sur aminus
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Commentaires
Un petit chef d'oeuvre de beauté primitive, sauvage, ancestrale. "Une étincelle merveilleuse" qui déclenche l'imagination, la fantaisie, la curiosité… et pour ça, précieuse… Je trouve merveilleuses les inscriptions sur la tête du personnage debout, mystérieuses, fascinantes, un alphabet "autre" qui se prête à une infinité d'interprétations… et puis un détail que j'aime beaucoup, qui est peut être indépendant du graffitis, mais qui donne une saveur poétique à l'image dans son ensemble, est la spirale, le geste au crayon, à la droite du dessin.
Ps. j'aimerai avoir ce graffitis pas seulement sur le mur extérieur de ma maison, mais à l'intérieur, pour bien le protéger, et jouir de sa beauté!
Une page tout simplement délicieuse Eva!
on peut juste "pressentir" un peu, et quand ce sont des enfants, c'est encore plus troublant... Ici, dans le cas précis, quelques codes de décryptage sont tellement présents... et dans ces pays où la relation homme-mère / homme-femme est tellement ambivalente j'ai trouvé que ce graffiti était d'une grande richesse pour qui savait voir...
Les graffitis sont l'expression des anonymes sans parole, qui saura jamais les tendresses, les peurs ou les colères dont ils sont les messagers ?
@ Alezandro : ce graffiiti m'a bouleversée parce qu'il a vraisemblablement été fait par un enfant : la femme-fleur représente la mère, les seins sont dessinés précisément, l'enfant est à ses pieds, un peu en posture de soumission (mais pas seulement, la soumission à la mère n'est jamais définitive chez un enfant, surtout un pré-ado : ce petit-là est ramassé comme un petit animal révolté qui va bondir... ) Au Maroc, on dit "le Paradis est sous les pieds de la Femme" C'est elle qui est le pilier de la Maison, c'est elle qui supporte tout : les peines, les angoisses, ses peines à elle et celles de ses petits... Tout ici est plein de tendresse et de violence (le rouge est la couleur de l'agressivité)... C'est un dessin magnifique, une photo que j'ai vue chez Thami il y a plusieurs semaines, et que je n'ai jamais oubliée...
Tout un symbole ce graffiti, oui mais lequel? pas toujours facile à interpréter! Si je me rapproche du charmeur de serpent j'avoue que je suis encore assez loin du shérif!
@ Pierre : au Maroc, au coeur de la médina, la ruelle est à tout le monde... L'intime est derrière les murs de la maison, dans la maison, et autour du patio. Bien entendu, en Europe l'extérieur de la maison est important, et effectivement "c'est moins marrant" quand le mur de sa maison est... coloriée ! :-))
@Dan : j'ai adoré photographier les tags et graffitis dans les rues de Naples (surtout en période électorale !) Mais tu as raison, ça se faisait aussi au temps des Romains (à Pompéi par exemple !!)
@ Gérard : je n'avais point vu le shérif ! pas plus que le charmeur de serpent ! décidément je suis myope !
Les graffitis sont de toutes les époques, expression populaire qui permettait à ceux ne sachant pas écrire d’exprimer leurs idées ou simplement leur croyance, leur désir, leur amour et c’est un bon indicateur de l’état de la société car il ne souffre d’aucune contraintes ni censures !
@ Nikole : il s'agit là d'un véritable graffiti (photographié dans la rue). C'est parce qu'il m'a émue que j'ai voulu le partager. Les graffitis sont un moyen d'expression sauvage et un peu désordonné, parfois rageur et irrespectueux de l'environnement. ça fait partie du jeu ! Si Basquiat a commencé dans la rue, avec des tags et des graffitis, il n'en est pas de même pour Chaissac. Les deux sont des peintres à part entière. Alors que Basquiat aimait l'art et y avait été initié très tôt par sa mère, Chaissac est venu à la peinture en solitaire, par la voie de l'art brut (d'après ce que j'en ai compris). Comme tu le dis, il y a toute une gamme entre ces deux-là... (en passant par la thérapie dans les hôpitaux psychiatriques par exemple, et aussi par la contemplation de l'art rupestre). Merci Nikole, bonne soirée à toi.
@ Jean-François : ma parole c'est vrai ! Je n'avais pas pensé au charmeur de serpents (ce petit serpent qui se tortille en bas de la photo ! J'avait vu surtout la "femme fleur" qui représente la mère dans les dessins d'enfant, et j'avais immédiatement pensé à la chanson "mother" de John Lennon ! Comme quoi, on a toujours une vision subjective.... Merci Jean-François pour ton com qui nous donne un éclairage différent !
En fait, je viens de comprendre le personnage qui se tient à côté du charmeur de serpents, c'est une touriste à la robe a fleurs un peu transparente, qui observe le spectacle en tenant d'une main son grand chapeau d'où s'échappe son abondante chevelure, tandis que de l'autre main elle serre sa sacoche de voyage ... dans les souks, il vaut mieux être prudent !!
Bien émouvant ce petit graffiti. J'adore le personnage accroupi (un charmeur de serpents ?) Il évoque à lui seul tout un monde de marchés colorés et de magie orientale. Ses gros yeux sur un plan incliné me rappellent les 'hei tiki' maoris, ces bijoux de jade, insignes de pouvoir et d'appartenance tribale, ou, comme tu dis 'expression d'une cosmogonie intemporelle' ...Merci pour le lien sur le portfolio de Thami, certaines de ses photos sont vraiment très belles.
Je suis partagée sur les graffitis : celui-là me plaît beaucoup, et m'évoque, à tort ou à raison, Basquiat et Chaissac, et toute une gamme entre ces deux-là.
Quant à Thami ... oui !
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Merci Francesco ! A propos des caractères au-dessus de la tête du personnage debout, j'ai pensé à des caractères tifinaghe (ce n'est pas certain, c'est juste une impression) alphabet amazighe ... La spirale au crayon... oui... un peu comme un "etc." qui intimerait la volonté de connaître la suite du dessin :-) Plus simplement, je pense que c'est le début d'un mot arabe !
Ce que tu évoques de la jouissance dans la possession d'une oeuvre d'art, je l'ai ressentie impérieusement chaque fois que j'étais face à la Beauté : dans un musée, ou bien dans une grotte (surtout devant le petit cheval bleu de Pechmerle... les petits chevaux pommelés qui se trouvent dans cette grotte, si petits dans le ventre de la Terre)... Oui j'ai rêvé souvent de dérober pour moi seule, une oeuvre merveilleuse, l'avoir pour moi seule, en secret, et la contempler religieusement, loin des ricanements de ceux qui n'aiment pas la peinture...