• Il avait dit (Le départ) Didier Griparis


     


    Il avait dit : "La notion du temps dépend du degré de conscience.
    En période stable, il apparaîtra rectiligne et immuable.
    Un état de lucidité perturbée influe l'instant.
    La réalité est le segment de force tendu entre tous ces bouleversements."

    C'était , qu'il venait de disparaître,
    Et l'air portait encore la marque de son passage.
    Mon regard accroché au vide mendiait,
    Une dernière fois,
    La trace de ses pas, le timbre de sa voix.
    Une bourrasque éloigna le reste.

    Il faisait doux, ce jour là.
    Un soleil distrait
    Caressait l'église de la Place aux Herbes.
    Et cet idiot de perroquet heureux,
    Sur son perchoir attentif aux passants, 
    Parodiait mes regrets.
    Sur un coup de vent,
    Un nouveau courant d'air,
    Le souvenir s'en fût,
    Au café des beaux-arts,
    Précédé de ces mots :
    "Alors, tu pars ?"

    Depuis cet instant,
    Les rappels de mémoire,
    Mêlés au futile et incessants,
    Me laissent condamné de toi.
    Mais, dis-moi :
    Est-ce ainsi que les choses vont,
    Mon amour ? Vraiment,
    Est-ce ainsi que nous passons ?

    Plus tard, oui, bien plus tard,
    On le devine toujours,
    Reviendront les gestes d'hier :
    Avancer un pas, puis un autre,
    Ouvrir une porte,
    Contempler le ciel,
    Se nourrir, bien sûr,
    Sourire à l'inhabituel.
    Alors nous nous dirigerons,
    Par petits pas,
    Ma faiblesse et moi,
    Chacun à notre tour,
    Chacun à son rythme,
    Vers le même but.

    Aux alentours de dix-sept heures,
    Je me souvins de ma maison ;
    Mon corps m'y emmena.
                                                      
        Didier Griparis link

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  • Commentaires

    13
    Vendredi 30 Octobre 2009 à 14:48

    Nîmes.... la photo n'est pas de moi ! vous avez l'oeil Claude ! Merci de votre visite...
    Pour l'heure je bois le soleil du Sud-Ouest, comme un lézard...

    12
    Jeudi 29 Octobre 2009 à 18:01
    A n'en pas douter j'ai bien cru reconnaître la photo d'une place qui ne m'est pas étrangère.

    Bonne fin de journée !
    11
    Mercredi 28 Octobre 2009 à 02:18
    i seldom have moments of clarity.
    i have to be practical when making decisions
    because inspiration only comes afterwards,
    when i think, "i should have known better."
    i think it is like that with nations too,
    and banks and people who grow tulips.
    j'ai rarement des moments de clarté. je dois être pratique en prenant des décisions parce que l'inspiration vient seulement après, quand je pense, "je devrais avoir su better." je pense qu'il est comme celui avec des nations aussi, et banques et les gens qui cultivent des tulipes.
    10
    Mardi 27 Octobre 2009 à 20:14

    tu évoques le dédoublement...
    "ma faiblesse et moi, chacun à notre tour, chacun à son rythme, vers le même but..."

    "Est-ce ainsi que les choses vont ? Mon amour..."

    Quelle merveille n'est-ce pas ?
    Merci Jeanine d'être passée.
    eva.

    9
    Mardi 27 Octobre 2009 à 19:07
    la force de ce poème réside dans la vision du passé qui se télescope avec le présent. Il se produit comme un dédoublement perceptible dans les moments de grande angoisse. Poème d'une grande finesse J.
    8
    Mardi 27 Octobre 2009 à 16:24

    Merci Dominique... La phrase du début est en italique, en introduction au poème, mais j'imagine qu'elle a été écrite par Didier Griparis, il la fait dire à son personnage qui part...
    Je suis une fan de Griparis depuis quelque temps déjà...

    7
    Mardi 27 Octobre 2009 à 15:12
    J'aime beaucoup la phrase du début. Je ne sais pas si elle a été écrite par Didier mais elle l'est par un occidental: il parle de temps rectiligne et cela en Afrique est incompréhensible, nous sommes dans un temps circulaire.
    Sinon j'ai été voir son site. De superbes poèmes. J'y retournerai. Merci de nous le faire découvrir. Je vous embrasse. Dominique
    6
    Mardi 27 Octobre 2009 à 09:45

    oui, Didier Griparis a beaucoup de talent, et je suis honorée qu'il m'autorise à poster un poème de temps en temps... http://eva.baila.over-blog.com/article-28094674.html

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    5
    Mardi 27 Octobre 2009 à 09:23
    un texte superbe , fort , émouvant ...
    belle journée Eva
    4
    Mardi 27 Octobre 2009 à 06:30
    Très belle écriture pour décrire cette rupture, quel talent. A+
    3
    Lundi 26 Octobre 2009 à 21:05

    Pierrot, dis-moi, qu'est-ce que tu n'as pas compris ?
    une rupture est si dure, si difficile qu'elle laisse KO, abasourdi...
    "Mon regard accroché au vide mendiait..."

    ..."mes rappels de mémoire me laissent condamné de toi"
    (double peine, celle de la douleur de la rupture, et celle des souvenirs persistants)
    "condamné de toi" !!
    et pourtant la vie continue : "ouvrir une porte, contempler le ciel"...
    la vie continue pour "ma faiblesse et moi"
    la vie continue avec mon obstination à ne pas t'oublier

    "aux alentours de 17h je me souvins de ma maison, mon corps m'y amena"
    machinalement je suis rentré chez moi... mon corps mécaniquement me ramena chez moi, comme un cheval ramène un cavalier ivre à la maison...


    2
    Lundi 26 Octobre 2009 à 17:12
    Pas tout compris...bise Eva, bonne fin d'après midi...
    1
    Lundi 26 Octobre 2009 à 11:42
    Merci Eva pour ces belles paroles et ces jolies fleurs... Je suis aller voir sur son site.
    Bonne journée.
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