-
Par eva-maïa le 20 Août 2011 à 00:00
"Tant de poètes ont chanté la Grèce que chacun de nous en porte l'image en soi ; chacun croit la connaître un peu, chacun l'aperçoit en songe telle qu'il la désire. Pour moi, la Sicile a réalisé ce rêve ; elle m'a montré la Grèce ; et quand je pense à cette terre si artiste, il me semble que j'aperçois de grandes montagnes aux lignes douces, aux lignes classiques, et, sur les sommets, des temples, ces temples sévères, un peu lourds peut-être, mais admirablement majestueux, qu'on rencontre partout dans cette île."
(Guy de Maupassant)
Maupassant décrit encore leur "splendide isolement dans un monde mort, aride, desséché"
Les temples, construits sur la ligne de crête (comme on le voit sur la photo ci-dessus) servaient de balise aux marins et dissuadaient les agresseurs éventuels, qui redoutaient la puissance d'une terre si bien protégée par les dieux.
Le Temple de Hera-Junon, protectrices des époux et des fiancés fut construit en 470 av J.C. Il domine une crête rocheuse qui faisait autrefois partie des remparts de la vieille ville. Une partie de la cella et 25 de ses colonnes sont intactes. Les fûts de neuf autres colonnes ont été rassemblés, le reste ayant basculé par-dessus la crête lors d'un glissement de terrain.
Syracuse, la cité la plus puissante de la Grande Grèce, n'atteignit jamais le faste d'Akragas. Le peuple de "la plus belle des cités des mortels a bâti pour l'éternité et vécu comme si chaque jour devait être le dernier" écrivait Pindare.
Le site des temples a conservé son extraordinaire beauté.
photos eva, juin 2011
22 commentaires -
Par eva-maïa le 19 Août 2011 à 00:00
"Les Siciliens ont leur île dans le sang, et tout autant leur mer. Ou plutôt leurs trois mers, tyrrhénienne, ionienne et méditerranéenne. Ici, on est un seigneur du large, on vénère son bateau, qu'on façonne et décore. Et la pêche est une fête, avec sa liturgie et sa geste : madrague des thons à Favignana ou à Mazara del Vallo, harponnage des espadons à Messine, palangre à Vendicari. Autant d'arts qu'enseignèrent les envahisseurs successifs : Grecs, Romains, Sarrasins, Normands, Espagnols et Piémontais.
Malgré tous ces conquérants, les Siciliens sont restés eux-mêmes, Siciliens, pas Italiens. Uniques. Comme si leur terre aux trois volcans pouvaient seule forger leur âme. A l'étranger, leur amour pour le pays décuple. Quelle montagne rivaliserait avec l'Etna ? Quel volcan avec le Stromboli ? Pourquoi aller visiter les vestiges des grandes civilisations ? Elles sont toutes venues ici ! Syracuse, Agrigente et Sélinonte racontent, à domicile, les mythes grecs. Existe-t-il beauté plus romaine que la villa del Casale ? Les Sarrasins n'ont-ils pas apporté palais, jardins et fontaines ? Où, mieux qu'à Cefalu ou Monreale, les Normands ont-ils manifesté leur génie ?
Pour les enfants des six millions de Siciliens émigrés, l'île est terre promise. Lorsque l'un d'eux revient, l'épisode du fils prodigue se rejoue dans la maison, dans le quartier, dans le village. La terre de Sicile oblige. De l'île on est cousin, du village frère. [...]
Si la Sicile est la terre des Siciliens, la famille est leur patrie. Aucune autorité ne la surpasse. On respecte son chef, on vénère la mamma, objet d'un culte sacré, le "mammismo". Décliner l'invitation au baptême de l'arrière-neveu ou au mariage de la lointaine cousine, même si on habite New York ou Buenos Aires, fait figure d'offense. L'honneur de la famille exige aussi de la prestance : le "fare bella figura". Qui a son lieu d'expression, la passeggiata -promenade du soir. Et ses consécrations : baptêmes, communions, mariages, enterrements surtout. En Sicile, les cimetières sont plus soignés que les villages...
Sur l'île enfin, les maisons sont conçues pour recevoir. Dans les campagnes, la porte s'ouvre toujours sur la table. Le vin et l'huile d'olive, toujours du jardin, y sont à portée de main. La vigne et l'olivier, mais aussi les amandiers à Agrigente, l'ail à Trecastagni ou le blé à Enna sont cultivés comme des trésors et plantés pour les petits enfants.
Mais sans les saints, ni semailles ni moissons ! Eux seuls ont protégé la population, quand les rois et les nobles l'avaient abandonnée. Sainte Rosalie sauva Palerme de la peste, sainte Agathe Catane de la lave, et sainte Lucie Syracuse de la famine. On les adule, on leur baise la main ou les pieds, on leur chuchote ses secrets, on leur demande d'intercéder. Les saints sont les vrais parrains des Siciliens."
Christine Rancé (Geo Juin 2008)
photos eva, juin 2011
27 commentaires -
Par eva-maïa le 18 Août 2011 à 00:00
Salle des jeunes filles en bikini : Vêtues de SUBLIGAR et STROPKION ces dix jeunes filles sont engagées dans différentes compétitions sportives : saut avec des poids en main, lancement du disque, course champêtre et jeu avec balle. Enfin, le couronnement des deux gagnantes dont une a reçu la couronne de fleurs et la palme de la victoire, l'autre, une roue à rayons dans la main, est sur le point d'être couronnée par une jeune fille portant un manteau doré. La roue à rayon faisait l'objet d'une discipline selon laquelle il fallait faire rouler la roue par terre à l'aide d'une baguette que l'on tenait dans la main et démontrer ainsi l'adresse de celle qui la manoeuvrait au cours de compétitions particulières.
Cette pièce présente un double plancher : l'un à dessins géométriques comme on peut le voir dans l'angle gauche, l'autre, superposé au premier à une époque postérieure, indique le changement d'utilisation de la salle.
On voit ci-dessus le projet en cours d'aménagement, de la reconstitution des toitures de la Villa Casale.
Les petites latrines octogonales destinées aux membres de la famille propriétaire de la villa ont des parois peintes à fresques et un sol mosaïqué représentant un grand vase dont sortent des branches de "hedera" (lierre). A droite de l'entrée se trouve un petit bassin qui alimentait la petite rigole au pied des sièges de marbre (aujourd'hui disparus), placés au-dessus du cloaque.
Dans cette même province d'Enna, plusieurs villas nobles recèlent les plus anciennes mosaïques connues de Méditerranée occidentale. Il faut se souvenir qu'Enna était au coeur de la Trinacria formée des trois provinces de l'ancienne Sicile. Selon certains historiens, la région serait le centre d'une carte géomantique s'étendant sur toute l'île. La disposition des lieux sacrés fournirait dit-on, la clef du mystère entourant le pouvoir occulte dont joiut la province d'Enna...
photos eva, juin 2011
18 commentaires -
Par eva-maïa le 17 Août 2011 à 00:00
Les mosaïques ont beaucoup souffert de l'inondation de 1991 et du vandalisme en 1998. Certaines sont aujourd'hui décolorées ou partiellement endommagées. Heureusement, depuis le début de l'an 2000, le site fait l'objet d'un plan de restauration conforme aux normes internationales. Les mosaïques romaines et africaines couvrant les 3 500m² des cinquantes pièces de la villa sont réputées dans le monde entier pour leur force d'expression.
La plupart de ces photos présentent des tâches de lumière... Les mosaïques sont au sol, et protégées depuis leur découverte par une toiture transparente. Cette installation provisoire a eu pour résultat néfaste de décolorer certaines mosaïques, et d'en briser certaines autres à cause de la chaleur sous les verrières. Le site sera bientôt couvert de charpentes en bois et bénéficiera d'une ventilation plus conforme aux nécessités de sa conservation. La visite (dans les salles ouvertes au public) se fait en hauteur, le long d'une galerie permettant d'avoir une vision globale des tableaux de mosaïques.
Mosaïques du Triclinum : les géants essaient de s'arracher les flèches empoisonnées lancées par Hercule...
Dans le Peristyle, médaillons à têtes d'animaux (lion, tigre, chien, cheval, cerf...)
Mosaïque du sol servant de vestibule à la "salle des jeunes filles en bikini" à dessins géométriques.
L'ambulacre (corridor) de la Grande Chasse qui entoure la cour centrale, est couvert d'une mosaïque de 60m de longueur divisée en trois pans représentant des chasseurs capturant des lions, des guépards et des rhinocéros. ainsi que l'embarquement de ces bêtes féroces sur des navires après leur capture...
Tous les animaux capturés étaient montrés au Cirque Maxime et au Colisée de Rome en l'honneur et à la gloire de celui qui avait organisé la partie de chasse.
Demain, je vous montrerai comment les Romains (qui ont inventé l'Op'Art en mosaïques et la climatisation avec les villas souterraines) ont inventé aussi le bikini...
photos eva, juin 2011.
14 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique