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J'ai été en cruelle douleur (La comtesse de Die)
J'ai été en cruelle douleur
pour un chevalier que j'ai eu,
je veux qu'il soit pour toujours su
que je l'aimais par-dessus tout.
Mais je vois que je suis trahie
car je ne lui donnai pas tout l'amour,
j'ai fait une terrible erreur
au lit ou encore vêtue.
Je voudrais tant mon chevalier
tenir un soir entre mes bras nu
et qu'il se trouve comblé,
que je lui serve de coussin.
Je suis plus amoureuse de lui
que jamais Floris de Blanchefleur,
je lui donne mon coeur, mon amour,
mon sens, mes yeux et ma vie.
Bel ami élégant et bon,
quand vous tiendrai-je en mon pouvoir ?
Quand coucherai-je avec vous un soir,
vous donnant un baiser amoureux ?
Sachez que j'ai grand désir
de vous à la place du mari,
pourvu que vous m'ayez promis
de faire tout ce que je voudrais.
LA COMTESSE DE DIE
Chanson de femme, XIIe ou XIIIe siècle.
« Domme ou l'essai d'occupation (François Augiéras)Que ferons-nous de ce mari jaloux ? (Christine de Pizan) »
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Commentaires
les tapisseries de la dame à la licorne qui célèbrent les sens:ici tu as choisi l'ouïe. Il y a le goût, l'odorat, le toucher, la vue...Mais tu aurais dû mettre celle où il est écrit "A mon seul désir"!Que la licorne parvienne à purifier ce triste malentendu.Tout à fait délicieux et plein de fraîcheur ... les finesses de l'amour courtois, surtout quand c'est une damoiselle qui s'exprime... Pas courant !Je viens m'instruire.
En voilà une dont je n'ai jamais entendu parler et pourtant, elle a dû faire parler d'elle!
Bonne nuit.Quel cri d'amour, désobligeant pour le mari, le pauvre ! Bisous Eva la décrocheuse de poésies coquines !Déjà en cette époque, il y avait de "coupables" écrits ! ;-)
Belle littérature eva !
des bisous
NellySur le beau livre que je possède, les copies d'enluminures sont délicieuses... J'ai trouvé deux poèmes de Christine de Pizan, raillant la jalousie des maris... C'est un régal de drôlerie !
Ah Eva, que je suis content de cette réhabilitation d'un Moyen-Âge que l'on s'accorde à décrire comme obscur et rude alors que les femmes jouissaient d'une liberté d'allures que les époques modernes" ont abolie et où la verdeur aristocratique le disputait en licence à la paillardise roborative du peuple.
Merci pour ces siècles si injustement méprisés.Elle savit écrire cette comtesse. Admirable déclaration. Merci pour ce partage Eva. Bises à vous et bonne journée. DominiqueSi ce n'est pas de l'amour ça... je veux bien être transformé en fourmi...!
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Oui, c'est vrain, tu as raison ! J'ai photographiée celle dont la repro est pendue au mur de ma maison... (solution de facilité !)