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Kalambaka (Grèce, Thessalie)
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S’il est un chemin qui mène à la félicité, c’est bien celui qui conduisit mes pas hésitants vers le pays mystérieux, blanc et cotonneux d’où tu me faisais des signes joyeux et prometteurs. Région inaccessible toutefois, tellement rêvée, espérée, convoitée, magnifiée… Eden à nul autre pareil, sans équivalent dans la vraie vie, pas même sous l’effet de drogues interdites…
Mais, toi-même appartenant au monde réel, te trouvais dans l’impossible, enraciné gentiment et raisonnablement dans le quotidien, et je dus poursuivre ma quête d’absolu, en solitude et désespérance, guettant d’autres signes, ailleurs, en d’autres temps…
Si mon attirance pour le Beau déconcerte, c’est qu’elle s’accompagne d’un renoncement croissant et tenace, un renoncement à l’ordinaire, un renoncement à la compromission, à la tiédeur, un renoncement fatal : le renoncement à la Vie… Rompre le fil de ce petit ballon gonflé à l’hélium, casser le lien ténu et se laisser emporter vers d’autres rivages vierges d’hypocrisie et de faux-semblants, pour un autre univers, un monde sidéral, des îles intergalactiques…
Liberté, liberté, illusion de la liberté, détachement de tout ce qui fait la satisfaction ordinaire : bouger, rire et se remplir de vanité, s’imaginer détenir l’autre en exclusivité. Partir, partir avec légèreté, sans chaîne, sans questionnement, sans regret… S’éloigner doucement de la terne médiocrité, de la triste laideur… Rejoindre ceux qui ont loué, célébré, servi la Beauté sans relâche, avec joie et ferveur, les rejoindre et se fondre en eux… Je le sais, ils sont là, ils m’attendent, ils m’ouvrent les bras et m’emporteront dans le scintillement coloré… Je leur parle en silence, ils m’écoutent, me bercent et me consolent. Ils sont mes amis de toujours et à jamais fidèles…
Pourrai-je encore longtemps résister au doux chant des sirènes ?
Saurai-je détourner mon regard de la belle lumière primordiale, et ma bouche de la coupe délicieuse ?
A toujours remettre cet instant d’ineffable bonheur, la foi, l’espoir viennent à s’user… les images tremblantes de mes amis s’éloignent, s’estompent… Mes amis, mes amis, mes frères, agrippez moi, tirez-moi vers vous avant que la nuit ne devienne trop noire, donnez-moi bien à voir le jaillissement de la lumière, de la ligne idéale, et de la forme parfaite, donnez-moi bien à entendre la musique enjôleuse et tendre, donnez-moi bien à sentir la caresse du vent et de la pluie d’étoiles, et le parfum suave des mimosas …
eva baila (copyright 2008 ©)
photos eva baila © Kalambaka, les Météores (rochers suspendus)
Tags : voyage, Grèce, mots
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Commentaires
Tiens Eva, je te donne de la musique, celle des orgues du coeur et celle des violons des paroles douces
Je te donne de la lumière, celle de l'âme en quête perpétuelle (imagine que l'âme trouve et soit rassasiée, où irait-elle ?) et celle des regards vrais
Je te donne la terre entière parce qu'il n'y a pas que des serpents sous la rudesse des pierres il y a aussi des gemmes éclatants.
Reste, tout est poésie pour qui a un regard de poète.
Mais celà tu le sais déjàTu sais, c'est un texte ancien déjà, il date de LGDM, de cette période où j'aimais tant lire tes poèmes...
Je pense au bonheur que tu as vécu en...rêvant ce texte! c'est dans l'écriture que se confondent la douceur et la rage d'écrire...Une jolie balade en mots et en images.tu as mal lu : ce ne sont pas des idées noires, c'est une... philosophie (la foi en l'immatériel est une sorte de philosophie non ?)
j'aime le poète en toi et tous ces moutons et toute cette verdure. Une partie de toi, de ton être.
bises
clemPas précisément pour le cinéma mais pour connaissance du monde. J'ai pu ainsi passer quelques documentaires dans les maisons de la culture et autres lieux où l'on pouvait projeter un film petit format. Sinon les grandes salles étaient réservées aux professionnels moi je n'étais qu'un amateur.
Bonne soirée Eva !Texte troublant Eva, pour moi du moins qui (peut-être) l'a lu avec mes chimères d'antan...
Je te souhaite une belle année, comme tu l'entends
... et de beaux partages. Je t'embrasse.Le texte est vraiment très beau mais il véhicule des idées qui me déplaisent... Le moindre souffle de vent te déstabilise... Heureusement que ça ne dure pas et que tu finis toujours par suspendre tes idées noires dans la remise ...:-)) Même si je peux comprendre ce ressenti profond, je considère qu'il faut le chasser fermement...oui, je pense que tous les monastères sont désormais accessibles au moins à pied ! Mais je sais qu'autrefois, la plupart n'étaient accessibles qu'avec la poulie (provisions et moines et religieuses !) On ne remplaçait la corde de la poulie que quand elle cassait !... si c'était la montée des provisions (ou des pierres pour la construction même du monastère) on ramassait comme on pouvait, et si c'était une montée de moine, on... ramassait aussi !
(donc tu as tourné un docu ? tu travaillais dans le cinéma ?)
Je viens t'apporter ma toute petite lumière amicale ici, je vois que s'est écrit en 2008, ouf tu es toujours là !
Je connais les Météor pour y avoir tourné un documentaire, dans le seul accessible au matériel sinon je ne me voyais pas mettre tout ça dans un filet aussi solide soit-il et monter avec !Je te donne la main, nous gonflons un ballon à l'hélium et nous n'en coupons pas le fil. Peut-être que nous parviendrons au royaume céleste ! Bisous ma chère Eva, Eva jolie !Le pessimisme profond et la désespérance n'empêchent pas le culte du Beau ni la Joie de chaque instant...(bien au contraire). Merci Jacques de ton passage.
Sans doute ce paysage d'un autre monde t'at-'il inspiré ce texte si beau et si fort mais j'avoue mon inculture (poétique et philosophique) à en comprendre son essence profonde. Moi le "matérialiste" qui aime le Beau sans complexes et sous toutes ses formes, je comprends ton texte au 1er degré et j'en déduis un grand pessimisme, une grande désespérance, j'espère que je me plante complètement ! AmitiésCe texte m'a beaucoup ému. Tu n'es pas seule à partager ce sentiment eva. Et comme tu n'es pas seule, d'autres, bien d'autres ( et je m'en rends compte sur les blogs où bien d'autres se joignent à nos pensées). Raccroche toi à ses gens qui ne sont pas très optimistes, certes, mais qui ont cette petite flamme subtile qui permet souvent aux montagnes d'oublier l'abîme.La caresse du vent et l'émoi de nos sens qui guident nos pas vers l'émotion véritable, c'est cela sans doute l'essence magique et subtile qui est le moteur des gens comme toi. Continue à nous embellir...Bachir, j'espère que tu vas mieux... tu nous manquais à tous...
Merci d'être passé. Amitiés. eva.Je ne commente pas les images, tout en moi a été pris par ce beau texte. je te comprends parfaitement. Même s'il nous semble difficile voire impossible de se trouver dans un paradis pareil, on y est au moment où l'on parcourt ton bel écrit. je profite pour te remercier pour tes visites sur mon blog, je passais par une étape très dure de ma vie, je reviens petit à petit...Superbe texte, très inspiré, très profond, qui résume toute ta philosophie de la vie... Tu as choisi la lumière. Qui songerait à t'en blâmer? Jeanine.Encore un pays que je ne connais pas ! Le monde est si vaste et si petit, une vie ne suffira pas. Merci de nous ( de me )faire découvrir ce pays. Amitiés. DominiqueS'il est un chemin qui mène de la graisse à la Grèce,c'est bien celui que tu nous fais prendre et l'on ne peut que t'en... félicité!Ces constructions en haut des rochers, sont des monastères (monastères "suspendus"). Les pierres ont été montées avec des treuils, des poulies, et les personnes aussi, une autre fois je ferai un article plus explicatif sur la géologie du site, et sur la construction des monastères. Merci de votre passage Phil et Chris. Bonne nuit. eva.
Quel texte..!Félicitations.!et la première photographie on y habiterait volontiers (Maison En haut du rocher)...Bises amitiésIls sont tous très jolis tes chats, et ils ont vraiment l'air heureux !
Ils ont trouvé la bonne maison !SI TU AIMES LES CHATS VAS DANS MA RUBRIQUE NINOU IL Y EN A PLEIN, TROP MIMIS BISOUS DOUCE SOIREE A TOISalut Béré, c'est bien lamentable toute cette histoire, mais il y a aussi beaucoup à faire en France pour combattre la cruauté qui sévit malgré la loi et la "déclaration du droit des animaux"
Coucou c'est Angie Mes potes d'Espagne ont besoins de vous !un très beau texte plein d'émotion !! bon lundi evaUn texte magnifique qui m'emporte au delà des cimes comme une bulle de savon.bises,babsyLa vie même est un emprisonnement... seule l'évasion par l'imagination est salvatrice.
Le site des Météores, comme le bord des falaises d'Etretat (chères à mon coeur), par cette impression de suspension dans le vide, rend perceptible comme une possibilité de libération sur l'emprise du quotidien. Je te remercie de ton passage et de ton com.
Je commence bien ma journée en te lisant ce matin. Très très beau texte . merci pour ce plaisir de te lire et tes photos sont toujours magnifiques, j'aime beaucoup la dernière . Passes une bonne journée . JosyBonjour Eva, j'ai apprécié les photos des météores où j'ai déjà été, et ton texte est vraiment magnifique.Je viens du monde de la poésie et j'ai apprécié les métaphores et la force de ta prose. C'est drôle que ce thème sur la liberté de l'être te vienne en regardant un lieux d'emprisonnement (volontaire!), je me faisait la reflexion en te lisant que la liberté est à l'opposé de l'endroit où on la cherche, on ne la trouve paradoxalement que dans le don de soi, le don d'amour, le service, l'obéissance. Merci pour ce beau moment. Au plaisirles photos s'harmonisent au texte. Tiens, pour fuir au moins la neige, j'irais bien dans ce pays y récolter tes mots. clem
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Cher Henri-Pierre, je prends tout avec reconnaissance, je prends tout de ce cadeau de mots que tu me fais !