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L'amant (Marguerite Duras)
"Il dit qu'il est seul, atrocement seul avec cet amour qu'il a pour elle. Elle lui dit qu'elle aussi elle est seule. Elle ne dit pas avec quoi. Il dit : vous m'avez suivi jusqu'ici comme vous auriez suivi n'importe qui. Elle répond qu'elle ne peut pas savoir, qu'elle n'a encore jamais suivi personne dans une chambre."
Tags : littérature, cinéma
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Commentaires
17coletteVendredi 8 Août 2014 à 18:06A mon humble avis,je trouve qu'il y a davantage d'éléments autobiographiques dans un autre roman de Duras "un barrage contre le Pacifique" dont le cinéaste d'origine cambodgienne Rithy Panh a tiré un film que personnellement j'ai aimé.
Après avoir vu "Hiroshima mon amour" dont elle a écrit le scénario, j'ai cherché à lire toutes ses oeuvres et son style me ravit mais je sais aussi qu'il en a agacé plus d'un ! Merci de lui consacrer cette page.Il est beau ! ne belle histoire vécue bien filmée et racontée ! J'adore. Bises chère Eva et j'aime aussi ton poisson d'or de Klee.Oui oui j'avais été lire ton lien. C'est beau, c'est vrai, quand on a vraiment aimé, on aime toujours.le plus beau dans ce court roman, c'est l'épilogue :
"Des années après la guerre, après les mariages, les enfants, les divorces, les livres, il était venu à Paris avec sa femme. Il lui avait téléphoné. C'est moi. Elle l'avait reconnu dès la voix. Il avait dit : je voulais seulement entendre votre voix. Elle avait dit : c'est moi, bonjour. Il était intimidé, il avait peur comme avant. Sa voix tremblait tout à coup. Et avec le tremblement, tout à coup, elle avait retrouvé l'accent de la Chine. Il savait qu'elle avait commencé à écrire des livres, il l'avait su par la mère qu'il avait revue à Saïgon. Et aussi pour le petit frère, qu'il avait été triste pour elle. Et puis il n'avait plus su quoi lui dire. Et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort."
elle bien sûr, elle... Lui, l'a aimée pour toujours...
"Des années après la guerre, après les mariages, les enfants, les divorces, les livres, il était venu à Paris avec sa femme. Il lui avait téléphoné. C'est moi. Elle l'avait reconnu dès la voix. Il avait dit : je voulais seulement entendre votre voix. Elle avait dit : c'est moi, bonjour. Il était intimidé, il avait peur comme avant. Sa voix tremblait tout à coup. Et avec le tremblement, tout à coup, elle avait retrouvé l'accent de la Chine. Il savait qu'elle avait commencé à écrire des livres, il l'avait su par la mère qu'il avait revue à Saïgon. Et aussi pour le petit frère, qu'il avait été triste pour elle. Et puis il n'avait plus su quoi lui dire. Et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort."Toute la solitude d'un amour conscient de lui même . Là est le partage , conserver la solitude qui fait du don de soi un acte de ferveur. Qui durera toute une vie pour les deux.
J'aime l'écriture sans fioritures de Duras. Merci de cette piqûre de rappel Eva.Lequel des deux amants est le plus cynique ?
Le séducteur patenté ou la vierge "innocente" ?Il faudrait que je lise "un barrage contre le Pacifique" oui, je vais avoir plus de temps à présent... J'ai toujours été un peu paresseuse... je butine, je butine... et puis je me disperse beaucoup en activités diverses, et je passe beaucoup de temps sur le web...
Je crois bien que je n'ai lu que ça de Duras : "L'amant"... probablement après avoir entendu parler du film. Je n'ai vu le film qu'après ma lecture. Vous définissez bien à la fois le style concis de Duras (je dirai même, le style si direct qu'il en est presque brutal). Le film aussi est sans fioriture... bien fidèle à l'esprit du livre. C'est probablement la voix de Moreau égrenant de façon neutre les mots de Duras, en voix off, qui rend bien cette fidélité à l'auteur. Bonne journée Colette, et merci de votre passage.
Il me semble que ça résume bien l'esprit du roman : beaucoup de solitude pour chacun des deux amants. Si tu suis le lien en bas du billet, il conduit à l'épilogue que j'ai cité il y a plusieurs mois, et qui m'avait émue tellement que longtemps après je n'avais retenu que ça de ce livre...
c'est un très court roman (autobiographique) et le film est assez fidèle au roman : c'est Jeanne Moreau qui lit le texte en voix off. Regarde-le s'il passe à la TV. C'est très beau. Marguerite Duras fut très belle autrefois (et Jeanne Moreau aussi !)
Pas facile de faire un commentaire quand on ne connait ni le film ni les écrits de cette dame !excellent texte Eva, tout le sens se trouve là...Bonne journée !
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Dans un livre-entretien de 1987 elle en dit ceci "une injonction très ancienne, la nécessité de se mettre là à écrire sans encore savoir quoi : l'écriture même témoigne de cette ignorance, de cette recherche du lieu d'ombre où s'amasse toute l'intégrité de l'expérience".
C'est si bien dit... Bonne soirée Eva !