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L'attente (Rainer Maria Rilke)
C'est la vie au ralenti,
c'est le coeur à rebours,
c'est une espérance et demie :
trop et trop peu à son tour.
C'est le train qui s'arrête en plein
chemin sans nulle station
et on entend le grillon
et on contemple en vain
penché à la portière,
d'un vent que l'on sent, agités
les prés fleuris, les prés
que l'arrêt rend imaginaires.
Rayner Maria Rilke (L'Attente, 1926)
Tags : poésie, vie
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Commentaires
lorsque l'attente est nouvelle, toute fraîche, lorsque l'attente est illusion, alors oui, c'est dans l'attente que naît le désir... Mais ce poème-là n'évoque pas cette impatience, ce poème décrit un "no man's land" où le sujet se perd, où le désir se perd de vue... C'est l'attente sans retour qu'on lit dans le regard des abandonnés dans la rue, dans le ruisseau de la vie...
N'est ce pas dans l'attente que nait le désir, et qu'est le meilleur de l'amour ? Je me disais...en cherchant ce poème sur le net, j'ai trouvé un extrait des Cahiers de Malte Laurids Brigge... traduits par... Gide ! Comme tu dis : "joie" et grand plaisir...
Rilke...Cité aussi hier soir à la belle manifestation à laquelle j'ai assisté. Et "ses" Lettres..., jamais loin chez moi, à porter de main. Bises Eva.Les amoureux de cette espèce sont rares tout de même ! Ce fut le cas du peintre Paul Delvaux qui attendit l'amour de sa vie jusqu'à l'âge de 40 ans ! Et pendant tout ce temps qui passa avant de la retrouver, il peignit des femmes mystérieuses au visage (toujours le même) qui l'attendaient dans les endroits les plus étranges... (quais de gare et ruines romaines !)
ils n'ont pas forcément une vie mauvaise... c'est juste que le bonheur leur a échappé à un moment...
Ils sont dans l'attente d'une vie meilleure alors, ici et maintenant ou plus loin et ailleurs !Il y a des êtres qui sont toujours dans l'attente... Ils n'attendent rien de précis... Rien de ce que tu pourrais imaginer. Ce sont les mêmes qui cherchent désespérément à combler un manque. Le manque de quelqu'un qui leur a fait défaut, au départ, ou au milieu... Ils ont l'impression d'être sur un quai et de regarder passer un train qui ne les prendra jamais. Ou bien ils sont dans le train, et ils traversent un paysage qui ne les concerne pas...
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L'histoire de Florentino Ariza contée par Garcia Marquez.
Dès le premier regard, il sut qu'elle serait sa femme mais à l'amour platonique des premières années, suit l'attente, une attente de plus de 50 ans ! Car la belle, contrainte par son père, en épouse un autre. Alors Florentino multiplie les aventures mais il attend toujours sa "déesse couronnée", rien n'est plus fort que ce sentiment amoureux et son attente ne sera pas vaine !
"La mémoire du coeur efface les mauvais souvenirs et embellit les bons et c'est grâce à cet artifice que l'on parvient à accepter le passé."
"Là où quelle que fut l'époque de l'année, c'était toujours avril."
Bonne journée, Eva !