• L'ombre des vivants.

     



    Où sont les Morts, les pauvres Morts abandonnés des vivants ?

    Ceux que personne ne vient plus fleurir, ceux qui sont oubliés depuis longtemps ?
    Ceux à qui l’on ne parle plus, ceux qui n’ont rien écrit, rien bâti, rien chanté ?
    Ceux qui errent dans les limbes, sans recours, sans espoir, sans amour…

    Et vous, les Immortels, vous les Créateurs de Merveilles, les avez-vous rencontrés ?
    Vous mes amis les peintres, les réchauffez-vous de vos couleurs,  comme vous éblouissez encore les vivants ?
    Vous mes amis les musiciens, pouvez-vous les apaiser autant que vous charmez les vivants ?
    Vous mes amis les troubadours, leur chantez-vous des récits, ainsi que vous faites pour les vivants ?
    Vous mes amis les poètes, les prenez-vous par la main, comme vous me prenez par le cœur ?

    Et toi, Marcello, sais-tu toujours sourire comme tu souriais au bord de la fontaine de Trévii ?
    Toi, Prévert tu ne peux pas avoir cessé de jouer avec les mots, et Boris de jouer du saxo…
    Toi, Federico qui « tiens de l’Ange » plus que jamais, es-tu devenu le Vent poursuivant Preciosa, le même qui emporte les cerfs-volants…
    Et toi, Gauguin qui peignit l’allée des Alyscamps, as-tu fini de souffrir ? Sais-tu enfin d’où tu viens, et où tu vas ?
    Et toi Picasso, es-tu devenu le Minotaure ?
     
    Mirò peint-il toujours des « femmes et oiseaux » ? Dona y ocell, ligne noire, ligne blanche…
    Goya, délivré des cauchemars de la folie, a-t-il enfin trouvé la paix ?
    Est-ce que Matisse caresse ses fulgurants collages bleus ?
    Est-ce que Verlaine est réconcilié avec Rimbaud ?
    Baudelaire est-il abîmé définitivement  dans la mélancolie ?
    Et Lewis Carol a-t-il rattrapé Alice courant après le Lapin Blanc ?
    Balthus est-il encore le « Roi des Chats », et Klimt le Prince du Baiser ?
    Modigliani et Jeanne Hébuterne sont-ils à jamais réunis ?
    Hadrien et Antinoüs s’aimeront-ils pour l’éternité ?
    L’âme fantasque et rebelle de François Augiéras dévale-t-elle les pentes des combes profondes, en  désordre et liberté comme il avait choisi de vivre ?

    Sur quels Champs Elyséens flânez-vous  mes amis ? Dans quel paradis êtes-vous désormais ?


    eva baila (copyright 2008 © )

     

    « Poèmes bleus (Georges Perros 1923-1978)Alfred Deller, le divin ! (haute-contre 1912-1979) »

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    24
    Dimanche 18 Novembre 2012 à 21:54
    Malheureusement personne n'a la réponse à tes questions!
    Très joli texte, bien trouvé!
    23
    Lundi 12 Novembre 2012 à 09:25

    ton lien n'est pas actif, et c'est dommage pour ceux qui voudraient te découvrir, donc je le remets ici : 

    http://toobanal.canalblog.com/archives/2012/11/11/25510494.html#c52506778 

    22
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 16:45

    les morts n'ont pas besoin des vivants, ce sont les vivants qui ont besoin des morts... et ce sont eux qui viennent à mon secours...

    21
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 16:44

    je ne sais pas si la vie n'a pas de sens autrement, mais pour moi, la mort est une complice...

    20
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 13:40
    Ils sont toujours là parmi nous! Bien morts et pourtant immortels.
    Bon dimanche lumineux et chal-heureux!
    19
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 12:46
    Pour écrire ainsi, il faut être "très cultivée" et tu l'es chère Eva ! En même temps tu ressuscites tous ces artistes à notre mémoire, mais le pauvre diable qui n'a pas connu la gloire, il ne faut pas l'oublier non plus ! Et c'est ce que tu dis. Combien sont-ils déjà partis et qu'on rejoindra bientôt pour former la chaîne des ancêtres de nos petits enfants !!! C'est pas très gai tout ça, mais que cela ne t'empêche pas de passer un bon dimanche.
    18
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 11:31
    A toutes ces questions moi j'ose répondre que oui sinon quel serait le sens de ces vies et c'est en évoquant tous ces morts qu'on leur donne l'immortalité.
    Se souvenir a pour éthymologie subvenire: se présenter à la mémoire mais aussi venir au secours
    17
    DAN
    Dimanche 11 Novembre 2012 à 08:47
    La mort se doit d'être considérée comme une amie, sinon c'est la vie elle même qui n'a plus de sens !
    16
    Lundi 9 Novembre 2009 à 14:35

    l'important n'est pas de savoir si la vie continue ailleurs... l'important est dans l'imaginaire, l'important est que mes amis, que mes amours m'accompagnent jusqu'à ma fin à moi...
    qu'ils m'accompagnent chaque instant, chaque seconde, parce que j'ai besoin d'eux...

    15
    Lundi 9 Novembre 2009 à 14:26
    Des questions auxquelles personne ne peut répondre malheureusement. Il faut juste espérer qu'une vie continue...ailleurs.
    14
    Samedi 7 Novembre 2009 à 20:29
    Une belle méditation mélancolique qui mêle si bien le passé à l'éternité...
    13
    Samedi 7 Novembre 2009 à 20:28
    Quel beau texte. Merci. Josy
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    12
    Samedi 7 Novembre 2009 à 18:27
    Bonsoir Eva. Tu as écrit un très beau texte en hommage à tous les disparus. Bonne soirée à toi,
    Brigitte
    11
    Samedi 7 Novembre 2009 à 16:12

    Michel, votre com me touche à plus d'un titre... 
    J'aime votre poésie, qui est reconnue, éditée, lue, qui accompagne avec bonheur votre peinture et vos photos.  Aussi j'éprouve quelque vanité à votre compliment final (puisque je sais que vous êtes sincère toujours).
    Le sujet de la Mort est celui qui me fascine le plus, puisqu'il est le seul grand sujet. La mort m'occupe chaque instant, derrière chaque larme versée, derrière chaque éclat de rire, derrière chaque menu plaisir ou chaque éblouissement de la vie... La Mort est aussi une aventure la plus individuelle qui soit, puisqu'elle est perçue différemment par chacun d'entre nous. Seule la séparation est cruelle et douloureuse... Mais la Mort est une douce amie, inéluctable et sans haine, elle me tend les bras, elle m'attend et je ne la redoute pas... 

    10
    Samedi 7 Novembre 2009 à 15:24
    Magnifique texte Eva et si vrai... Moi, qui depuis quelque temps suis confronté à la mort de ceux que j'aime, j'avoue que de se retrouver dans un cimetière offre la triste distance qui nous sépare de ces chers disparus. Il y a un mois, à la mort de ma mère, je les aimais tous, tous me navraient. Mon père était par là, ma soeur, mes tantes, des amis et les autres, les inconnus. Toutes ces fleurs, tous ces regards fermés, toutes ces bouches muettes sous la pierre vous donnent envie de rester là. C'est ce que je fis. Il faisait beau, même chaud, une fontaine chantait au loin et vivre ou mourir se confondait. Mais voilà, notre égoïsme reprend vite le dessus et on se retrouve à dîner, rire ou voyager, tandis qu’ils demeurent là-bas.
    Nous sommes éduqués dans la tristesse de la mort alors que nous aurions dû apprendre à la fêter… merci pour ce grand texte.

    Michel
    9
    Samedi 7 Novembre 2009 à 14:12
    C'est un texte superbe, Eva, qui nous mène loin, dans l'univers de ces artistes magnifiques, et je penses souvent, moi, dans les cimetières à ces tombes oubliées, toutes cassées, à ces enfants partis trop tôt, qui se soucie d'eux à présent ?
    Bonne soirée
    8
    Samedi 7 Novembre 2009 à 13:46

    Je ne pleure pas, la mort m'est familière, elle est mon amie, il n'y a rien à craindre d'elle...

    7
    Samedi 7 Novembre 2009 à 13:45

    Les petits me donnent des nouvelles des grands, vous l'avez bien dit... et les grands empêchent les petits de mourir tout à fait... Ils se rencontrent là-bas, comme moi je rencontre sur la toile des gens que je n'aurai jamais eu l'occasion de croiser...

    6
    Samedi 7 Novembre 2009 à 13:43

    Merci Philippe pour ton com élogieux... Ces personnages célèbres ou non sont mes amis et ne me quittent pas... Après tout, c'est cela l'immortalité : on ne meurt pas tout à fait tant que quelqu'un garde vivant le souvenir...

    5
    Samedi 7 Novembre 2009 à 13:38

    "participer au devenir d'un monde meilleur..." je souhaite que tu aies raison quant à la perspective d'un monde meilleur...

    4
    Samedi 7 Novembre 2009 à 10:27
    Tu prouves leur immortalité. Et en plus, tout les artistes s'identifient à eux, donc ils pensent à eux.
    Ne pleure plus Eva Baila.
    bisous
    clem
    3
    Samedi 7 Novembre 2009 à 09:30
    Mes plus sincères félicitations. Comment mieux décrire la rencontre au-delà des sans grade et des obscurs avec les ombres des morts connus ?
    Vous demandez aux petits des nouvelles des grands? Se sont-ils rencontrés ?
    2
    Samedi 7 Novembre 2009 à 09:23
    Wouaaah ! magnifique Eva... là tu m'épates, maintenant je pense que ; peut-être tous ces personnages célèbres ou pas ! ne sont-ils pas revenus parmi nous...
    Bravo et bon we Eva.
    1
    Samedi 7 Novembre 2009 à 08:47
    Les anonymes, les gens sans "importance" ont contribué tout autant que les leaders à ce que nous sommes aujourd'hui ... Dans la mer immense, chaque goutte d'eau a son rôle à jouer, et ce pour toujours. La vie ne meurt pas, elle se transmet, et chaque geste compte, même le plus banal ! L'essentiel est de participer au devenir d'un monde meilleur ...
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :