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Le dernier amour de Lorca (Romance, poème inédit)
C'est pour le Mexique que Lorca voulait partir, en compagnie de Juan Ramirez de Lucas (écrivain et critique d'art décédé en 2010). Ce dernier avait 19 ans, et étudiait à Madrid à l'époque où il rencontre Lorca, âgé de 38 ans. Ils avaient convenu de quitter l'Espagne en guerre, non sans aller dire adieu à leur famille respective. Mais Juan se heurte à son père qui refuse de lui fournir les papiers nécessaires à son départ (la majorité était alors à 21 ans). C'est donc cet amour pour Juan qui avait poussé Federico au départ précipité, et c'est avec patience que Lorca annonçait à son amant qu'il l'attendrait. Retardant d'autant leur fuite... Un délai qui coûtera la vie à Lorca, qui en août 1936 sera fusillé avec trois autres personnes.
Pour Manuel Francisco Reina, qui a pu prendre connaissance du contenu de cette boîte détenue secrètement par Juan Ramirez de Lucas, ce départ était une volonté réellement commune. "Federico ne voulait pas aller au Mexique sans son amour... Certaines personnes connaissaient cette histoire dans son ensemble, y compris les poètes Luis Rosales et Antonio Hernandez, qui me l'ont confirmé."
Le poème qui suit fait partie des souvenirs gardés par Juan Ramirez, dans la boîte, ainsi que d'autres documents du poète.
Aquel rubio de Albacete / Ce garçon blond d'Albacete
Vino, madre, y me miró / Il est venu, Mère, et il m'a regardé.
¡ No lo puedo mirar yo ! / Et moi, je ne peux pas le regarder !
Aquel rubio de los trigos / Ce blond comme les blés
Hijo de la verde aurora / Fils de la verte aurore
Alto, solo, y sin amigos / Délié, seul, et sans amis
Pisó mi calle a deshora / A marché dans ma rue à une heure tardive
La noche si tiñe y dora / La nuit se teinte et se dore
De un delicado fulgor / D'un éclat délicat
¡ No lo puedo mirar yo ! / Et moi, je ne peux pas le regarder !
Aquel lindo de cintura / Ce garçon à si belle allure
Sentí galán sin... / J'ai senti son charme sans...
Sembró por mi noche obscura / Il a semé dans ma nuit obscure
Su amarillo jazminero / Sa blondeur jasminée
Tanto me quiere y me quiero / Tant il m'aime, et tant je l'aime
Que mis ojos se llevó / Que mes yeux sont à lui.
¡ No lo puedo mirar yo ! / Et je ne peux pas le regarder !
Aquel joven de la Mancha / Ce jeune homme de la Manche
Vino, madre, y me miró / Il est venu, Mère, et il m'a regardé.
¡ No lo puedo mirar yo ! / Et moi, je ne peux pas le regarder !
Traduction de Jeanine Gran Riquelme : http://www.cendreetbraise.fr/
Lire aussi : https://www.letemps.ch/culture/2014/08/06/federico-garcia-lorca-loi-oubli
Tags : amour, Lorca
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Commentaires
3El duendeVendredi 25 Août 2017 à 19:59Une histoire folle... on est en 1936 en Andalousie... mais dans ce milieu d'artistes, toutes les barrières sont levées. Lorca avait eu une aventure sans lendemain avec Dali, qui lui se disait asexué !
Ma mère m'aurait dit "c'était son destin" . L'environnement conditionne le destin. Tu le vois.
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Vendredi 25 Août 2017 à 22:59
Non, avec Dali, il avait pris "un rateau"... Un milieu cruel... Buñuel non plus n'a pas été tendre : "Le chien andalou" l'avait tourné en dérision. Quant à l'exécution de Federico... mieux vaut n'en pas parler, c'était carrément un crime homophobe plus que politique. Tout a bien changé heureusement. Mais, ne nous y trompons pas : si on ne lapide plus les homosexuels, certains continuent à les détester... Quant au mariage pour tous, tu sais ce que j'en pense : j'ai toujours milité pour le mariage pour personne : le mariage n'est qu'une institution conventionnelle et bourgeoise destinée à protéger les biens matériels... L'amour oui, le mariage non !
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Nous ne guérirons donc jamais de Lorca...
Quelle douleur radieuse !
"C'était un éclair physique, une énergie en continuel mouvement, une joie, un vif éclat, une tendresse complètement surhumaine. Sa personne était magique et brune et elle appelait la félicité." Pablo Neruda.
Comment guérir de Lorca ? et comment la douleur ne serait-elle pas radieuse ?