• Le "façadisme" rouennais

     

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    "Au fond de la place du Vieux Marché se dresse un décor de carte postale qui aurait pu jouxter les maisons des frères Corneille. Mais l'envers du décor ? direz-vous. Rien, ou plutôt si , du béton presque encore frais. Car c'est une spécialité rouennaise de déplacer et de "replaquer" des façades, au demeurant dignes d'être conservées... sur du vide. Côte à côte, voici donc quatre spécimens. La maison Lewandowsky (XVe - XVIIe siècles) jadis au numéro 45 de la rue Orbe. A sa droite, la maison du teinturier Delle qui nous vient du n°29 de la rue Eau de Robec (époque Louis XV). Et enfin la maison des marchands-teinturiers Godebin, de style Louis XV et transplantée, elle aussi, du n°97 de la rue Eau de Robec. A deux pas de là, sur le côté méridional, la maison dite "A la Pâquerette", jadis à l'angle des rue des Charrettes et Harenguerie[...]

     

    Sauvegarde ou hérésie ? Objectivement, qu'allaient devenir ces façades lorsqu'on décida sans scrupule de raser des quartiers entiers pour cause d'insalubrité ? Au mieux, on les aurait expatriées, au pire, elles auraient terminé leur existence à la décharge publique comme ce fut le cas récemment pour un escalier à balustres Louis XIII de l'hôtel de Bourgtheroulde."

     

    source : "Flâneries à Rouen", Chemins de Traverse, Daniel Caillet, Edition Alan Sutton.

     

    (photo eva)


    « Bleu...Paris (Quartier Beaubourg) »

  • Commentaires

    15
    LM
    Jeudi 13 Février 2020 à 18:10
    LM

     

    Bonjour,

     

    Depuis quelques années, le façadisme, qui consiste à détruire un bâtiment ancien pour n’en conserver que les façades, parfois avec quelques autres éléments, est devenu très fréquent, de même que le bétonnage de ces édifices et de la France toute entière à travers ce que j’appelle l’« architecture RER », une architecture faite pour passer et consommer. De très nombreux édifices prestigieux de l’Hexagone sont touchés par au moins un de ces procédés, et parfois les deux, tout cela encouragé par la plupart des instances dirigeantes actuelles, et notamment la mairie de Paris qui ne se contente pas de les approuver et de les soutenir, mais qui achète aussi massivement des bâtiments anciens pour en faire des logements sociaux. La mairie souhaite que la capitale française contienne un quart des résidences principales constitué de logements sociaux. Des édifices entièrement classés sont aujourd’hui détruits… et cela même par les pouvoirs publics ! Ces derniers s’effacent de plus en plus pour laisser notre patrimoine être géré par des organisations privées comme les fondations, et vendent des édifices publics prestigieux tout en gaspillant l’argent public dans des projets aux coûts faramineux, coûts qui la plupart du temps dépassent largement les coûts prévisionnels. Tout cela est dissimulé derrière une novlangue rassurante parfois même ‘écologiste’, de façade, cachant ces malversations, ces destructions irrémédiables de notre patrimoine et le bétonnage de la France. Des dizaines d’exemples sont donnés dans ce livre. Il est temps que l’on considère la conservation du patrimoine bâti ancien comme une priorité environnementale, et que l’on réévalue la manière de l’aborder. La situation est tellement critique, que j’ai décidé d’éditer gratuitement le livre que je vous présente ici, écrit sur ce sujet et le fruit des constatations que j’ai faites ces dernières années.

     

    Le PDF est téléchargeable gratuitement ici :

     

    https://lamesure.fr/FacadismeEtArchitecturesRER.pdf

     

    Il est 100 % garanti sans virus, car entièrement réalisé par mes soins et hébergé sur le site que je gère là aussi de manière totalement autonome. Si cette manière de faire a ses avantages, elle a aussi ses inconvénients, et je vous prie d’être indulgent avec les erreurs et fautes qui peuvent s’être insinuées dans le texte qui n’est encore qu’à l’état de brouillon. N’hésitez pas à me communiquer vos remarques, corrections et témoignages. Et, s’il vous plaît, faites passer le lien !

     

    Je vous souhaite une très bonne lecture !

     

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    14
    Mardi 5 Juin 2012 à 10:33

    Si l'on a fait ça à Rouen c'est qu'il n'y avait pas d'autres solutions... Ils sont très inventifs en matière de conservation du patrimoine...

    13
    Mardi 5 Juin 2012 à 09:17
    C'est effectivement navrant, ça fait penser aux "villages Potemkine", mais d'autre part, s'il n'y avait pas vraiment, mais alors vraiment de chez vraiment une autre solution...
    12
    Dimanche 3 Juin 2012 à 16:14

    Rouen est une ville merveilleuse : contrairement à beaucoup d'autres belles villes de France, elle n'est ni une ville musée, ni une ville administrative en son centre historique : c'est une ville vivante, dont tous les immeubles anciens (certains datant du Moyen Age) sont réellement restaurés et habités. La place du Vieux Marché décrite ici est une exception avec les façades déménagées (l'autre alternative étaient qu'elles étaient vouées à la décharge)

    11
    Dimanche 3 Juin 2012 à 13:39
    bah, ce façadisme est une hérésie, mais donne tout de même un cachet dont on ne peut pas se passer, me semble-t-il...Je ne connais pas la ville EVA
    10
    Samedi 2 Juin 2012 à 00:12

    Bien sûr Carole, et comme je le disais à Alain, le centre historique de Rouen est très riche en immeubles sauvegardés...

    9
    Samedi 2 Juin 2012 à 00:09

    J'ai été surprise de lire l'histoire de ces façades déplacées. J'ignorais complètement ceci qui est particulier à cette place. Je suis évidemment de ton avis Alain, et bien heureusement à Rouen, il reste dans le centre historique des quartiers entiers qui ont été sauvegardés intégralement. Merci de ta visite et grosses bises ! 

    PS : je crois bien que je vais me remettre à la peinture !

    8
    Vendredi 1er Juin 2012 à 23:31
    Cela s'est fait aussi à Nantes, pour aménager des hôtels par exemple. Mais il est vraiment dommage de ne pas entreprendre de véritables restaurations, car une maison, ce n'est pas qu'une façade, non ?
    Carole
    7
    Vendredi 1er Juin 2012 à 14:01
    Très intéressante ta série sur Rouen !
    Personnellement je ne suis pas du tout d'accord avec les destructions de toutes sortes : même si on déplace un immeuble pour le "sauvegarder", on détruit quand même ses origines, son histoire, sa raison d'être, tout ce qui fait sa valeur . Il n'en reste plus qu'une façade en âme et à mes yeux sans valeur ...
    Amitiés,
    AM
    6
    Vendredi 1er Juin 2012 à 09:44

    oui Dan, avec plaisir : montre-nous pour Le Havre. Mais ce que j'en disais, c'était à Rouen où les façades étaient vraiment déplacées d'un quartier dans un autre... Bonne journée à toi 

    5
    DAN
    Vendredi 1er Juin 2012 à 00:15
    Non non Eva, justement les façades RESTE sur place, le bâtiment devient une coquille vide, et l'on construit derrière de nouveaux logements, si j'avais pu ici je t'aurais mis des photos de cette technique !
    4
    Vendredi 1er Juin 2012 à 00:08

    c'est déjà bien ça ! Tout de même ça doit en demander du travail de transporter des façades !! Je n'aurais même pas imaginer ça possible si je ne l'avais pas lu dans ce petit bouquin en référence...

    3
    DAN
    Jeudi 31 Mai 2012 à 23:53
    Chez nous il y a deux exemples de façadisme, mais pas comme à Rouen, en fait on ne conserve que les façades d'un immeuble, et l'on reconstruit de nouveaux logements derrière cette façade conservée, ça permet de garder certain témoin architecturaux du passé, mais c'est si peu, si peu...
    2
    Jeudi 31 Mai 2012 à 23:44

    tu vois, depuis le temps que je me balade à Rouen, je ne connaissais pas encore cette histoire-là ! c'est étonnant non ? Du tape à l'oeil ! Mais... de bon goût ! C'est décidément une place où la récupération est reine puisque l'église St Jeanne d'Arc dont je raconte l'histoire sur un autre billet, est une église contemporaine dans laquelle on a replacé des vitraux d'une église bombardée...

    http://eva.baila.over-blog.com/article-rouen-place-du-vieux-marche-et-l-eglise-ste-jeanne-d-arc-51306972.html

    1
    DAN
    Jeudi 31 Mai 2012 à 23:35
    Ici, au Havre, on démoli d'abord, on discute ensuite, et c'est irréversible....hélas...
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