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Le jardin médiéval du Château-Dauphin à Pontgibaud.
En 1580, Michel de Montaigne s'arrête à Pontgibaud en rentrant d'un voyage en Suisse. Il note alors dans son journal :
"Je passais à Pontgibaud, où j'allais saluer en passant Madame de La Fayette, et fus une demi-heure dans sa salle... Le jardin petit, quarré, où les allées sont relevées bien de 4 ou 5 pieds : les carreaux sont en fons, où il y a force fruitiers et peu d'herbes, les côtés desdicts carreaux ensein enfoncés, revêtus de pierre de taille."
Cette description par Montaigne d'un potager organisé en carrés ceinturés de murs et d'allées surélevées correspond bien à la structure générale du jardin que j'ai photographié ici...
L'embellissement des jardins s'est poursuivi au XVIIIe siècle avec la création d'une terrasse qui recevra le jardin d'agrément et l'apparition de deux bassins circulaires qui participent à l'ornementation du jardin tandis que la partie Est du jardin fut traitée en bosquets d'arbres.
Le jardin est classé "Monument Historique" en 1995. Dans le même temps, une étude de restauration est élaborée et la programmation des travaux est lancée. Ansi la restauration du jardin d'agrément et du verger potager ont été réalisés en 1996, puis la réfection et la consolidation des murs du potager en creux a commencé et se poursuit aujourd'hui encore.
Les jardins vivriers du château de Pontgibaud sont avant tout remarquables pour leur potager. D'une superficie de 9000m², soumis à une organisation géométrique en carrés, leur structure en creux remonte au moins au XVIe siècle. Ceinturés de murs de soutènement, ceux-ci sont réglés à des profondeurs différentes, donnant des jardins plus ou moins chauds propices à différentes cultures potagères. Ils sont donc le témoignage d'une recherche de résultats agronomiques dans une région aux conditions climatiques difficiles : volonté d'élargir la période de culture et de produire des fruits et des légumes variés, et ce, dès la fin du Moyen Age. Le dessin général des jardins était à l'origine souligné par des plantations de fruitiers soit en espalier dans le potager en creux, soit en forme libre.
Le Comte César 1er entreprend au XVIIIe siècle l'embelllissement de ses jardins et fait disposer l'actuel bassin circulaire au centre du potager pour lui apporter la noblesse qu'il mérite. Celui-ci, recevant les eaux d'une source, permettait également d'alimenter, par son trop plein, les bacs en pierre disposés dans chaque carré pour l'arrosage.
On peut voir ci-dessous, dans la partie la plus ancienne du jardin, la technique du fascinage (tressage végétal) pour délimiter les parterres de simples et de plantes aromatiques. On retrouve souvent cette technique dessinées sur les images médiévales pour figurer des clôtures, et c'est aussi une technique toujours employée pour contenir les berges des rivières et des ruisseaux.
photos eva, juillet 2013
(à suivre)
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Commentaires
Merci de ce billet si documenté et bien illustré.
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C'est sans doute la plus belle surprise de ces dernières vacances... un jardin médiéval ! comme sur les enluminures des riches heures du Duc de Berry !