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Le violon d'Ingres de Man Ray
Dans ses mémoires, Man Ray raconte qu'Alice Prin, dite "Kiki de Montparnasse", refusait de poser pour lui, parce que disait-elle "Un photographe n'enregistrait que la réalité". Relatant sa réponse à Kiki, Man Ray poursuit : "Pas moi... je photographiais comme je peignais, transformant le sujet comme le ferait un peintre. Comme lui, j'idéalisais ou déformais mon sujet". Le Violon d'Ingres illustre particulièrement ces propos : une photographie à mi-chemin entre la peinture et la photo.
Le corps de Kiki, vu de dos, ainsi que la position de sa tête coiffée d'un turban oriental, rappelle l'un des personnages de la toile "Le Bain Turc" d'Ingres. Deux ouïes dessinées à la mine de plomb et à l'encre de chine métamorphosent le corps de la jeune femme en violon. D'autre part l'expression "avoir un violon d'Ingres", c'est à dire un hobbie, rappelle qu'Ingres était un fervent violonniste. Man Ray entend aussi révéler l'érotisme de Kiki et sa propre passion pour celle-ci : elle est son "violon d'Ingres" et on peut penser à "l'amour fou" d'André Breton.
Le rapprochement d'un corps de femme et d'un violon illustre le principe de la rencontre cher aux surréalistes : association de mots, de formes et d'objets.
Tags : surréalisme, photo
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Commentaires
16coletteVendredi 8 Août 2014 à 18:09Une exposition Diego Rivera Frida Kahlo est prévue au Musée de L'orangerie à l'automne 2013.
C'est gentil ce que vous écrivez et c'est vrai que les rares blogs que je fréquente agrémentent bien ma solitude mais il me vient une question sans doute très naïve, tout ce petit monde de convivialité qui vous suit et vous entoure, n'existe-t-il que sur la toile ou bien vous permet-il de tisser d'autres liens ?les deux mon cher ! C'est incroyable comme le dos des femmes peut fasciner les peintres et les photographes ! (ce tableau de Dali représentant Gala dans la même position..
http://eva.baila.over-blog.com/article-32781277.html
Cher aux surréalistes ou chair à surréalistes ?en effet, je n'avais pas vu ! Mille mercis vraiment ! Tu as une vraie banque de photos ! Quelle joie !
Retrouvée et envoyée, cette nuit par mail... Nous nous croisons.ah Nathanaël !... c'est une chevelure comme un fleuve, comme une source, une cascade silencieuse...
Il me semble l'avoir aperçue quelque part, si je la trouve ...bonsoir Eva.Il y a une photo de Man Ray qui s'appelle "la chevelure"... Peut-être la connais-tu ? Malheureusement je n'ai pas trouvé cette photo sur le web, et de plus, elle doit être protégée par les droits d'auteur, il n'est pas certain qu'elle soit dans le domaine public... Dommage... C'est une photo fascinante et j'aurais aimé mettre des mots dessous...
à vrai dire, les rencontres se concrétisent rarement. Les amitiés sont souvent passagères, elles n'en sont pas moins sincères, mais dans la vraie vie, c'est souvent la même chose : les aléas du quotidien font que les gens sont souvent séparés. Cependant, il faut se dire que ce qui est donné n'est jamais repris, et c'est déjà ça ! On se fait un signe de la main, on fait un bout de chemin ensemble, et puis, la vie nous sépare : la vraie vie ou la vie imaginaire... Il faut se dire aussi qu'on peut être très seul, même lorsque l'on est très entouré... Ce que j'aime, c'est le rêve, la beauté, les échanges d'idées sur la poésie, l'art, les voyages... ça me console du morne quotidien.
Pour en revenir à cette expo à Paris à l'automne prochain, je suis bien aise d'en apprendre l'existence, mais je crains fort que cela soit encore comme l'expo Hopper de ces derniers jours ! Et ma foi, je ne suis pas prête (même si j'ai le temps) à passer 4h debout dans le froid du petit matin, pour attendre mon billet de musée !... Même pour Frida et Diego !Dan m'a piqué mon commentaire !
Il me reste le vibrato de cet article qui résonne avec ferveur. Rien n'est anecdotique ou véniel dans la pure démarche artistique, il s'exprime toujours quelque chose de constitutif, de fondamental, ici encore tu nous en fait la démonstration. Merci Eva.Merci pour cette belle leçon d'histoire de l'art chère Eva !Un joli tableau ce matin, pour éveiller le désir des hommes ! Tu sais y faire chère Eva. BisousLa vie est pour certains êtres une somme de souffrances indicibles, et Frida est de ceux-là, elle qui a souffert dans sa chair martyrisée, et dans son coeur bafoué par son grand amour Diego Rivera... Frida me fascine par son désir de vivre malgré tout, malgré l'horreur de la condition humaine, Frida fut une battante, une artiste et une femme engagée. Colette, je veux vous remercier pour vos com très pertinents et très sensibles, ce sont par des visiteurs comme vous que vivent les blogs. Sans les com, les blogs ne sont rien. Avec les com ils deviennent des lieux d'échanges intelligents et amicaux.
Je veux terminer ma réponse en disant que la lumière de Frida éclaire toujours par delà sa disparition : même Rivera (infidèle) n'a pu renoncer à la lumière de Frida...
http://eva.baila.over-blog.com/article-frida-kahlo-49430383.htmlah ah ah ! Il y a des femmes comme ça qui sont très douées pour faire vibrer les archets !
Trêve de fétichisme, (et d'anti-féminisme) je dois dire que j'ai toujours été fascinée par la vision très érotique (et sacrée) du violoncelliste tenant amoureusement son instrument entre ses bras, entre ses jambes, contre son coeur, la tête penchée, à l'écoute de la musique qui se joue conjointement... Bonne journée Dan !Il y a des moments ou j'aimerai bien être un archet quand même...;-)
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Et pourtant moi je pense au corps non plus sublimé mais meurtri. André Breton et pourquoi ? Frida Kahlo même si je crois que cette dernière n'était pas très heureuse au milieu des surréalistes.
Et toujours les mots, quelques phrases notées lors de la diffusion d'un documentaire sur Arte l'an dernier qui lui était consacré "j'aimerais que mon soleil te touche" ou "je continuerai toujours à t'écrire avec mes yeux".