• Les aventures d'Alice au Pays des Merveilles.

     

    Alice Liddell photographiée en 1860 par Lewis Carroll.

     

    En suivant Lapin Blanc

     

    Alice commençait à en avoir assez, d'être assise sur ce banc, près de sa soeur, à ne rien faire; elle avait bien jeté un ou deux coups d'oeil sur le livre que celle-ci lisait, mais il n'y avait dans ce livre ni gravures ni dialogues.

    "A quoi peut bien servir un livre où on ne trouve ni images, ni conversations ? " pensait Alice.

    Elle réfléchissait, péniblement d'ailleurs, cette journée était si chaude et l'on avait tellement envie de dormir ! Cela valait-il la peine de se déranger pour cueillir des pâquerettes et s'amuser à en faire des guirlandes ? Soudain un lapin blanc aux yeux roses la frôla en courant. 

    Alice ne trouva là rien d'extraordinaire, pas plus que d'entendre murmurer au lapin blanc : 

    - Mon Dieu ! mon Dieu ! je vais être en retard !

    Plus tard, quand elle y réfléchit, il lui sembla qu'elle aurait dû s'étonner, mais sur le moment tout cela lui sembla naturel.

    Tout de même, Alice bondit quand elle vit le lapin sortir une montre de son gilet, la regarder et courir de plus belle, car vraiment elle ne se rappelait pas avoir vu un lapin avec une montre et un gilet.

    Dévorée de curiosité, elle courut après lui, à travers champs, et arriva juste à temps pour le voir disparaître dans un grand terrier sous une haie; aussitôt Alice le suivit, sans réfléchir une seconde à la façon dont elle pourrait en sortir.

    Le terrier se continuait d'abord en tunnel, puis Alice tomba dans un puits profond avant d'avoir même pu voir qu'il existait.

    Etait-ce sa chute qui était lente ou le puits très profond ? Car pendant qu'elle glissait, elle eut tout le temps de regarder autour d'elle et de se demander ce qui allait lui arriver.

    Il faisait beaucoup trop noir pour voir le fond et se rendre compte où elle allait; alors elle regarda les parois du puits et vit qu'elles étaient remplies de buffets et de rayons; ça et là pendaient des tableaux et des cartes de géographie.

    Elle saisit au passage, sur l'un des rayons, un pot étiqueté "Marmelade d'oranges" mais à son grand désappointement il était vide ; elle ne voulut point le jeter, de crainte de tuer quelqu'un en dessous, et le remit en passant dans un buffet.

    "Eh bien ! pensa Alice, après une chute pareille je n'aurai plus peur de tomber dans l'escalier ! Comme ils me trouveront brave à la maison ; même si je tombais du toit je ne dirais rien !" (Ce qui paraît vraisemblable.)

                             

    Lewis Carroll (Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles)


     

    Alice in Wonderland Illustr.Peter Newel


    Illustration Peter Newell

     

    Alice Liddell, inspiratrice de ce conte, fut photographiée par Lewis Carroll en 1860. C'est une enfant de dix ans, "curieuse, extravagamment curieuse" selon Lewis Carroll. Ce trait de caractère en fait l'exploratrice idéale, d'une insouciance totale, étourdie et rêveuse...Mais aussi d'une courtoisie exemplaire, patiente et attentive qui s'arrête souvent pour entendre ce que chaque personnage a à lui dire : elle revient pour entendre la dernière phrase du Ver à Soie, elle écoute les chansons de Tweedledee et Tweedledum, les plaintes de la Tortue-Fantaisie, et tente même de comprendre les discours illogiques du Chapelier, du Lièvre de Mars et du Loir... 


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  • Commentaires

    6
    Mardi 10 Avril 2012 à 09:06

    ah oui ? toi aussi ?   

    5
    Mardi 10 Avril 2012 à 00:13
    Toute mon enfance, Eva !
    4
    Vendredi 6 Avril 2012 à 10:40

    Oui, j'ai voulu montrer ici qui était la véritable Alice... et comment Lewis Carroll avait immortalisé cette petite fille ! Lorsque j'étais tout petite, j'ai longtemps cru que c'était possible de suivre un lapin blanc dans un terrier et d'y rencontrer des personnages..."burlesques" !  Pour la simple et bonne raison, que j'ai mis un temps fou avant de lire la fin du conte (qui révèle le pot-au-roses) !  

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    3
    Vendredi 6 Avril 2012 à 09:57
    Walt Disney dans Alice troque l'inquiétant pour le burlesque.
    Moi ce que j'aime par dessus tout, c'est le portrait très Comtesse de Ségur d'une petite fille rêveusement triste
    2
    Dimanche 1er Avril 2012 à 17:54

    Je n'aime ces aventures d'Alice qu'en livre... Je n'aime pas trop ce que Disney en a fait....

    1
    DAN
    Dimanche 1er Avril 2012 à 00:21
    Un roman qui a donné lieu à de multiples "copies" inspiré de ce récit, mais l'adaptation qui restera dans les mémoires, outre le livre lui même c'est le film qu'en a tiré Walt Disney, avec le même titre !
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