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Les nympheas de Monet.
Chaque matin et chaque après-midi il visitait le jardin d'eau pour regarder s'ouvrir et se refermer les fleurs de nénuphars ; contre les images luisantes dans le miroir sur lequel elles reposent, il les considérait des sujets suffisants - d'abord pour la méditation, pour la création ensuite.
"Dans cet infini, l'eau et le ciel n'ont ni fin, ni commencement, nous semblons assister à une des premières heures du monde. C'est mystérieux, poétique, délicieusement irréel, la sensation est étrange. C'est un malaise et un plaisir de se voir entouré d'eau de tous côtés sans en être touché." (Gimpel et Bernheim)
"Toute la journée, je travaille sur ces toiles nous dit Monet, on me les apporte les unes après les autres. Dans l'atmosphère une couleur réapparaît qu'hier j'avais trouvée et esquissée sur une de ces toiles. Vite on me les passe et je cherche autant que possible à fixer définitivement cette vision, mais, en général, elle disparaît aussi rapidement qu'elle a surgi, pour faire place à une autre couleur déjà posée depuis plusieurs jours sur une autre étude qu'on met presque instantanément devant moi, et comme cela toute la journée."
"Je n'en dors plus. La nuit, je ne cesse d'être hanté par ce que je tente de réaliser. Je me lève brisé de fatigue chaque matin. Le jour qui point me rend le courage. Mais mon anxiété renaît dès que j'ai posé le pied dans mon atelier... Moi, je ne sais pas... C'est si difficile, la peinture. Et torturant. L'automne dernier, j'ai brûlé six toiles en même temps que les feuilles mortes de mon jardin. C'est à désespérer. Je ne voudrais tout de même pas mourir avant d'avoir dit tout ce que j'avais à dire ; ou du moins d'avoir essayé de le dire. Et mes jours sont comptés... Demain peut-être..."
Tags : peintres
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Commentaires
Il faut les voir dans la rotonde du Musée de l'Orangerie... C'est étourdissant de beauté ! Merci ma chère Odile, douce nuit à toi...
21odileMardi 18 Novembre 2014 à 20:17Monet est parvenu à fixer au mieux ces moments fugaces où le ciel rencontre l'eau.Ces paroles d'artiste sont émouvantes, autant que ses toiles, je ne me lasse jamais de les redécouvrir !
merci !Je crois que d'autres peintres brûlaient leurs toiles parfois... Les grands peintres sont rarement satisfaits de leur travail... Bisous Danae
Il a brûlé de ses toiles, dommage, maintenant elles vaudraient une fortune !!! J'adore ces peintures qui permettent d'être en osmose avec la nature. Passe une belle journée EvaSi j'avais des nénuphars dans mon jardin, c'est sûr, chaque jour j'assisterais aussi à leur floraison.C'est vraiment très beau. Merci Eva pour ce partage d'eau. bises. Dominiqueah ah ah ! je n'avais pas pensé aux ragondins ! A présent, ils doivent s'en donner à coeur joie, et donner du fil à retordre aux gardiens du Musée-maison-jardin !!
Quelle belle capture de ces éléments fluides que sont la lumière et l'eau pour nimber les nymphéas de façon aussi impalpable.
Les nymphéas de Monet avaient de la chance que les ragondins n'aient pas encore été introduits dans le Vieux ContinentUne recherche inlassable de la perfection, un peu à la manière d'un van Gogh ou d'un Cézanne, ces hommes sont des modèles pour tous les peintres et amateurs de peinture !Il s'est inlassablement évertué à rendre la fragile beauté des fleurs, les sublimes reflets dans l'eau, la somptueuse lumière... et nous ne nous lassons pas non plus de les regarder, subjugués par tant de précision, tant de magie née de cet artiste. Merci pour les textes qui accompagnent.Oui, c'est ce qui m'intéresse le plus après l'oeuvre... Pourquoi et comment il a peint ceci ? Dans quel état d'esprit, et au prix de quelles douleurs ?.. C'est ce qui me pousse à copier parfois : entrer dans sa tête, suivre sa main, voler un peu de son âme...
Somptueux. Quelle merveille de découvrir l'intériorité de cet artiste! Merci Eva!!!!!!!!!!!!!
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J'ai adoré le jardin de Monet à Giverny et sa maison, si intime. Je trouve sublimes les "petits tableaux" représentant des nymphéas, mais j'ai été extrêmement déçue par la rotonde du musée de l'Orangerie. Ces tableaux immenses où les couleurs se brouillent ... on ne distingue plus rien...