• la courbe de tes yeux 3

    La Courbe de tes yeux

    La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
    Un rond de danse et de douceur,
    Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
    Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
    C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
    Feuilles de jour et mousse de rosée,
    Roseaux du vent, sourires parfumés,
    Ailes couvrant le monde de lumière,
    Bateaux chargés du ciel et de la mer,
    Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
    Parfums éclos d'une couvée d'aurores
    Qui gît toujours sur la paille des astres,
    Comme le jour dépend de l'innocence
    Le monde entier dépend de tes yeux purs
    Et tout mon sang coule dans leurs regards.

    - entre Oct. 1924 et aout 1926 -

    Paul Eluard " Capitale de la douleur "

     

     

     


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  • J'ai rêvé tellement fort de toi,
    J'ai tellement marché, tellement parlé,
    Tellement aimé ton ombre,
    Qu'il ne me reste plus rien de toi.
    Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres,
    D'être cent fois plus ombre que l'ombre,
    D'être l'ombre qui viendra et reviendra
    Dans ta vie ensoleillée.

    Robert Desnos (1900-1945)

    photo Etretat eva baila ©
    http://eva.baila.over-blog.com/article-20273823.html

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  • volutes 3



    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

    D’une femme inconnue ,et que j’aime, et qui m’aime,

    Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

    Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

     

    Car elle me comprend, et mon cœur, transparent

    Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème

    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

     

    Est – elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore

    Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore

    Comme ceux des aimés que la vie exila.

     

    Son regard est pareil au regard des statues

    Et, pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a

    L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

                                                           

                                                             Paul Verlaine

    Azalée


    photo eva ©  décembre 2009
     

     


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  • Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
    Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
    Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
    Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
    Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

    La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
    Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
    Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
    Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
    Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.
    ....
    Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
    Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
    Et mon esprit subtil que le roulis caresse
    Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
    Infinis bercements du loisir embaumé !
    ....
    Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
    Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
    Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
    N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
    Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

    Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal) 

    Illustration : Dante Gabriel Rossetti (Monna Vanna)


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