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Mélancolie
"Sa demeure est dans la Beauté - mortelle condition ;
Et dans la Joie, dont la main esquisse à ses lèvres
Un éternel adieu ; et dans le douloureux Plaisir,
Qui se change en poison tandis que la bouche, abeille,
L'aspire : oui, au temple même de la Félicité,
La Mélancolie voilée trouve un sanctuaire souverain
Que seul sait voir celui qui peut, d'une langue vive,
Faire éclater les raisins de la Joie contre son fin palais ;
Son âme goûtera le triste pouvoir de la Déesse
Et deviendra l'un de ses trophées de nuages."
John Keats (in Les Odes traduction Alain Sued, Editions Arfuyen)
Illustration : young girl in green and red - Balthus 1939
Tags : poésie, peintres
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Commentaires
La première fois que j'ai vu en vrai un Balthus, c'était à Beaubourg (La Chambre Turque). J'avais vu sur ton blog que tu étais lié à Beaubourg à une période (mais je n'ai pas pu retrouver le billet)... Ce tableau d'un grand format m'avait fascinée, à plus d'un titre, le sujet, la texture, les couleurs... Une admiration définitive !
Bonjour Eva. Décrypté ainsi, je comprends mieux, je ne recherche pas assez souvent la compagnie des poètes ! Et la mélancolie ne m'est pas bonne conseillère! Quant à la jeune fille, elle semble effectivement tout affronter du regard.Ces mots trouvent en moi, à qui la mélancolie est consubstantielle un véritable écho.
Balthus aussi d'ailleursJe n'ai pas vu le film que tu évoques. Chaque mot de ce poème pince une corde sensible pour moi... Balthus que j'adore a peint ici une très jeune fille qui semble dire "plus tard, je serai ce que je suis maintenant : ni plus ni moins, entre le rouge et le vert, "dans la Beauté" et "dans la Joie"... et dans "le douloureux Plaisir"... Bonne journée Colette...
Pour ce billet, c'est l'image qui m'a guidée. J'aime beaucoup cette toile de Balthus. J'aime le contraste entre le visage serein et déterminé de la très jeune fille, et la violence du couteau planté dans la miche de pain. "Mortelle condition" de la femme vouée aux "trophées de nuages"... Bonne journée Dan !
Dans le film Bright Star, Jane Campion évoquait la vie du poète John Keats. J'avais aimé la beauté formelle de ce film, j'avoue être moins sensible aux mots du poète. Bonne journée Eva !Cela ne doit pas être facile de trouver une peinture ou un dessin en rapport avec un texte !
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oui Colette, "elle semble tout affronter du regard"... tranquillement, avec sérénité et détermination...