• Nizar Qabbani (Poème à Balkis)

     

    Balkis

     

    "Balkis, tu nous manques... tu nous manques...

    Tu nous manques...

     

    La maisonnée recherche sa princesse

    Au doux parfum qu'elle traîne derrière elle.

    Nous écoutons les nouvelles,

    Vagues nouvelles sans commentaires.

     

    Balkis, nous sommes écorchés jusqu'à l'os.

    Les enfants ne savent pas ce qui se passe,

    Et moi je ne sais pas quoi dire...

     

    Frapperas-tu à la porte dans un instant ?

    Te libéreras-tu de ton manteau d'hiver ?

    Viendras-tu si souriante et si fraîche

    Et aussi étincelante

    Que les fleurs des champs ?

    [...]

    Balkis ! les détails de nos liens m'écorchent vif,

    Les minutes et les secondes me flagellent de leurs coups,

    Chaque petite épingle a son histoire,

    Chacun de tes colliers en a plus d'une,

    Même tes accroche-coeur d'or

    Comme à l'accoutumée, m'envahissent de tendresse.

     

    La belle voix irakienne s'installe sur les tentures,

    Sur les fauteuils et les riches vaisselles.

    Tu jaillis des miroirs

    Tu jaillis de tes bagues,

    Tu jaillis du poème,

    Des cierges, des tasses

    Et du vin de rubis.

     

    Balkis, si tu pouvais seulement

    Imaginer la douleur de nos lieux !

    A chaque coin, tu volettes comme un oiseau,

    Et parfumes le lieu comme une forêt de sureaux.

     

    Là, tu fumais ta cigarette,

    Ici, tu lisais,

    Là-bas tu te peignais telle un palmier,

    Et, comme une épée yéménite effilée,

    A tes hôtes tu apparaissais.

     

    Balkis, où est donc le flacon de Guerlain ?

    Où est le briquet bleu ?

    Où est la cigarette Kent 

    Qui ne quittait pas tes lèvres ?

    Où est le hachémite chantant

    Son chant nostalgique ?

    [...]

     

    Balkis, ô ma bien-aimée bue jusqu'à la lie !

     

    Les faux prophètes sautillent

    Et montent sur le dos des peuples,

    Mais n'ont aucun message !

     

    Si au moins ils avaient apporté

    De cette triste Palestine

    Une étoile

    Ou seulement une orange,

    S'ils nous avaient apporté des rivages de Ghaza

    Un petit caillou,

    Ou un coquillage,

    Si depuis ce quart de siècle

    Ils avaient libéré une olive

    Ou restitué une orange,

    Et effacé de l'Histoire la honte,

    J'aurais rendu grâce à ceux qui t'on tuée

    O mon adorée !

    Mais ils ont laissé la Palestine à son sort

    Pour tuer une biche !

     

    (Extraits du poème à Balkis de Nizar Qabbani)

     

    Balkis http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1063

     

     

     

     

    « Balkis (Nizar Qabbani)Fantasme... »

  • Commentaires

    5
    Vendredi 22 Juin 2012 à 21:52

    Tant mieux Bernard ! Je te souhaite un bel été et j'espère (comme tous tes camarades de blog) encore beaucoup de photos de nos petits amis les écureuils de Pau !

    4
    Vendredi 22 Juin 2012 à 08:21
    Une jolie découverte ce poète. Pour répondre à ton commentaire, tout va bien Eva, du boulot à la maison. Bonne journée.
    3
    DAN
    Vendredi 22 Juin 2012 à 08:03
    C'est vrai tu as raison, je me suis pourtant couché moins bête hier ! (rire)
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Jeudi 21 Juin 2012 à 23:50

    Voyons Dan ! aujourd'hui, ce n'est plus un monde inconnu ! 

    1
    DAN
    Jeudi 21 Juin 2012 à 23:21
    Idem que précédemment !
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :