• Os de seiche (Eugenio Montale 1896-1981)

     

    Os de seiche (Eugenio Montale)

     Eugenio Montale, poète italien filmé chez lui, répond aux questions posées par Pierrre André Boutant sur sa poésie, son passé, l'influence de la Ligurie dans son inspiration poétique, les poètes italiens, ceux qu'il a cotoyés, d'Annunzio, Sbarbaro, Quasimodo, ceux du Mouvement Hermétique, et ceux qui l'ont influencé, Dante, Cavalcanti, Leopardi. Il évoque ses goûts littéraires, en particulier Shakespeare dont il a traduit cinq pièces, son intérêt pour la musique, ses interrogations métaphysiques, sa tristesse et son attrait pour la solitude, le statut de poète qui ne peut être un métier, son plus fameux recueil "Os de seiche". Il témoigne de la vie de l'intelligentsia italienne sous le fascisme, de sa mise à l'écart par le régime qui lui valut 10 ans de "chômage", pendant lesquels il devint traducteur, de l'évolution de sa poésie durant cette période et après le décès de sa femme, de sa vie pendant la guerre. Il conclut sur sa vision de la société moderne qui aliène l'individu, et celle d'une fin du monde probable "bestiale, stupide" éloignée du religieux.

     

     

     

    Reconnu comme l'un des plus grands poètes italiens du XXe siècle, Montale est resté pendant longtemps ignoré en France. Cela tient sans doute aux difficultés linguistiques  expressives et rhétoriques de la poésie montalienne. Depuis la parution de la traduction de ses poèmes chez Gallimard, la lecture du poète ligurien n'a cessé de croître. Cependant Jean-Charles Vegliante a mis en accusation le monopole de Gallimard, qui empêcha d'autres tentatives de traductions. Vigliante, identifie dans la mimesis du rythme, de la musicalité et de la métrique d'origine l'approche sans doute la plus juste d'un texte poétique. 

       

    J'hésite toujours à donner à lire les traductions des poètes... Comme Lorca, Montale est intraduisible (pour des raisons tout à fait différentes). Il m'a paru plus intéressant de partager cette video où il se met à nu, avec une grande simplicité. La simplicité est l'élégance des plus grands, il m'a touchée au plus profond de l'âme. Encore un poète qui n'écrivait pas pour moi... (ou plutôt, qui ne le savait pas) et qui m'a trouvée tardivement, mais définitivement. Gianfranco Contini écrivait de "Ossi di seppia" que c'est un inventaire de non être "inventorio di non essere".

    La video est un peu longue (50 mn) mais Montale se livre entièrement. Il nous dit que "Os de seiche" équivaut à "Feuilles mortes" et que son idéal de l'amour est celui de Dante pour Béatrice...

     

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  • Commentaires

    13
    Lundi 9 Mars 2015 à 17:17

    Oui, " poeme"smile petite erreur....bisous

    12
    Lundi 9 Mars 2015 à 17:08

    Oui, tu as vu Noëlle par toi-même, que Montale est "un poème" à lui tout seul, et qu'on a envie de le lire et de le ré-écouter ! Bises et bonne fin de journée.

    11
    Lundi 9 Mars 2015 à 14:24

    Je "nous" souhaite une fin du monde joyeux !

    Merci Eva, écouté hier soir et envie de lire Eugenio Montale

    J'aime beaucoup " lui même est poète"...( Francesco)

    Bisous

    Et ton mimosa est magnifique !

    10
    Dimanche 8 Mars 2015 à 23:27

    Eh bien Malaura ! tu fais un retour en beauté avec cette très belle citation "à tes soirs, à mes soirs" et fais retour au Printemps qui va refleurir... Je t'embrasse ma belle 

    9
    Dimanche 8 Mars 2015 à 22:20

    Bonsoir Eva,

    C'est un bien beau portrait, aussi riche qu'intéressant que tu nous offres ici. Il m'a donné envie de relire le livre que j'ai dans ma bibliothèque. Ce n'est pas "Os de seiche", il s'agit de "Le Occasioni", qui a le mérite d'être en édition bilingue et qui permet d'entendre toute la musicalité de sa poésie en langue originale. Pour conclure, ces vers puisés dans le recueil "A mes soirs, à tes soirs : fais retour aux printemps qui ne fleurissent pas" (alle mie, alle tue sere: torna alle primavere che non fioriscono)...Amicalement.

    8
    Samedi 7 Mars 2015 à 20:46

    @ Francesco : A la question posée à Ungaretti "Pourquoi avez-vous fait vos études à la Sorbonne ?" Ungaretti répondit " Parce que la France était La Mecque des croyants en poésie"...C'est effectivement de l'amour de la France, ça !

    Oui, je suis d'accord avec toi, maîtriser une langue autre que sa langue maternelle, c'est une grande richesse. 

    Je crois qu'il y a une comédienne française qui parle bien italien sans accent, c'est Catherine Deneuve ! Pour les autres (intellectuels, écrivains, poètes, chanteurs, vedettes) je ne sais pas. En ce qui concerne les Français ordinaires, on ne leur donne pas trop le choix : anglais 1ère langue (dans la plupart des collèges) au Nord de la Loire, au Sud de la Loire, ce peut être espagnol 1ère langue et anglais 2ème  langue. Pour ceux qui ont choisi anglais 1ère langue, ils ont le choix ensuite entre espagnol ou allemand (mais ça, allemand, c'est pour l'élite). Mon fils aîné voulait absolument faire italien en 2ème langue, et on l'a regardé avec des yeux aussi ronds que s'il avait demandé "chinois" !

    Pour la fin du monde, "le poète a toujours raison", et personnellement, j'aurai une fin du monde joyeuse parce que je veux mourir VIVANTE ! (même si mon destin n'aura été que celui des feuilles mortes)... On se retrouvera hein ? (sur les Champs Elyséens...)  :-)))  

    7
    Samedi 7 Mars 2015 à 18:49

    Une belle découverte

    A bientôt

    6
    Samedi 7 Mars 2015 à 18:34

    Oui Eva, je l'ai pensé mais je ne l'ai pas écris, et je le dis sans polémique, très rarement j'ai entendu des poètes, des écrivains, ou des intellectuels français s'exprimer en italien. Savoir s'exprimer si bien dans une langue qui n'est pas la notre, est une richesse personnelle qui permet de se nourrir aussi "d'autres" cultures... je l'avais remarqué aussi en écoutant l'interview de Ungaretti, qui s'exprimait en un français j'oserai dire "raffiné", et cela m'avait touché, comme cela m'a touché en Montale… et ce serait la même chose pour Moravia, Umberto Eco, ou Erri De Luca, ou Gianmaria Testa ou Paolo Conte…. c'est en un certain sens un geste d'amour et de profond respect pour la culture française… 

    Oui, c'est troublant   quand vers la fin de l'interview Montale parle de la fin du monde… mais avant de parler d'une fin du monde bestiale,  atomique, due à la stupidité humaine, que malheureusement  il semble prévoir , il imagine une fin du monde "naturelle",  allégorique, joyeuse, de chants et de fanfares, une vision en un certain sens poétique….     

    5
    Samedi 7 Mars 2015 à 10:44

    oh oui Francesco, j'aime Montale, je regrette beaucoup de ne pas pouvoir le lire dans le texte d'origine... 

    "…Os de seiche…. un peu comme Feuilles mortes…. quelque chose d'anonyme qui flotte….." je me sens vraiment ainsi... quelque chose d'anonyme qui flotte... (le génie en moins bien sûr) et penser que cet homme-là peut être aussi proche de ce que je ressens, c'est beaucoup d'émotion. Oui la video est d'une grande richesse, j'aime la mélancolie qui émane de ce témoignage, j'admire la distanciation des jugements que Montale porte : sans animosité, juste un regard et une parole qui tentent d'être objectifs et sobres... Et puis j'admire la perfection de son expression en français (il cherche un mot une fois ou deux seulement) quelle classe ! Quand on pense que les Français ne s'expriment plus qu'en "franglais" et qu'ils n'écrivent plus qu'en style "texto" (journaleux et pseudo-écrivains compris) !  Toute cette génération d'hommes qui aimaient le français, remplacée par... des superficiels qui se prennent pour des philosophes ou de grands stratèges de la politique... pffff ! de la poudre aux yeux, de la superficialité... on s'enfonce dans la nullité, hélas !

    Et cette parole de visionnaire sur cette "fin du monde probable, bestiale et stupide, éloignée du religieux".... ça résonne terriblement !

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    4
    Samedi 7 Mars 2015 à 09:41

    Un merveilleux portrait de Montale,,, oh s'il est beau ton billet!… et puis la video, cette interwiew superbement explicative de son oeuvre, de sa vie.

    Le regard de Montale, sa voix, ses tics, ses expressions, disent tout. Sa "grande" poésie est déjà dans son visage, dans ses yeux, dans son rire mélancolique… lui même est un poème...

    Merci de ce précieux cadeau, de cette grande émotion qui réconcilie avec la vie Eva...

    "…Os de seiche…. un peu comme Feuilles mortes…. quelque chose d'anonyme qui flotte….." 

    3
    Samedi 7 Mars 2015 à 08:48

    ça c'est une bonne idée Pierre ! d'autant plus que l'interview est en plan fixe... J'ai écouté trois fois, et je découvre toujours plus de choses amusantes : Montale a un sens de l'humour extraordinaire ! il parle un français remarquable, il dit des anecdotes avec gentillesse et espièglerie parfois... et puis... et puis... cet accent merveilleux si chantant !

    Noelle, Pierre, bonne journée (ensoleillée)

    2
    Samedi 7 Mars 2015 à 07:44

    Bonjour Eva,     J'enregistre la bande son, j'écouterai dans ma voiture. Je fais souvent cela avec des podcasts. Merci pour cette nouvelle découverte.

    1
    Vendredi 6 Mars 2015 à 23:34

    Eva , je découvre , merci

    Demain, je reviens écouter....ce soir ,je te dis bonne nuit

    Je t'embrasse

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