• Où je vais, d'où je viens (Prévert)



    Où je vais, d'où je viens,
    Pourquoi je suis trempée.
    Voyons, ça se voit bien.                                                    Le seul homme que j'aimais,
    Il pleut.                                                                         c'est vous qui l'avez tué, 
    La pluie, c'est de la pluie.                                                 matraqué, piétiné...
    Je vais dessous, et puis,                                                   achevé.
    Et puis c'est tout.                                                          J'ai vu son sang couler,
    Passez votre chemin                                                         couler dans le ruisseau,
    Comme je passe le mien.                                                    dans le ruisseau.
    C'est pour mon plaisir                                                      Passez votre chemin
    Que je patauge dans la boue.                                             comme je passe le mien.
    La pluie, ça me fait rire.                                                   L'homme que j'aimais
    Je ris de tout et de tout et de tout.                                   est mort, la tête dans la boue.
    Si vous avez la larme facile                                               Ce que je peux vous haïr,
    Rentrez plutôt chez vous,                                                  vous haïr... c'est fou... c'est fou... c'est fou.
    Pleurez plutôt sur vous,                                                    Et vous vous attendrissez sur moi,
    Mais laissez-moi,                                                             vous êtes trop bon pour moi,
    Laissez-moi, laissez-moi, laissez-moi, laissez-moi.                 beaucoup trop bons, croyez-moi.
    Je ne veux pas entendre le son de votre voix,
    Passez votre chemin                                                         Vous êtes bons... bons comme le ratier est bon
    Comme je passe le mien.                                                           pour le rat...
                                                                                         mais un jour... un jour viendra où le rat vous
                                                                                                mordra...
                                                                                         Passez votre chemin,
                                                                                         hommes bons... hommes de bien.
                                                                                               
                                                                                         Jacques Prévert
                                                                                         (La pluie et le beau temps)
    photo eva baila © 
    « Glanum (Provence)Bonaguil (Lot et Garonne). »

  • Commentaires

    22
    Tof' l
    Vendredi 8 Août 2014 à 19:16
    Pardon, mais il y a ici, effectivement, une révolte (envers le monde, la vie, quelque autorité ou ordre moral établi?), et la révolte est propre à la vie... Ce serait pour moi pessimiste s'il y avait résignation... Et il y a l'arc-en-ciel, qui en dit long... Bon voilà, je voulais semer mon grain de sel, en passant;)C'est intéressant ces discussions autour d'un poème ou toute autre oeuvre...
    21
    Lundi 8 Décembre 2008 à 09:13
    Merci beaucoup, eva, pour le commentaire de commentaire et le lien. A très vite. André.
    20
    Lundi 8 Décembre 2008 à 08:42

    André, je suis trop flattée ! Hélas je n'ai pas le talent de Prévert, ni sa personnalité ! Mais c'est déjà tellement de plaisir à le lire ! Je vous ai mis en lien sur ma colonne de droite. Je vous avais d'ailleurs trouvé ainsi chez "La Déferlante de Mots". My space est un club un peu fermé : il faut s'inscrire pour mettre un com. et pour pratiquer My space en tant qu'auteur de blog, il faut avoir une certaine habitude de la programmation (trop compliqué pour moi). A bientôt donc. eva.

    19
    Lundi 8 Décembre 2008 à 08:22
    En lisant, je me disais que ça ressemblait à du Jacques Prévert en croyant que c'était de vous. Je vous en est donc cru capable... Merci beaucoup pour votre commentaire. Je trouve toutes vos photos vraiment très belles. Je reviendrais fouiner mieux par ici. Je ne sais pas du tout comment faire des passerelles sur cet overblog tout simple que j'ai choisi depuis peu. Je suis depuis un an sur myspace mais j'en ai un peu marre. A bientôt. André.
    18
    Dimanche 7 Décembre 2008 à 13:30
    Bonjour Eva, Merci pour l'explication de ce poème, une fois, j'aurais le temps, j'essaierais de lire toute la poésie de Jacques Prévert...pour le découvrir plus davantage. Bon dimanche, bises
    17
    Samedi 6 Décembre 2008 à 08:24

    Tu as raison Tof'... La révolte c'est encore de la vie (ah la belle jeunesse !) celui qui subit sans broncher est déjà moitié-mort ! bises. eva.

    16
    Samedi 6 Décembre 2008 à 08:22

    Oui Jacques ! ces amis-là sont toujours avec moi quand les autres me font défaut !

    15
    Samedi 6 Décembre 2008 à 00:22
    Tu as de bons amis dis-moi ! Oui ce poème exprime une grande colère, une révolte à peine contenue envers ceux qui se croient puissants à tel point de faire de la guerre un jeu. JP a bien raison d'aimer la pluie, elle est source de vie. Amitiés
    14
    Vendredi 5 Décembre 2008 à 22:14

    une grande douleur et une grande solitude sont exprimées dans ce poème précis, mais Prévert n'est pas une personne triste, il est réaliste, tout au plus, et ne se berce pas d'illusion quant à la nature humaine...
    En ce qui concerne la photo, il suffit d'être là au bon moment, comme pour n'importe quelle photo ! Bises Jeanine. eva.

    13
    Vendredi 5 Décembre 2008 à 21:18
    Bonsoir Eva... Un beau texte de Jacques Prévert illustré par cette photo...à méditer... bonne soirée Yann
    12
    Vendredi 5 Décembre 2008 à 20:20
    Il y a quand même dans ce poème, une grande solitude qui est exprimée. Comme une non-volonté de communication avec ses semblables, comme si c'était peine perdue... Non, je ne vois aucune gaité dans ce poème, mais la perte de confiance en la bonté de l'être humain... Quand à la photo, superbe, car ce n'est pas facile de photographier un arc-en-ciel et d'avoir un rendu pareil... Je salue la photographe émérite. Bises J.
    11
    Vendredi 5 Décembre 2008 à 08:24

    Ma chère Samia, on peut supposer que ce poème est un plaidoyer contre la guerre, et en tout cas, contre la violence... Bises à toi. eva.

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    10
    Vendredi 5 Décembre 2008 à 00:43
    Bonsoir Eva, J'aime Jacques Prévert, et c'est un joli poème, je ne sais pas exactement, il pleure qui mais il parle sûrement de l'homme qui a été assassiné, peut-être dans la guerre, ceux qui sont victimes des crimes de haine, comme tous les innocents qui meurent dans la guerre...Une petite explication ça me fera plaisir, je chercherais l'analyse de ce poème. Merci de nous avoir fait découvrir ce poème Bonne nuit
    9
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 22:49

    Merci Tof', ce matin, justement, après la neige et la pluie, il y avait un arc-en-ciel sur le chemin de mon retour à la maison...

    8
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 22:28

    Merci Christel et Philippe, merci à vous qui avez une bonne dose d'optimisme et d'amour pour travailler dans un refuge animalier, là encore où les plus faibles atterrissent, eux aussi victimes souvent de l'inconséquence et de la bêtise des êtres humains.
    Bises à vous deux.

    7
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 22:19

    Cher Dominique, ce poème exprime de la tristesse parce qu'il exprime une douleur, mais mon ami Prévert est le poète le plus joyeux, le plus léger, le plus rafraîchissant que j'ai lu.
    Prévert aimait la vie, c'est parce qu'il aimait la vie, (tout comme mon ami Boris Vian qui vivait chaque seconde comme si c'était la dernière -il se savait condamné-), c'est parce qu'ils aimaient la vie qu'ils la défendaient contre toutes les guerres stupides et vaines.
    Enfin, pour citer Souchon "La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie" et je suis reconnaissante à tous ceux qui comme vous, défendent sans relâche, la vie et l'espoir jusqu'au fin fond de l'Afrique. Mes amitiés à vous Dominique.
    eva.

    6
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 22:07

    Merci Flo, je le trouve très beau aussi.

    5
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 21:52
    Je ne trouve pas non plus ces mots pessimistes. Prévert, pessimiste? Magnifique photo également, l'arc-en-ciel après la pluie, un arc-en-ciel, "ça me fait rire"...;)
    4
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 20:21
    Un très beau poème de Prévert..très profond,non pessimiste à notre avis..Amitiés,bonne soirèe
    3
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 15:26
    Je me suis quand même arrétée et comme il faisait froid et que j'entendais cette voix qui me disait de passer mon chemin, alors je l'ai passé en me disant qu'il faisait bien de me dire de passer mon chemin, ainsi, suis-je bien au chaud dans ma maison.. bonne soirée clémentine
    2
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 12:01
    magnifique poème, mais terriblement pessimiste. La vie vaut tout de même d'être vécue non ? Pour ma part je pense que oui en dépit de tout ce qui se passe dans le monde. Bien à vous Eva. Dominique
    1
    Jeudi 4 Décembre 2008 à 08:14
    ce poème est beau , tu sais les choisir ;-)
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