Avant de quitter Paestum, je voudrais vous parler de "la Tombe du Plongeur"...

Datée vers 470 avant J.C. avec ses parois et son couvercle peints à la fresque, elle constitue un document tout à fait exceptionnel, voire unique.

Sur les quatre parois formant la caisse, se développe une scène de banquet. Sur les côtés longs, les dix conviés, la tête couronnée de guirlandes, isolés ou par couples, sont allongés sur les lits, au nombre de trois sur chaque plaque. C'est le moment final du banquet, ils s'abandonnent aux plaisirs du vin et de l'érotisme, à la musique, au chant, au jeu du kottabos, consistant à lancer avec habileté, une goutte de vin sur une cible fixe (un objet métallique ou une autre coupe).

Sur les parois brèves, d'un côté, un jeune échanson vient de puiser le vin d'un grand cratère (vase)  :

et de l'autre,  trois personnages dont un jeune homme nu derrière une hétaïre jouant de la flûte et suivi par un pédagogue :

  Sur le couvercle est représentée la scène célèbre du "plongeur" qui a donné le nom à la tombe : un personnage nu flottant dans l'air en direction d'une surface d'eau houleuse, planant au-dessus d'une structure, rendue par des blocs équarris, qui surgit à côté de l'eau. Tout le monde scientifique s'est trouvé d'accord pour interpréter l'image du plongeon comme une métaphore du passage de la vie à la mort.

Le programme décoratif pictural de ce document extraordinaire par son jeu de renvois entre la scène de banquet sur les parois latérales et le plongeon de la dalle de couverture semble vouloir conjuguer visuellement et conceptuellement, l'exaltation des valeurs qui rendent noble un citoyen grec avec la représentation symbolique du passage vers l'Au-delà.

Le problème qui reste encore à résoudre est l'identité du personnage enseveli dans cette tombe qui présente des anomalies par rapport aux attitudes mentales des Grecs dont le rituel funéraire ne connaît pas l'usage de décorer les parois internes des tombes avec des peintures et, surtout, sépare nettement, presque en les opposant, le monde de la mort et le monde du symposium.

Il est possible que la Tombe du Plongeur, qui n'est pas intégrée - et ce n'est pas par hasard - aux sépultures des nécropoles urbaines, mais appartient à une petite agglomération d'habitations au sud de la ville au lieu-dit "Tempa del Prete", se rapporte à un personnage d'un groupe de familles non intégré au corps civique de la cité.

Par ses peintures, ainsi que par le rituel funéraire, cette tombe est l'un des témoins les plus évidents des interférences culturelles entre mondes différents.

Photo eva ©  août 2010 (Musée archéologique National de Paestum)

Documentation écrite extraite de l'ouvrage "Le Musée Archéologique National de Paestum"

l'histoire, la structure, l'exposition, (auteurs : Marina Cirpiani, Fausto Longo)