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Palerme, la capitale.
Capitale de la Sicile avec 725 000 habitants, Palerme a longtemps été célèbre pour sa beauté. Cette splendeur est aujourd'hui révolue, mais le charme de la ville tient peut-être précisément au mélange de grandeur et de misère qui la caractérise.
Palerme présente un mélange de styles architecturaux de toutes les époques. Il n'y a pas de plan pour pénétrer dans ce dédale. Le quadrillage des rues, héritage des Espagnols, se superpose au lacis des venelles maures.
Le grand carrefour des Quattro Canti (détail ci-dessus) découpe la ville historique en quatre quartiers traditionnels dont le coeur, le ksar arabo-normand est sensiblement excentré. Le ksar (château en arabe) désigne la cathédrale et le palais des Normands. La cathédrale est un édifice hybride : le dôme contraste étrangement avec la pierre claire, le porche sculpté et la décoration mauresque de la façade.
Ci-dessus : le Palazzo dei Normanni
La cathédrale au porche gothique catalan, sa coupole baroque, ses tours aux baies géminées
Dans un rayon de 500m on peut voir plusieurs églises dont : San Cataldo ( XIIe s.) au style arabo-normand, la Cathédrale et la Chapelle Palatine (qui feront l'objet d'un prochain billet), et l'église baroque flamboyante de San Giuseppe Teatini (1612-1645) dont l'intérieur est revêtu de marbre polychrome, la nef rythmée d'immenses colonnes et le plafond orné de fresques.
De la cité phénicienne qui, dès l'an 8 av. JC s'était établie à l'emplacement de l'actuelle Palerme, il ne reste rien, pas même le nom. Les Grecs la baptisèrent Panormos (le "tout-port") à cause des ports qui s'étendaient le long de la Conca d'Oro (la conque d'or) une baie plantée de citronniers qui scintillaient sous le soleil.
Sous la domination de Byzance une église a été édifiée à l'emplacement de l'actuelle cathédrale. Le Palazzo Reale servit de résidence aux souverains avant d'accueillir le siège du gouvernement régional.
Au IXe s. sous la colonisation arabe, Palerme s'est développée au point de devenir une véritable métropole. Elle abritait la population la plus hétéroclite d'Europe. Des commerçants juifs et lombards, des architectes grecs, des artisans turcs et syriens, des artistes venus de la lointaine Perse et même des esclaves noirs s'y côtoyaient. A l'apogée de la civilisation arabe la ville comptait près de trois cents mosquées. A partir de 1072, sous la domination normande, Palerme fut alors considérablement embellie et connut une nouvelle prospérité culturelle. Les habitants s'inspirèrent, pour la décorer, d'éléments mauresques. Les faubourgs furent plantés de palmeraies, de vignes, d'orangeraiens et de rizières.
Sous la domination espagnole, la vieille ville arabe fut réaménagée dans le style baroque. De larges avenues furent percées dans le labyrinthe arabe qui donnèrent naissance à de nouveaux quartiers. Mais derrière le grand carrefour des Quattro Canti, la vieille ville maure conserva ses venelles tortueuses, ses marchés bourdonnants et ses immeubles insalubres.
Extrait de"SICILE" Bibliothèque du voyageur éditions GALLIMARD
photos eva, juin 2011
à voir également sur le blog de Benissa :
http://benissa.over-blog.com/article-les-marches-de-palerme-65137357.html
et http://benissa.over-blog.com/article-les-fontaines-de-palerme-65375310.html
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Commentaires
Un kaléïdoscope de splendeurs passées et de gouaille préservée qui me ramène aux Picaresques EspagnolsCelle que tu montres sur FB n'est pas la même... A Palerme, je crois qu'il y en a au moins trois à mamelons groseilles, mais celle-ci est presque cubique, sans clocher... juste ces petits dômes tous pareils !
Je n'ai pas tout vu, c'est impossible, je suis souvent frustrée au cours de mes voyages... Je suis triste de devoir revenir, et je n'ai qu'une idée, c'est de repartir (je dois être une vraie voyageuse au sens où l'entendait Baudelaire !)
Moi aussi je sens que j'aurais aimé cette ville aux multiples strates qui en font toute l'originalité.
Merci de nous faire voir aussi l'envers du décor. Ce n'est pas si courant comme démarche ...je serais honorée de t'avoir dans ma communauté "Italie"!!Je parle du Quattro Canti dans mon article "Les Fontaines de Palerme" (http://0z.fr/PZClI). C'est vrai que je pourrais ajouter le module "Rechercher", cela peut s'avérér utile, merci.Oups... lire une belle ville, mon commentaire est parti à la vitesse de l'éclair !J'aime beaucoup les photos des immeubles et les fenêtres en fer forgé, comme de la dentelle. Une belle vie qui mérite bien la visite.A.Dumas parle bien de Palerme ! Avec ceux de Benissa, les billets sont bien complémentaires...
J'ai fait un saut chez Benissa...Une magnifique promenade à Palerme avec vous deux! Alexandre Dumas écrivait : "elle est à la fois poétique comme une sultane, gracieuse comme une française, amoureuse comme une andalouse".Ce n'est pas facile de faire des photos en bus ! Ici j'en ai fait deux, pour montrer le contraste, mais j'ai voulu privilégier les différences architecturales dans un rayon très petit. (Chez moi aussi il fait triste et gris...)
J'ai essayé de retrouver ton billet où tu parlais du Quattro Canti, parce que c'était très clair et très bien photographié, mais je me suis perdue sur ton site ! Je n'ai pas vu non plus le petit pavé "recherche"...
Que de splendeurs dans ces édifices !
Ton article me rappelle (encore un souvenir ...) un sicilien qui était passé dans mon village, Carlo, il travaillait à un chantier d'installation du pipe-line ; le soir, il chantait sa Sicile bien aimée et nous racontait son beau pays avec des larmes dans les yeux et dans la voix ; même en mauvais français, je comprenais que son pays n'avait pas d'égal, nulle part ailleurs. C'est vrai qu'il n'y avait aucune comparaison, me souvenant de l'état de notre village à cette période ...
Bonne journée eva, bisou très humide.
NellyCette ville a une réelle beauté dont tu nous montres les facettes, reliant le texte aux images. Bonne journée EvaMerveilleuse architecture. Vos photos ne rendent pas le délabrement des bâtiments, au contraire tout à l'air bien entretenu. Vous avez du faire j'imagine un choix... Nous montrerez vous quelques vieux palais aristocratiques abandonnés ? Bises humides et bonne journées. DominiqueLa contemplation de tes photos et le texte que tu nous offres me replongent avec délice dans mes souvenirs. Palerme... le nom seul me faisait rêver déjà avant d'y aller: mélange d'évocations orientales, antiques et mystère inquiétant de la mafia... Heureusement je n'ai pas été déçue. Comment l'être? Ses splendeurs toujours éclatantes font sa gloire, mais ses façades loqueteuses sont aussi attendrissantes que le visage fâné d'une ancienne beauté. (merci pour les liens) Bonne nuit.
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L'église aux mamelons rouges n'est pas celle "degli Eremiti" sur la piazza Bellini?... avec San Cataldo à gauche?
Ouh... je dois retourner à mes sources... En écrivant, il me semble qu'il y a une autre église aux dômes rouges.
Merci pour ce voyage éblouissant.