• Partout (Roberto Juarroz)

     

    Naples-14-copie-1.jpg

     

    Il dessinait partout des fenêtres.

    Sur les murs trop hauts,

    sur les murs trop bas,

    sur les parois obtuses, dans les coins,

    dans l'air, et jusque sur les plafonds.

    Il dessinait des fenêtres comme s'il dessinait des oiseaux.

    Sur le sol, sur les nuits,

    sur les regards tangiblement sourds,

    sur les environs de la mort,

    sur les tombes, les arbres.

     

    Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes.

    Mais jamais il ne dessina une porte.

    Il ne voulait ni entrer, ni sortir.

    Il savait que cela ne se peut.

    Il voulait seulement voir : voir.

    Il dessinait des fenêtres.

     

    Partout.

     

    Roberto Juarroz

    (Douzième poésie verticale. Traduction de Fernand Verhesen)

     

    « Le vent nous portera...Proverbes... »

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  • Commentaires

    6
    Vendredi 3 Janvier 2014 à 23:58

    l'écran de TV n'est pas toujours une petite fenêtre intelligente, mais parfois oui ! en effet, c'est un clin d'oeil ! Bien vu Grain !

    5
    Vendredi 3 Janvier 2014 à 14:41

    Bonjour Colette, en effet, je connais bien ce tableau de Dali ! Mon rôle de grand-mère à moi n'a pas encore commencé ! Je me dis parfois que lorsque le moment sera venu (s'il vient un jour) ce sont mes petits enfants qui m'emmèneront en fauteuil roulant au square !!! Mieux vaut rire de tout quand on peut encore ! Je vais voir vos photos d'Aït Benaddhou !

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    4
    Vendredi 3 Janvier 2014 à 12:05
    J'aime le texte et aussi l'image où toutes les fenêtres sont occultées mais les antennes qui donnent à voir hérissent le toit et la façade! Comme un clin d'oeil...Grain
    3
    Vendredi 3 Janvier 2014 à 11:14
    Bonjour Eva, il est vrai qu'on peut voir tellement de choses par une fenêtre et ce thème a largement inspiré les cinéastes. Je pense à ce tableau de Dali où une femme de dos regarde la mer par une fenêtre ouverte mais ce n'est plus le sujet de votre billet car je me dis qu'elle s'évade tandis que dans votre beau texte, il me semble qu'on est un peu enfermé ! Bonne journée ! Moi, mon rôle de grand-mère n'a pas encore pris fin...
    2
    Jeudi 2 Janvier 2014 à 23:54

    moi aussi Dan, j'aime beaucoup ce texte. Je suis tombée dessus par hasard, et j'ai tout de suite pensé à cette photo de la proche banlieue de Naples. Une photo dont je n'avais pas trop su quoi faire sur le coup. J'ai pensé aux prisons des petites boîtes (celles que chantait Graeme Alwright)... j'ai pensé à l'enfermement des banlieues, ces banlieues où l'on ne peut pas faire grand chose, si ce n'est "voir", s'échapper (à peine) par l'imaginaire... Bonne nuit Dan 

    1
    DAN
    Jeudi 2 Janvier 2014 à 23:46
    J'aime beaucoup ce texte et tu l'illustres de façon magistrale !
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