• A walk to the Paradise Garden (Eugène William Smith)

      

    "Enfance

    Un beau soir vous avez poussé la porte du jardin

    Du seuil voici que vous suivez le paraphe noir des arondes

    Vous sentez dans vos bras tout à coup la dimension du monde

    Et votre propre force, et que tout est possible soudain."

     

    Louis Aragon (Le roman inachevé. La beauté du diable)


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    Boubat et Baudelaire.

     

     

    Un hémisphère dans une chevelure.

    Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

    Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.

    Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

    Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur.

    Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

    Dans le foyer ardent de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlée à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.

    Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.

    Charles Baudelaire (Le Spleen de Paris)

    Photo : Edouard Boubat  Florence au paravent

    Répons d'eva au poète :

     Oh mon très cher !

    Je serai ta mer calme et sauvage, lactescente et parfumée... 

    la vanille, l'opium et le tabac nous porteront ensemble,

    bien loin, bien loin, à la source résurgente des enchantements inventés...

     


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    Man Ray

     

    ô douce cascade silencieuse,

    belle amante endormie,

    Cariatide somptueuse et renversée,

    Un rayon noir glisse en son cœur, tout soudain,

    Comme les doigts du soleil dans ta chevelure…

    Et le couperet brillant de la frustration

    Tombe comme une lame sur l’amour…

    Tandis que les larmes coulent et roulent

    Dans l’obscure douleur de son chagrin. 

    ô belle étoile filante aux cheveux d’ange,

    Lumière !

    Paupières closes sur le désir,

    Lèvres fermées,

    Silence !

    Comme une offrande précieuse

    Sacrifiée sur l’autel de l’oubli

    Comme une prière onirique…

    Eternité !

     

    eva  © 6 février 2013 

     

    photographie : Femme aux cheveux longs (1929 -Man Ray) 

     


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    Voyage du silence

    De mes mains à tes yeux

    Et dans tes cheveux où des filles d'osier

    S'adossent au soleil

    Remuent les lèvres

    Et laissent l'ombre à quatre feuilles

    Gagner leur coeur chaud de sommeil.

     

    Paul Eluard

     

    (photo Edouard Boubat)

     

     


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