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Quand tes heures sont comptées (Luìs Cernuda)
"J'étais étendu et j'avais dans mes bras un corps comme de la soie. Je lui baisai les lèvres, car le fleuve passait au dessous. Alors il se moqua de mon amour.
Ses épaules semblaient deux ailes repliées. Je lui baisai les épaules, car l'eau bruissait au-dessous de nous. Alors il pleura en séchant la brûlure de mes lèvres.
C'était un corps si merveilleux qu'il s'évanouit entre mes bras. Je baisai sa trace : mes larmes l'effacèrent. Comme l'eau continuait à couler, j'y laissais tomber un poignard, une aile et une ombre.
Sur mon propre corps je découpai une autre ombre, qui ne me suit que le matin. Du poignard et de l'aile je ne sais rien."
Luìs Cernuda
illustration : "La busqueda del angel" auteur : Raul (photo Flickr)
Tags : poésie, ange
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Commentaires
Francesca Woodmann quel talent ! j'ai adoré la découvrir.Merci vraiment d'avoir passé ce lien intéressant à plus d'un titre. Dans un 1er temps j'ai observé toutes les photos à la suite sans les compter puis j'ai cherché la 22ème... et c'est celle sur laquelle je m'étais le plus attardée. Cette composition est saisissante, percutante, attirante comme un abîme. Dans chaque cliché il y a quelque chose d'exceptionnel qui procure une émotion indéfinissable.
Merci Eva pour ce précieux partage.oui Danae, j'adore ! Bises ma chère Danae, il fait 30° au Maroc, mais prends des pull pour la nuit ! (surtout si tu dors sous la tente !)
Bonsoir Myrto, ce n'est pas cette photo que je voulais associer au départ à ces très beaux vers de Cernuda, (je vais te donner le lien d'un article sur la photographe Francesca Woodman, c'est une jeune femme extraordinairement douée, dont le pouvoir onirique est fascinant). Tu verras, l'article est très beau, très soigné. C'est la 22ème photo que je voulais, mais l'oeuvre de cette photographe est trop récente, et le droit d'auteur s'applique. Il m'aurait fallu demander la permission, l'attendre, et peut-être me la voir refuser. Donc... va voir toi-même la 22ème photo... époustouflante !
http://www.espritsnomades.com/artsplastiques/woodman/woodman.html
Il faut lâcher prise parfois... ce n'est pas si difficile que ça... Avec les poètes, ça plane !
C'est un bel acte d'amour, la poésie est belle et l'imagination fertile de l'auteur aussi ! Bises ma chère Eva, à bientôtC'est beau.
Le poignard a du servir à découper son ombre celle qui l'accompagne devant le matin.
il remonte lentement sa rivière
il commence à voir la source
il a croisé des résurgences
il a, je vois, des ailes lui aussi qui le poussent dans la beauté des mots.Je découvre un poète dont l'écriture me charme complètement. Il y a dans chacune des phrases de ce texte choisi un monde dans lequel se fondre est un bonheur.
Merci pour tout ça Eva et aussi pour Léonard Cohen il y a quelques jours. C'est un compagnon de toujours. Un compagnon d'insomnie.
Ecouter sa belle voix grave, presque monocorde au creux de l'oreille et de la nuit est un plaisir rare.
Bonne nuit Eva.C'est quand même difficile d'enter dans l'imaginaire des poètes, je dois être trop cartésien pour ça !
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C'est toujours un plaisir de savoir que les partages sont appréciés. Je savais que tu aimerais. Ta grande sensibilité et ta finesse, ton empathie, sont telles que ce lien serait bien reçu. Bonne journée Myrto.