• Rencontre (Cesare Pavese)

     

    "Per accompagnarti"

    Rencontre.

     

    Ces dures collines qui ont fait mon corps

    Et qui le secouent à tant de souvenirs, elles m'ont révélé le prodige...

    Elle ne sait pas que je la vis et je ne peux pas la comprendre.

     

    Je l'ai rencontrée, un soir : une tache plus claire

    Sous les étoiles ambiguës, dans la brume d'été.

    C'était autour du souffle de ces collines.

    Au profond de l'ombre, et tout à coup résonna,

    Comme sortie de ces collines, une voix plus nette

    Et âpre, à la fois, une voix de temps perdus.

     

    Parfois je la vois, et elle me voit devant elle,

    Définie, immuable, comme un souvenir.

    Je n'ai jamais pu la saisir : sa réalité

    A chaque fois m'échappe et m'emmène loin.

    Si elle est belle, je ne sais pas. Parmi les femmes elle semble bien jeune :

    Ça m'étonne, elle me rappelle, un souvenir lointain

    De l'enfance vécue entre ces collines,

    Elle est jeune. C'est comme le matin. Il y a dans ses yeux

    Tous les cieux éloignés de ces matins distants.

    Et dans ses yeux l'éblouissement de la belle lumière 

    Qu'il n'y ait jamais eu à l'aube sur ces collines.

     

    Je l'ai créée du fond de toutes les choses

    Qui me sont plus chères, et je n'arrive pas à la comprendre.

     

    Cesare Pavese

     

    photographies de Katia Chausheva ©

     

     

    « Le regard de Pierre Loti...Un peu au-delà de la mer... »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    6
    Graindecel
    Mercredi 18 Avril 2018 à 20:08

    Merci eva pour tous ces partages, cette poésie, cette sensualité... je me recueille devant tant de beauté: musiques,chants,photos...je suis émue. Mille mercis.

     

      • Jeudi 19 Avril 2018 à 17:22

        Merci Grain, je suis touchée...

    5
    Vendredi 13 Avril 2018 à 23:34

    C'est superbe !
    Et je double ce que tu dis de et à Francesco, dont j'admire infiniment l'oeuvre, sa beauté, sa créativité (et la générosité de l'homme, qu'on sent de façon palpable)
    Je vous embrasse tous les deux.

      • Vendredi 13 Avril 2018 à 23:52

        Merci Nikole, et si Francesco est retenu malgré lui un peu loin des blogs (et de son blog) en ce moment, il a donné tant et tant qu'on ne peut oublier ni sa générosité, ni la beauté et la créativité de son oeuvre... et nous espérons son retour... En attendant, il est toujours là : play-list  et là : https://twitter.com/blowuptwo  Nous t'embrassons aussi 

    4
    Francesco
    Vendredi 13 Avril 2018 à 19:01

    Je me sens nul en regardant ces merveilleuses photos de Katia Chausceva, et puis Cesare Pavese.. son univers imbibé d'une inquiétude  douce et émouvante... Merci de cette très belle video Eva. 

      • Vendredi 13 Avril 2018 à 20:42

        ??? Mais comment peux-tu écrire ça Francesco ? Comment peux-tu écrire que tu te sens "nul" alors qu'ailleurs tes photos, tes peintures, et tes mots ont tant d'admirateurs ? Les photos de Katia sont très sophistiquées. Volontairement, je les choisis les plus simples possibles quant aux poses de ses modèles pour les portraits.

        Elle excelle (je trouve) dans les natures mortes (mais toi aussi, ceci dit sans flagornerie... d'ailleurs, si je devais choisir parmi tes photos de natures mortes, je retiendrais tes photos de fruits, traitées à la manière des grands peintres... et les flacons et poteries (à la manière de Giorgio Morandi)... J'aime tes photos de mer (parce que tu es LA mer)... mais tu sais tout ça ! (à ce propos, je solliciterai bientôt ton autorisation d'emprunter tes photos de mer pour la chanson de Gianmaria :" Un po' di la del mare"... 

        En ce qui concerne Pavese, j'ai tout de suite pensé à ce poème pour la photo de Katia en tête de billet. "Son univers imbibé d'une inquiétude douce et émouvante" est ici souligné par l'osmose amour-nature : c'est très mystérieux d'associer la présence imaginaire (?) d'une femme aimée à la mouvance des collines... C'est presque de l'animisme... J'ai été très sensible à ça, et j'espère que je n'ai pas fait trop de faux-sens en traduisant son poème (mes traductions sont toujours un peu approximative, un peu instinctive)...

        La chanson de Gianmaria aussi est très mystérieuse, qui exprime à la fois ce qu'il y a d'aléatoire dans une rencontre, mais aussi ce qui est du ressort du Destin...

        Merci d'être venu ici Francesco, je t'embrasse. eva. 

        (je t'enverrai la maquette de "un po' di la mare...")

         

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :