• Rouen


     

       

            Rouen est une ville secrète, enveloppée à l’automne de voiles de brume… Beauté froide et mystérieuse, austérité à peine réchauffée par les colombages fardés, et par la flamboyance de ses édifices gothiques lancés vertigineusement vers… l’infiniment gris.


     
            Je te conduirai à la découverte d’un jardin médiéval, petit rectangle engazonné dissimulé dans la ville, au fond d’un passage couvert, cimetière ancien, enclos de galeries décorées d’une danse macabre gardienne des épidémies de peste lointaines et oubliées : L’aître Saint Maclou, dernier charnier du Moyen Age hanté et chanté par François Villon, abrite désormais une Ecole des Beaux Arts.




    « …Quand je considère ces têtes                                                                  
    Entassées en ces charniers,
    Tous furent maîtres des requêtes,
    Au moins de la Chambre aux Deniers,                                                                
    Ou tous furent porte paniers :
    Autant puis l’un que l’autre dire,
    Car d’évêques ou lanterniers,
    Je n’y connais rien à redire.
    Et icelles qui s’inclinaient
    Unes contre autres en leurs vies
    Desquelles les unes régnaient,
    Des autres craintes et servies,
    Là les vois toutes assouvies,
    Ensemble en un tas pêle-mêle
    Seigneuries leur sont ravies,
    Clerc ni maître ne s’y appelle.
    Or ils sont morts, Dieu ait leurs âmes !
    Quant est des corps ils sont pourris.
    Aient été seigneurs ou dames,
    Souef et tendrement nourris
    De crème fromentée ou riz,
    Leurs os sont déclinés en poudre,
    Auquels ne chaut d’ébas ni ris.
    Plaise au doux Jésus les absoudre. »

    François Villon.

     




     

     
























      

    Les matins de novembre, tu verras  surgir du « smog » la cathédrale de Monet, mystérieusement floue et étonnamment impressionniste, telle qu’elle fut peinte depuis l’ancien Bureau des Finances.

     








     















        Avec Flaubert, nous marcherons sur les pas de Charles Bovary, dans la rue Eau de Robec où sa mère vint lui choisir une mansarde d’étudiant. Puis nous suivrons Emma dans ses courses effrontées et ses amours coupables dans la rue St Hilaire.

      




    « Sa mère lui choisit une chambre, au 4ème sur l’Eau de Robec, chez un teinturier de sa connaissance… Dans les beaux soirs d’été, à l’heure où les rues sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenêtre et s’accoudait. La rivière qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers accroupis au bord, lavaient leurs bras dans l’eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l’air. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant. »                                                                  Gustave Flaubert (Madame Bovary)





     

     

     

     
















                                                    









                   

           








     

     

    Tu verras la rue du Rosier, et la rue du Petit Mouton où Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir se sont aimés. Rue aux Juifs, rue Malpalu, Place Saint  Amand.

             



     

    Rouen n’est pas une ville-musée : d’une grande richesse patrimoniale et culturelle, Rouen est vivante et constamment habitée dans son centre historique. Les rues médiévales, les maisons à encorbellement et colombages n’ont pas l’immobilité qu’on peut regretter dans d’autres villes aussi belles, certes, mais moins attachantes parce que figées dans le passé.



    Rue Martainville, l’ancien se reflète magnifiquement dans le nouveau. En architecture, Hier et Aujourd’hui sont en osmose d’une manière remarquable dans cette ville. Place du Vieux Marché, l’Eglise Ste Jeanne d’Arc en est l’exemple parfait. Conçue par Louis Arretche et inaugurée en 1979 elle évoque la coque renversée d’un navire et abrite de superbes vitraux du XVIe S provenant de l’Eglise St Vincent détruite durant la dernière guerre. Ces verrières somptueuses magnifient l’édifice moderne qui, sans elles,  ne pourrait être un lieu de culte aussi rayonnant et aussi favorable à l’élévation de l’âme.

     

     

     

     















    Place de la Pucelle : un joyau de pierre blonde… l’Hôtel de Bourgtheroulde qui fut commandé par Guillaume II Le Roux, Seigneur de Bourgtheroulde et Conseiller de l’Echiquier de Normandie en 1499.





            La construction en pierre, pratiquement réservée à cette époque aux bâtiments publics (religieux ou civils) témoigne de la fortune des Le Roux. Seuls quelques hôtels utiliseront ce matériau au XVIe Siècle.


             
    A sa mort, en 1520, Guillaume III, abbé d’Aumale, hérite de l’hôtel et fait édifier une galerie qui marque l’apogée de la première Renaissance de Rouen. Une frise évoque l’entrevue historique du Camp du Drap d’Or en 1520 entre François 1er et Henri VIII d’Angleterre.


           
     

     

                                                                                            


    Occupé jusqu’en 2006 par le Crédit Industriel de Normandie qui avait succédé au Comptoir d’Escompte Rouennais depuis 1848. Vendu en 2006, l’Hôtel de Bourgtheroulde va devenir un hôtel 4 étoiles qui ouvrira ses portes fin 2008… Rouen… toujours vivante !

    eva baila texte et photos décembre 2007
    ©
     

     

     

    « La saveur...Mon fils chante ! »

  • Commentaires

    22
    jeanine Thibault
    Vendredi 8 Août 2014 à 19:15
    Il faudra que je revienne à Rouen sur les traces d'Eva car j'y suis passée mais n'en ai pas retiré la substantifique moelle... Certes si le souvenir de Jeanne La pucelle est omniprésent et encore poignant, du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti,je suis complètement passée à côté d'Emma. Merci, Eva, de nous ouvrir les yeux sue les beautés du monde...
    21
    Samedi 3 Janvier 2009 à 19:18
    Bonsoir Eva J’espère que l’Année 2009 a bien commencé pout toi ainsi la famille Je te souhaite beaucoup de Joie et de Bonheur ! Aussi plein d'Amour et de tendresse ! Qui t’accompagne mes Meilleurs Vœux les plus sincères ! Amicalement, SAMIA
    20
    Vendredi 2 Janvier 2009 à 07:45

    Rouen est dans un creux, et c'est vrai que depuis la côte de Bonsecours, ou celle de Boisguillaume, on a de très jolies vues... Merci de ton passage Yann. Amitiés. eva.

    19
    Vendredi 2 Janvier 2009 à 00:47
    Bonsoir Eva... Rouen est une belle ville et tu me fait rappeler certains endroits avec ton article...il y avait un lieu que j'aimais bien,c'était un marché couvert où il y avait des brocanteurs et autres bouquinistes mais je ne me souviens plus du nom...sinon,une des plus belles vues de Rouen qu'il m'ait été de voir,c'était sur les hauteurs,à la périphérie de la ville... bonne soirée Yann
    18
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 21:43


    Merci Christian, mais tu sais, moi j'ai une photo du Canigou, mais elle n'est pas aussi jolie que celle que tu as postée aujourd'hui sur ton blog...

    17
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 21:39

    oh, c'est vrai Philippe ? J'ai encore de nombreuses et belles photos de Rouen (Place du Vieux Marché, Eglise St Romain, par ex.) un jour je te ferai un article ...

    16
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 21:32
    Bonne Année 2009 . Merci pour ce voyage magnifique à Rouen . Je n'avais pas vu tout cela en passant par Rouen . A+
    15
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 20:12
    Que de souvenirs à la vision de ces photographies ,une ville ou adolescent et +, je connaissais bien (Études) ...merci de ces photographies ,Bises Amitiès
    14
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 17:18

    S'il est un lieu vivant (pour moi) c'est bien la ville de Rouen, elle est un condensé de tout ce qui me fascine et me hante...eva.

    13
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 13:33
    Eva, Tu me montres Rouen comme je ne l'ai jamais vue! Un bel hommage à ta ville vivante en marche sous ta plume...J.
    12
    Jeudi 1er Janvier 2009 à 00:33

    Merci de ton passage Samia. Bonne année à toi aussi. eva.

    11
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 19:42
    Je passe demain ma chère Eva pour lire tes derniers articles, ce soir je passe rapidement pour te souhaiter une bonne année ainsi à tout ceux qui comptent pour toi, gros bisous, ton amie Samia
    10
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 19:40
    Je suis de passage sur ton blog en ce mercredi, Dernier jour de cette année 2008, Passe un Joyeux Réveillon Ainsi qu'une Bonne et Heureuse Année 2009 Que tous tes vœux se réalisent Pour toi et tous ceux que tu aimes ! Bisous, ton amie Samia
    9
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 18:19

    Salut Hafsa, je suis ravie de ton passage ! Moi, tu sais je suis un peu handicapée en langues étrangères ! j'ai déjà du mal avec le français... Mais ça me fait plaisir d'avoir toutes ces "bonne année" sur mon blog grâce à toi.
    3am Saiid Inchallah Hafsa et grosses bises ! eva.

    8
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 18:15

    Merci Bernard, merci Les Ecureuils ! Bonne année à vous aussi !

    7
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 14:19
    Salut, ça va ? A l’occasion de l’arrivée de 2009, je viens te souhaiter une très bonne année avec plusieurs langues Assegass Amegass (en Kabyle) 3am Saiid ( en Arabe) Happy New year (En Anglais) Feliz ano Nuevo ( En Esapgnole) Buon Anno ( En Italien) Gutes Neues Jahr (Allemand) Novim Godom ( En Russe) Yeni Yiliniz kutlu oslun) ( En turc) Bonne et heureuse année Inchallah Gros bisous
    6
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 14:16
    Superbe visite guidée sur les traces de personnages célèbres. Eva, les petits écureuils te souhaitent une bonne année. A bientôt.
    5
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 08:29

    Il y a eu à une époque (il y a un peu plus de 30ans) quand Jean Lecanuet était le maire de Rouen, une équipe d'architectes qui préconisaient l'injection de résine de synthèse dans les colombages. C'était alors une technique récente, qui a permis de sauver nombre des colombages dans cette ville. Bonne journée Flo. eva. 

    4
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 08:26

    Tous ces écrivains, et tous leurs personnages de romans ne sont pas "ombres  fuyantes" à Rouen, ils ont une réelle présence, pour qui sait les retrouver mystérieusement.
    Merci M'Bark. eva.
    PS : la ville aux cent clochers n'en a en fait que 30 ! (mais c'est déjà pas mal !)

    3
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 08:15
    merci pour la visite, il y a de bien belles maisons très bien conservées à Rouen
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    2
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 01:12
    Rouen ,la ville flamboyante Dans ces rues l'oeil d'EVA écrème Des ombres célébrissimes fuyantes Figures face à qui sommes blèmes Cours Jeannne D'Arc dans les bras de Corneille Danse Emma avec François hollande Remets en scène Madame Bovary jacques Rivette Regarde passer Sartre et De Beauvoir,amoureux ? Rouen , la ville aux cents Clochers Tu vibres dans la littérature française Comme dans le coeur de tous les Français Oh Toulouse ! Oh Rouen ! El maghfour Merci Eva pour ce beau pélerinage littéraire (pour moi) à Rouen
    1
    Mercredi 31 Décembre 2008 à 00:25
    bonsoir, C'est cela qu'être abonnée à ton blog, je reçois dès que tu as déposé ton article. Et comme j'aime ton blog, alors je clique vite. Moi aussi, je te souhaite une bonne et heureuse année 2009, tout ce que tu souhaites qui te rende heureuse et en bonne santé. Pour ma part, j'aimerais toujours écrire et lire les blogs des amies (is) internautes. C'est un grand plaisir. Bonne nuit dans la ville de Rouen. Clémentine
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