• Saint Avit et Bernard Palissy.

    Saint Avit et Bernard Palissy.

     

    Entre Périgord noir et Quercy, à quelques encablures des châteaux de Bonaguil, Biron et Gavaudun, la pittoresque vallée de la Lède offre son écrin de verdure au hameau de Saint-Avit, ensemble architectural remarquable qui abrite la maison supposée natale de Bernard Palissy.

    Les indices de sa naissance à Saint-Avit sont constitués en fait de documents révélateurs égarés, de minutes de notaire introuvables, et de lettres qui ont malencontreusement brûlé. En réalité, la seule indication certaine sur le lieu de naissance de Palissy provient de registres d’écrou lors de ses diverses condamnations, à Bordeaux puis à Paris, pour ses activités en tant que membre de la religion réformée. Les seuls faits avérés sont les suivants : Palissy est bien né en Agenais, et le village de Saint-Avit est le seul à revendiquer sa naissance.

    Bernard Palissy naît dans une famille modeste. Il reçoit une formation de peintre-verrier et voyage dans le Sud-Ouest. Peu avant 1539, il arrive à Saintes où il s’installe avec sa femme. Là, il fréquente Pierre Hamelin venu prêcher la réforme. Le prêcheur sera exécuté. Palissy, lui, sera maintes fois condamné et toujours défendra la religion réformée. Bernard, dans cette Saintonge où depuis le Moyen Age de nombreux artisans se consacrent à la poterie, commence ses recherches sur l’émail, après avoir vu « une coupe de terre tournée et émaillée d’une telle beauté que dès lors j’entrais en dispute avec ma propre pensée. » Il n’a plus de cesse que de trouver le secret de l’émail somptueux des céramiques italiennes. Ses recherches durent près de dix années.

    Les écrits de Bernard Palissy, constituent une part essentielle de son œuvre : 

    En avril 1563 est publié l’ « Architecture et ordonnance de la grotte rustique de Monseigneur le duc de Montmorency ».

    En septembre paraît la « Recepte véritable, par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre à multiplier et augmenter leurs trésors », ouvrage dense et varié où il mêle considérations religieuses, personnelles et agricoles et où il développe aussi bien le plan d’un jardin idéal que d’une ville fortifiée.

    Enfin les « Discours admirables de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres et du feu et des émaux, avec plusieurs autres excellents secrets des choses naturelles », publiés en 1580, constituent la somme de ses observations scientifiques. Ses travaux sur l’amendement des terres, sur le cycle de l’eau et sur la fossilisation des animaux font de lui un des hommes les plus éclairés de la Renaissance.

    Saint-Avit est un minuscule hameau, étirant sa langueur le long du coteau. On est d’abord frappé par l’harmonie qui s’en dégage. L’unité, sans uniformité, des tons ocres et rosés de la pierre, les teintes chaleureuses des tuiles et lauzes de l’église, l’élégante rigueur des constructions, tout n’y semble que douceur et caresse Gravir l’étroit sentier, bordé d’une muraille de pierre sèche, rapproche de merveilles insoupçonnées.

    La douce et absolue rondeur d’une abside en cul-de-four décorée de modillons accueille le visiteur en haut du sentier escarpé.

    Au dessus de cette abside, un clocher trapu semble s’élever jusqu’à l’azur.

    Un petit passage pavé conduit devant un portail de pur style roman dénué de toute décoration.

    À l’intérieur, des fresques en partie effacées laissent deviner des personnages tout droit sortis de l’imagination fertile de quelque artiste médiéval guidé par la volonté d’une Église désireuse d’éduquer dans la foi des paysans illettrés.

    Autour de la place, et le long de l’unique rue, chaque maison témoigne d’un art de construire privilégiant la sobriété et le dépouillement tandis que les étals d’anciennes échoppes laissent deviner la richesse passée du hameau.

    Source : http://www.museepalissy.net/fr/musee/ 

     

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  • Commentaires

    10
    Lundi 7 Janvier 2019 à 22:59

    Dans ma cuisine il y a une cruche immonde mais à laquelle je tiens : je l'ai faite en travaux manuels en quatrième. J'avais pris pour modèle une oeuvre de Bernard Palissy, incluant d'ailleurs des serpents, que j'ai "abandonnés" en cours de route parce que ma cruchette était déjà bien assez épaisse  ! Cette anecdote est à tiroirs, ou en abyme ... si j'avais choisi cet artiste-là, c'était parce que déjà à l'époque j'avais en tête le souvenir d'une page de livre d'école primaire restée gravée en moi, où ledit Bernard brûlait ses meuble. L'impact des images sur un cerveau, surtout d'enfant. C'est étrange les souvenirs, c'est étrange la complexité du passé dans notre présent. C'est te dire mon sourire quand j'ai découvert ton sujet.

      • Mardi 8 Janvier 2019 à 08:56

        Tu es plus jeune que moi, mais je crois qu'on a vu la même gravure sur la même édition de livre d'histoire ! Je suis heureuse que mon billet ravive des souvenirs personnels chez toi...

    9
    Jeudi 3 Janvier 2019 à 19:33

    Voila un billet fort bien conçu et précis que je salue, Éva. Les indices de la naissance de saint Avit du début de la renaissance en font un pan important de notre histoire et j'ignorais ce passage . Aussi , je te remercie (l'illustration est superbe ! ) et te souhaite une douce année 2019 ! 

      • Jeudi 3 Janvier 2019 à 19:46

        Merci Jerry, je fais un petit saut chez toi dès que possible... Bonne année 2019 à toi aussi !

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    8
    Jeudi 3 Janvier 2019 à 11:52

    Partout en France, même en Haute-Marne, ce sont les Anglais et les Hollandais qui acquièrent le bâti ancien et le restaurent scrupuleusement dans les règles de l'art. Le reste du patrimoine rural est drastiquement "rénové", ou simplement laissé à l'abandon, en revanche tout le paysage est caviardé de maisons neuves et standard sans aucune cohérence avec le terroir...

      • Jeudi 3 Janvier 2019 à 19:45

        En effet, pour éviter "le caviard" de vilaines maisons neuves, il faudrait que certains sites soient classés...C'est très compliqué. J'avais examiné sérieusement la question lorsque j'étais adjointe dans mon village... Hélas, hélas !...  

    7
    Dan
    Mercredi 2 Janvier 2019 à 19:23

    Tout savoir sur Bernard Palissy sans oser le demander. Quant à son village natal voilà un endroit où je poserai bien mon chevalet. Quant à ces œuvres elles parlent d’elles-mêmes !

      • Jeudi 3 Janvier 2019 à 00:19

        Les Hollandais et les Anglais ont beaucoup aimé le Sud-Ouest il y a quelques années... Le soleil, les fruits, l'architecture...Ils ont fait beaucoup monter les prix de l'immobilier aussi... Dans une région où il n'y a plus de travail, la population active n'a pas trop la possibilité d'investir dans les vieilles pierres... Hélas !

      • Dan
        Mercredi 2 Janvier 2019 à 23:51

        Les hollandais ont parfois plus le souci du patrimoine ancien que certains Français qui, à force de vivre dans un pays regorgeant de manoirs châteaux, etc, ne voient plus ces trésors. Qu’ils aillent en Hollande et ils comprendront pourquoi les habitants de ce pays aiment tant la France et font leur possible pour préserver le patrimoine Français !

      • Mercredi 2 Janvier 2019 à 22:53

        Bonsoir Dan, il y a quelques dizaines d'années, ce village en ruines a été acheté par des Hollandais qui ont restauré toutes les maisons. C'est vraiment un très joli hameau, pas du tout touristique (sauf deux ou trois manifestations par an). Le musée Palissy n'attire pas la foule tant que ça. Tu aimerais poser ton chevalet là-bas, j'en suis certaine !

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