• Simon Hantaï (1922-2008)

     

     Simon Hantaï fait partie de cette génération d'artistes de l'immédiat après-guerre, venus d'Europe de l'Est à Paris, et qui au contact de multiples artistes s'y côtoyant, ont fait évoluer leur art de manière exigeante vers de nouvelles esthétiques. Son oeuvre ne peut se résumer au "pliage comme méthode" tant elle est diverse. Marqué tout d'abord par le surréalisme en déclin et protégé par André Breton, Simon Hantaï rompt rapidement avec le mouvement, non sans avoir développé des techniques et des inspirations très personnelles : compartimentage des tableaux, ossements, collages, créatures hybrides et inquiétantes (Femelle-Miroir). 

    Puis, influencé par Georges Mathieu mais surtout par Jackson Pollock, il entre dans une brève période gestuelle et il invente la technique des petites touches qui lui permettent d'occuper la totalité de la toile. (C'est l'objet de la deuxième video que j'ai choisie parmi toutes celles disponibles sur le net).

    En 1958-1959, il produit deux chefs d'oeuvres qui sont ici rassemblés sur un même panneau et qui traduisent une réelle forme d'ascétisme : "Ecriture rose" et "A Galla Placidia" qui font l'objet de la première video ci-dessous, video dans laquelle est expliquée la genèse fascinante de ces deux toiles.

     

     


    Simon Hantaï : Peinture (Écriture rose) (1958... par centrepompidou

     

      

     



    A partir des années 60, ses toiles abstraites, les "Mariales", reprennent le vieux thème de la Vierge de Miséricorde qui ouvre son manteau pour abriter l'humanité, mais il faut les lire comme une métaphore de la peinture. Pour l'artiste, elles sont à tout moment un résumé de l'histoire de la peinture et doivent avoir une fonction de rassemblement. Dans la série des "Tabulas" (1973-1976) les pliages produisant des rectangles colorés sont liés à la dédicace à Piero della Francesca, à sa Madonna del Parto. Dans le tableau du maître, deux anges ouvrent en effet un manteau dont le fond est quadrillé. (Source : Rétrospective au Centre Pompidou )

    La deuxième rupture est liée à la technique du froissage et du pliage qu'il avait déjà expérimentée en 1950. En décrochant la toile du cadre, en la pliant de multiples manières et en la peignant sans avoir la vision des surfaces à peindre éventuellement à nouveau l'intérieur des plis, Simon Hantaï se libère des techniques traditionnelles de la peinture, pour affronter la toile dans une sorte de corps à corps physique. C'est ce qui nous est démontré dans la troisième video que j'ai choisie. Nous y voyons aussi de quelle façon Hantaï est inspiré par Cézanne et Matisse, et comment de ses toiles émergent la lumière et la couleur, comme issues de l'arrière de la toile, à la manière d'un vitrail... 

     

     

     

     

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  • Commentaires

    6
    Jeudi 3 Mars 2016 à 13:07

    .. fascinéE ... grmpff !

    5
    Jeudi 3 Mars 2016 à 13:06

    Beaubourg est mon musée préféré et il me "parle".
    J'ai vu l'exposition dont tu parles ... mais je n'ai pas, comme toi, été fasciné par ce peintre ... tu me donnes xcependant l'envie d'aller chercher dans mes archives, car je me souviens cependant d'avoir fait quelques photos ...

      • Jeudi 3 Mars 2016 à 20:39

        Je suis allée à Beaubourg pour la première fois en 1980... C'était une conception révolutionnaire du Musée : pas de protection ostensible des oeuvres dont on pouvait s'approcher, pour regarder, observer et observer encore, pour s'émerveiller ! Même son extérieur tellement contesté me séduisait ! La modernité dans la ville ! Si je devais revenir demain à Paris, et ne voir qu'un musée, ce serait Beaubourg. A propos de Simon Hantaï que je ne connaissais pas jusqu'à la date de ce billet (à ma grande honte) j'ai tant cherché sur le net, que j'ai fini par l'adorer... Vraiment ! Dans les videos que j'ai choisies, il parle de Cézanne et de Matisse (que j'adore tous deux), il montre comment ils font parler les Blancs..Il dit que le Bleu n'existerait pas sans le Blanc (ce qui paraît évident, mais la façon dont il le démontre est magistrale, et plus : le Bleu ne peut pas être vraiment bleu sans la dimension énorme dont il use pour son travail.

        La troisième video qui peut sembler longue dans sa deuxième partie est époustouflante car elle met Hantaï en scène dans ses créations de tissus pliés (des tissus géants, immenses ! -quand je pense comment je suis maladroite pour étendre et repasser une paire de draps, je suis émerveillée par sa facilité à manipuler ses immenses tissus- De surcroît, les carrés ou les motifs sont étonnamment sophistiqués au vu de la méthode).

        "Ecriture Rose" est étonnante (objet de la première video) et pleine de symboles. Si tu as suivi le lien (vers l'article qui m'a inspiré) tu peux voir que Hantaï puise toujours son inspiration chez les plus grands. Ainsi ses "Mariales" (ou rectangles) font référence au manteau de la Vierge de Miséricorde (qui ouvre son manteau pour abriter l'humanité. Mais il faut lire les "Mariales" comme une métaphore de la peinture : pour l'artiste elle sont à tous moments un résumé de l'histoire de la peinture et doivent avoir une fonction de rassemblement. Merci chère Nikole de t'être arrêtée sur ce billet, et j'espère bien voir les photos que tu as prises alors.

    4
    Jeudi 25 Février 2016 à 22:48

    J'avais découvert Simon Hantaï au centre Pompidou justement ; j'ignorais tout de lui mais ai été immédiatement séduite par ces toiles immenses, tout à fait fascinantes (les reproductions sont bien en dessous de ce que l'on peut éprouver en voyant les vraies toiles)

    les videos sont très interressantes

    bien cordialement

    Marie

     

     

     

     

      • Vendredi 26 Février 2016 à 10:38

        Bonjour Marie, c'est un artiste que je viens de découvrir, et son travail m'a tellement fascinée que j'ai essayé de faire la synthèse de tout ce que j'avais lu sur le net. J'adore le Musée Baubourg : un musée tellement ouvert, vivant, dans son temps, dans notre temps... J'avais l'occasion d'y aller autrefois, et je regrette infiniment de ne plus pouvoir le visiter... Merci de ton com Marie ! 

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    3
    Mercredi 24 Février 2016 à 18:15

    Bonjour ma chère Eva, A dire vrai je ne suis pas vraiment inspirée par ton peintre mais je dois avoir tort ! Bon je t'ai fait une visite pour te dire que je ne t'oublie pas te souhaitant de belles journées.

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