• "Tu la trouvais belle, la mort..."

     

     

    Lettre de Gérard Depardieu à Patrick Dewaere.

     

     

     

    "... Ce n'est pas tellement que tu n'avais plus envie de vivre, mais tu souffrais trop de vivre...

     

    [...] Je te le dis maintenant, sans gêne et sans en faire un drame, j'ai toujours senti la mort en toi. Pis, je pensais que tu nous quitterais encore plus vite. C'était une certitude terrible que je gardais pour moi. Je ne pouvais rien faire, j'étais le spectateur forcé de ce compte à rebours. Ton suicide fut une longue et douloureuse maladie. Quand j'ai su que c'était fini, je me suis dit : bah oui, quoi, rien à dire. Je n'allais tout de même pas surjouer comme les mauvais acteurs. Et puis je te l'avoue, moi, bien en face, je m'en fous. Je ne veux pas rentrer là-dedans. Je suis une bête, ça m'est égal, la mort connais pas. Je suis la vie, la vie jusque dans sa monstruosité. Il ne faut jamais faire dans la culpabilité, se dire qu'on aurait dû, qu'on aurait pu. Que dalle. Il y avait un défaut de fabrication, un vice, quelque chose de fêlé en toi, Patrick..."

      

     "Lettre de Gérard Depardieu à Patrick Dewaere" Lire le texte entier ici 

     

     

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  • Commentaires

    16
    Samedi 28 Mai 2016 à 15:43
    Henri-Pierre

    Terriblement (au sens propre du mot) sincère.
    Mais dieu qu'il a mal vieilli celui qui savait oser et non seulement se vautrer dans la provocation vulgaire

      • Dimanche 29 Mai 2016 à 11:59

        Je suis d'accord avec toi mon ami, je t'embrasse...

    15
    El duende
    Samedi 14 Mai 2016 à 23:34

    Un style étonnant que celui de Depardieu... Un style bien à lui... C'est qu'avoir du style, c'est oser être soi meme, se débarrasser de tout ce qui nous a été inculqué par l'école.  Décidément, il est bourre de talents... Beaucoup de sensibilité... Aucun tabou... 

    Sur le fond, et le cas Patrick Dewaere, rien à dire de plus... 

      • Dimanche 15 Mai 2016 à 00:04

        Je répète : je ne déborde pas d'admiration pour Depardieu, je n'aime pas trop son côté provocateur (qui va bien au-delà du franchissement des tabous) mais là, oui, il a le mérite d'être sincère et sans détour. 

        J'aime Dewaere, je l'adore... je ne peux pas voir un film de lui sans avoir envie de le serrer dans mes bras...

    14
    Mercredi 11 Mai 2016 à 18:39

    Mais si, elle est datée de 1998 dans le texte pour lequel tu donnes le lien.
    De plus il parle de 1968 comme d'un évènement datant de 20 ans ...
    Non seulement c'est intéressant, mais il écrit bien, ce Depardieu.
    Merci pour la découverte, le partage.

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 23:56

        En effet, 1998 c'est la date d'édition des "lettres volées" aux Editions JC Lattès... Oui, dans ce texte, Depardieu est assez étonnant... 

    13
    Mercredi 11 Mai 2016 à 17:36

    Le mal de vivre, ce doit être terrible quand ça vous prend, il doit falloir pouvoir en parler avant de passer au geste. Pauvre acteur qui avait tant de talent. Bises mon Eva

      • Mercredi 18 Mai 2016 à 10:50

        Alors comme ça tu nous lâches ? tu suspends ton blog définitivement ? Dommage... Bises Danae 

    12
    Mercredi 11 Mai 2016 à 16:07

    Bonjour Eva,

    Je ne sais pas de quand date cette lettre, sans doute est-elle assez récente. En tout cas elle est bouleversante. Depardieu a beaucoup muri, ses rares interviews sont très intéressantes, tellement différentes et plus profondes que celles des autres acteurs. Je me demande si Depardieu actuel n'aurait pas quelque peu soulagé Dewaere, malgré le feu intérieur qui le brulait... (A moins que ce soit ma propension à tout enjoliver !)

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 17:08

        Sur le site où je l'ai trouvée, cette lettre n'est pas datée. Je n'ai pas une admiration débordante pour Depardieu, mais j'ai trouvé effectivement cette lettre bouleversante et juste dans l'analyse : il y a toujours une fêlure chez les personnes suicidaires. Que l'acte soit violent (comme celui de Dewaere) ou non accompli comme celui de Romy (pour qui la destruction était dans le comportement, dans le chagrin, dans l'attitude d'auto-destruction passive et désespérée), quel que soit le moyen et l'énergie qu'on déploie à se détruire, le suicide est quasiment "inscrit", prévu de longue date... il est l'aboutissement d'une trajectoire (une tragic-stoire)... Pour certains êtres la résilience n'est pas possible. 

        Depardieu est l'antithèse de Dewaere : toutes les tragédies de sa vie (telle la mort de son fils, qui est la pire chose qui puisse advenir), toutes les tragédies de Depardieu sont une sorte d'excitation de sa faim de vivre, il est un ogre, un boulimique, il dévore tout... malgré tout : il l'écrit : "Je suis la vie... la vie dans toute sa monstruosité..." Il savait la fascination de Dewaere pour la mort, et il dit qu'il n'aurait rien pu faire pour le détacher de cette fascination... Parce qu'on ne peut rien faire contre ça...

    11
    Mercredi 11 Mai 2016 à 13:26

    Juste quelque mots....je l'aimais beaucoup

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 14:44

        Moi aussi Noëlle... je t'embrasse

    10
    DAN
    Mercredi 11 Mai 2016 à 13:05

    Ce n’est pas dans l’acceptation du terme « débarrasser » que j’ai utilisé le mot exorcisé, mais il devait quelque peu oublier son mal de vivre pendant ses prestations.
    Mais va savoir ce qui se passe dans la tête de quelqu’un ?

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 14:48

        Comme l'écrit Depardieu, il était comme Romy Schneider, ils confondaient leur vie et le métier d'acteur. Ils speedaient leur vie. Alors forcément, à la fin, on devient fou... et quand on est bien déterminé, on ne se rate pas...

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    9
    DAN
    Mercredi 11 Mai 2016 à 12:16

    Ce que dit Depardieu  est assez juste ma foi, et monsieur Dawaere a mis son mal au service de son art, une manière de l'exorciser !

      • Mercredi 11 Mai 2016 à 12:22

        "exorciser" dans le sens de "se débarrasser" de son mal de vivre n'a pas été le cas de Patrick Dewaere, il a vécu avec son terrible mal de vivre, et c'est ce mal de vivre qui l'a précipité dans la mort. Dewaere aimait la vie, mais il souffrait trop... c'était devenu insupportable voilà tout...

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