• Ulysse et Calypso.

     

    Côte amalfitaine 4

     

    Zeus envoie Hermès donner l'ordre à Calypso de renvoyer Ulysse vers Ithaque...

     

    "Et quand il fut arrivé à l'île lointaine, Hermès passa de la mer bleue sur la terre, jusqu'à la vaste grotte que la Nymphe aux beaux cheveux habitait, et où il la trouva. Et un grand feu brûlait au foyer, et l'odeur du cèdre et du thuya ardents parfumait toute l'île. Et la Nymphe chantait d'une belle voix, tissant une toile avec une navette d'or. Et une forêt verdoyante environnait la grotte, l'aulne, le peuplier et le cyprès odorant, où les oiseaux qui déploient leurs ailes faisaient leurs nids : les chouettes, les éperviers et les bavardes corneilles de mer qui s'inquiètent toujours des flots. Et une jeune vigne dont les grappes mûrissaient, entourait la grotte, et quatre cours d'eau limpide, tantôt voisins, tantôt allant çà et là, faisaient verdir de molles prairies de violettes et d'aches. Même si un Immortel s'en approchait, il admirerait et serait charmé dans son esprit."

     

    (L'Odyssée, Homère, traduction Leconte de Lisle)

     

    Côte amalfitaine 6

     

    Calypso voyait bien la tristesse d'Ulysse, toujours préoccupé d'être retenu si loin de son Royaume. Elle posa sa navette d'or, regarda Ulysse longuement, et lui dit :

     

     "C'est bien toi qui est venu de si loin jusqu'à moi, mon ami... Echoué sur ma plage, sans bateau, sans équipage, n'est-ce-pas ? Je ne suis pas allée te chercher mon très cher... Je t'ai recueilli dans la détresse de ton naufrage et la solitude pesante qui est le destin d'un roi... Je t'ai appris à goûter la douceur de l'air, la caresse de la lumière, la suavité du temps arrêté, loin du tohu-bohu de ton palais, à l'écart des vaines querelles politiques et des soucis domestiques de ta maisonnée... Je t'ai appris l'amour, la légèreté et l'insouciance... J'ai chanté pour toi, j'ai dansé pour toi, je t'ai réchauffé, je t'ai souri, je t'ai caressé... Je t'aurais donné l'immortalité si tu l'avais désirée...

     

    A présent que tu veux t'en aller, je ne te fais pas reproche du grand trou que tu me laisses au fond du coeur... J'aime trop la Liberté pour songer à entraver la tienne... Tu construiras donc un radeau, et je t'enverrai un vent doux et propice. Mais n'oublie pas que ton retour sera difficile et que de terribles épreuves surviendront avant d'atteindre ton île"

                                                                                                texte et photos eva. (2 mars 2012)

     

        

    « Broderie de mots sur éclair d'orNazim Hikmet, Devinette Parisienne. »

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  • Commentaires

    11
    Dimanche 4 Mars 2012 à 19:50

    La mythologie est le reflet de la réalité : l'amour, dans la vie des hommes, n'est qu'une "cerise sur le gateau". Pour eux, ce qui est essentiel c'est l'action, le pouvoir, la puissance qu'ils exercent sur les autres (et en amour, c'est la femme qui exerce la puissance)... La femme n'est que le repos du guerrier, la génitrice, celle qui garde le foyer (oui-oui, même dans les sociétés qui se veulent modernes, et même si le comportement des hommes a quelque peu changé -de force- les hommes ne rêvent que de ça : une femme, ou plusieurs, qui assure(nt) le confort et la douceur, et qui sera (ou seront) toujours disponibles quand ils sont fatigués de guerroyer, de travailler, de lutter pour exercer leur influence dans la société !

    10
    Dimanche 4 Mars 2012 à 18:58
    Ulysse et Calypso
    Hercule et la reine de Lydie
    Renaud et Armide
    Ariane abandonnée à Naxos et Phèdre aussi oubliée par l'amant...
    Pourquoi les femmes qui donnent la paix, la douceur et l'amour sont-elles toujours sacrifiées aux destins glorieux des héros ?
    9
    Samedi 3 Mars 2012 à 19:01
    "ô muse conte moi l'aventure...."

    Merci Eva, on peut commencer à rêver...j'avais adoré l'Iliade et l'odyssée !

    Des bises
    8
    Samedi 3 Mars 2012 à 13:39
    Là nous sommes dans la légende et dans ce contexte on peut tout imaginer de plus beau, comme tu le décris si bien avec ta plume légère, chère Eva. Bises
    7
    Samedi 3 Mars 2012 à 08:37
    En vrai, des souvenirs de mes cours de français de seconde ! Comme c'est loin ! Merci. Joëlle
    6
    Vendredi 2 Mars 2012 à 22:24

    oh, tu sais Dan, c'est facile avec Ulysse... Il m'a toujours emmené si loin...

    5
    DAN
    Vendredi 2 Mars 2012 à 20:11
    Texte et photo Eva alors la chapeau ! ! ! ! !
    4
    Vendredi 2 Mars 2012 à 19:38

    Merci Benissa, tu me fais très plaisir...

    3
    Vendredi 2 Mars 2012 à 19:36

    Mais oui, tu as tout à fait raison ! Qu'il retourne chez lui, et qu'on n'en parle plus ! 

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    2
    Vendredi 2 Mars 2012 à 19:23
    Robert Lafont disait que la grande force de l'Odyssée, c'est le potentiel de rêve qu'elle recèle car il y a des histoires dans l'histoire et qu'elles son éminemment romanesques.
    Et moi je dirais qu'en construisant un monde hors de la réalité de la vie, on est dans un cocon, un paradis sans obligations, sans contraintes d'aucune sorte. Evidemment la pauvre Pénélope ne fait pas le poids : vertueuse, réfugiée dans l'attente, travailleuse et assumant toutes les charges de la vie.
    Hé bien moi, je te dis que ceux qui veulent ce monde feutré sont des infantiles, car il n'y a que dans l'enfance que l'on préserve le tout petit des aléas de la vie. Ensuite, ils apprennent pour devenir des adultes que toute chose contient son revers et que ce n'est pas vivre que de ne vouloir que le bon. Ce n'est pas ce qui fait avancer un être humain dans la connaissance de soi et du monde. Quand Ulysse affronte l'adversité, c'est là qu'il se construit.Bises. J.
    1
    Vendredi 2 Mars 2012 à 16:11
    Comme ton texte est un beau prolongement de l'autre! Il n'enlève rien, au contraire à tout le romanesque, à tout l'esprit d'aventure noble de cette merveilleuse épopée du voyage d'Ulysse. Qu'est-ce que j'ai pu rêver en traduisant ces textes grecs dans mes années de lycéenne. Vivant au bord de la Méditerranée, il était si facile de s'identifier, de mettre des paysages connus sur ceux décrits: un pur bonheur que je retrouve aujourd'hui.
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