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Un goûter chez les fous (Lewis Carroll)
"Devant la maison, sous les arbres, une table était dressée, le Lièvre de Mars et le Chapelier prenaient le thé. Un loir endormi, était assis entre eux, et tous deux, commodément accoudés sur lui, comme sur un coussin, conversaient tranquillement. "Ce doit être bien gênant pour le loir, pensa Alice, il est vrai que comme il dort, il ne doit rien sentir."
La table était immense, mais tous les trois étaient serrés l'un contre l'autre à un coin. Lorsqu'ils virent Alice, ils se mirent à crier :
- Pas de place, pas de place !
Alice indignée, leur cria :
- Il y en a même de trop, de la place, et ce disant, elle s'assit dans un fauteuil, à l'autre bout de la table.
- Voulez-vous un peu de vin ? dit le Lièvre d'un ton aimable.
Alice jeta un coup d'oeil sur la table et lui fit remarquer qu'il n'y avait que du thé.
- En effet, il n'y a pas de vin, dit le Lièvre.
- C'est vraiment impoli de votre part de m'en offrir, dit Alice en colère.
- C'est vraiment impoli de s'asseoir à une table sans y être invité.
- J'ignorais que c'était votre table, il peut y tenir beaucoup plus de trois personnes.
- Vos cheveux ont besoin d'être coupés, dit le Chapelier, qui fixait Alice depuis un moment avec curiosité.
C'était sa première parole...
[...] La conversation tomba et pendant le silence, Alice rassembla ses souvenirs sur les corbeaux et les pupitres, et vit qu'ils étaient peu nombreux.
Le premier, le Chapelier rompit le silence en demandant à Alice ; "Quel jour sommes-nous ?" Et en même temps, il avait sorti sa montre de sa poche, la regardant avec inquiétude, la secouant et la portant à son oreille.
Alice réfléchit un instant et lui dit :
- Le quatre.
- Deux jours de différence ! soupira le Chapelier. Je vous avais bien dit que le beurre ne vaut rien pour graisser les montres, dit-il au Lièvre d'un air furieux.
- C'était pourtant la meilleure qualité de beurre, répondit humblement le Lièvre.
- Mais il devait y avoir des miettes dedans, vous n'auriez pas dû vous servir du couteau à pain, grogna le Chapelier.
Le Lièvre prit la montre, la regarda tristement, puis il la plongea dans sa tasse de thé, la regarda encore, mais il ne put rien trouver à dire que, de nouveau : C'était vraiment la meilleure qualité de beurre...
Lewis Carroll (Alice au Pays des Merveilles )
photos eva, Rouen, 27 novembre 2014
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Commentaires
10el duendeLundi 1er Décembre 2014 à 19:12mais pourquoi n'ai-jamais fini ce livre... Je vais le reprendre : trop besoin de merveilleux décalé !
Un univers magique tout droit sorti d'un conte de fée! J'apprécie le rendu trouble et troublant de la dernière de la série. Bonne fin de soirée chal-heureuse!
Moi aussi Francesco, j'aime beaucoup Alice ! Les aventures d'Alice sont l'un de mes livres de chevet, un de ceux que j'ai plaisir à ouvrir à n'importe quelle page !
J'adore cet hommage à Lewis Carroll Eva, un souffle léger qui ramène à l'enfance et qui donne envie de relire encore une fois "Alice bel paese celle meraviglie"….
ah ah ah ! oui, ça m'arrive de temps en temps.... jusque là j'en suis toujours revenue ! J'ai appris récemment que Lewis Carroll était aussi mathématicien (sous un autre nom) ! J'ai pris ces photos à Rouen, en vitesse... je poursuivais un lapin blanc qui regardait sans cesse sa montre de gousset... (et pour cause ! il avait un train à prendre !)
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oui, reprends donc ce livre... C'est mon préféré... Je ne me sens bien que dans le rêve... et je voudrais ne jamais me réveiller... Tu le sais, toi, je suis une malheureuse erreur de la nature...