• Viens sur mon coeur... (Charles Baudelaire)

     

    800px-Tepidarium_Lawrence_Alma-Tadema_-1836-1912-.jpg

     

    "Viens sur mon coeur, âme cruelle et sourde,

    Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;

    Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants

    Dans l'épaisseur de ta crinière lourde ;

    Dans tes jupons remplis de ton parfum

    Ensevelir ma tête endolorie,

    Et respirer comme une fleur flétrie,

    Le doux relent de mon amour défunt.

    Je veux dormir !  dormir plutôt que vivre !

    Dans un sommeil aussi doux que la mort,

    J'étalerai mes baisers sans remords

    Sur ton beau corps poli comme le cuivre.

    Pour engloutir mes sanglots apaisés

    Rien ne me vaut l'abîme de ta couche ;

    L'oubli puissant habite sur ta bouche,

    Et le Léthé coule dans tes baisers.

    A mon destin, désormais mon délice,

    J'obéirai comme un prédestiné ;

    Martyr docile, innnocent condamné,

    Dont la ferveur attise le supplice,

    Je sucerai, pour noyer ma rancoeur,

    Le népenthès et la bonne ciguë

    Au bout charmant de cette gorge aiguë

    Qui n'a jamais emprisonné de coeur."

     

     

    Baudelaire signatur

     

    illustration : "Tepidarium" Lawrence Alma-Tadema (1836-1912) 
     

     

    « de la folie (Edgar Allan Poe)Vertige de l'irrémédiable... »

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  • Commentaires

    13
    Fred Darevil
    Vendredi 8 Août 2014 à 18:10
    Bonjour,

    J'ai pensé que cette lecture pourrait vous plaire : https://www.youtube.com/watch?v=Tjqw_-DqE7g

    Cordialement,
    Fred Darevil
    12
    Mercredi 23 Janvier 2013 à 09:48

    c'est une composition originale en effet ! 

    11
    Mercredi 23 Janvier 2013 à 09:40

    tout ce que tu dis est là... comme dans le poème de Baudelaire...

    10
    Mardi 22 Janvier 2013 à 09:13
    Car bien sûr, c'est Cléopâtre que je vois là
    9
    Mardi 22 Janvier 2013 à 09:12
    Tout y est, l'abandon à la mort comme une extase amoureuse, la fascination de la bête chtonienne et la peau sauvage pour dire les âpres tourments de la mort.
    Une seule note de légèreté, cette plume inutile, comme un dernier rempart de la pudeur
    8
    Dimanche 20 Janvier 2013 à 11:25

    Léthé (déesse de l'oubli) fille de la Discorde... ennemies de l'Amour, artisanes du désamour... Ah ! Baudelaire... La toile, je ne la connaissais pas auparavant ! c'est en cherchant une illustration pour ce poème que je l'ai trouvée ! Bises Louis-Paul, et bon dimanche !

    7
    Dimanche 20 Janvier 2013 à 10:52
    Le Léthé…
    Les Fleurs du mal sont depuis juin 1857 éternelles.
    Mais je découvre l’illustration, merci Eva.
    6
    Samedi 19 Janvier 2013 à 14:50

    ah ah ah ! je cherchais plutôt une photo de Jeanne Duval, ou un portrait, mais le seul portrait de Manet que j'ai trouvé ne me plaisait pas tellement... et puis je suis tombée sur ce tableau ! Baudelaire a approuvé mon choix ! lol ! bises Danae, merci de ton passage :))

    5
    Samedi 19 Janvier 2013 à 13:46
    La femme nue est très belle et la plume vient juste cacher ce qu'il faut !!! Bisous Eva
    4
    Samedi 19 Janvier 2013 à 11:08

    Baudelaire, c'est celui qui m'emporte le plus loin... Bon week-end Nathanaël...

    3
    Samedi 19 Janvier 2013 à 10:43
    Toujours ce désespoir chez Baudelaire qui trouve une résonance en nous, les passionné(e)s.
    2
    Samedi 19 Janvier 2013 à 09:36

    c'est qu'elle l'a fait souffrir, Jeanne Duval...

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    1
    DAN
    Samedi 19 Janvier 2013 à 08:41
    Fallait-il être épris pour écrire ces mots, on sent toute la passion et presque le désespoir dans ces quelques vers !
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