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    illustration : "La Grande Famille" (René Magritte)

    Le jockey perdu cherchait la clé des songes et la condition humaine au fond du puits de vérité, mais ne trouva que la fée ignorante derrière le masque de l’éclair. Tandis que le rossignol chantait dans l’au-delà pour les compagnons de la peur, la géante et le sorcier cherchaient vainement l’explication… Magie noire et trahison des images restaient les deux mystères.

     

    Les amants expérimentaient le plaisir toujours renouvelé, et le séducteur achetait un bouquet tout fait… La page blanche s’écrivait à l’entracte, le modèle rouge faisait la tentative de l’impossible, le joueur secret n’avait plus la main heureuse, et moi, devant tout ce beau monde, j’avais le mal du pays ! La mémoire me faisait défaut : telle Alice au Pays des Merveilles, je cherchais la clé de verre, et dans ce domaine enchanté, le mois des vendanges avait la saveur des larmes…

     

    L’empire des lumières me faisait le cinéma bleu, et le faux miroir reflétait le masque vide. Dans la chambre d’écoute, l’invention collective de la voix des vents me dicta l’art de la conversation. Surgit alors le libérateur qui m’annonça : « ceci n’est pas une pomme » ! La grande famille occupée aux travaux d’Alexandre ne vit pas la baigneuse ni le retour de flamme, et la découverte du feu passa inaperçue à côté des exercices de l’acrobate.

     

    L’assassin menacé fuyait la grande guerre, oubliant sa pipe dans le salon de Dieu…

     

    eva, le 11 novembre 2009.

     

    Sur une idée de Philippe Dester link texte d’un genre surréaliste écrit avec les titres des tableaux de Magritte. La règle du jeu est à cette adresse à  la date du 9 novembre, je vous invite à visiter le blog de Philippe et à participer à ce jeu.


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         "Le hêtre de la scierie n'avait pas encore, certes l'ampleur que nous lui voyons. Mais sa jeunesse (enfin, tout au moins en rapport avec maintenant) ou plus exactement son adolescence était d'une carrure et d'une étoffe qui le mettait à cent coudées au-dessus de tous les autres arbres, même de tous les autres arbres réunis. Son feuillage était d'un dru, d'une épaisseur, d'une densité de pierre, et sa charpente (dont on ne pouvait rien voir, tant elle était couverte et recouverte de rameaux plus opaques les uns que les autres) devaient être d'une force et d'une beauté rares pour porter avec tant d'élégance tant de poids accumulé. Il était surtout (à cette époque) pétri d'oiseaux et de mouches ; il contenait autant d'oiseaux et de mouches que de feuilles. Il était constamment charrué et bouleversé de corneilles, de corbeaux et d'essaims ; il éclaboussait à chaque instant des vols de rossignols et de mésanges ; il fumait de bergeronnettes et d'abeilles ; il soufflait des faucons et des taons ; il jonglait avec des balles multicolores de pinsons, de roitelets, de rouges-gorges, de pluviers et de guêpes. C'était autour de lui une ronde sans fin d'oiseaux, de papillons et de mouches dans lesquels le soleil avait l'air de se décomposer en arcs-en-ciel comme à travers des jaillissements d'embruns. Et, à l'automne, avec ses longs poils cramoisis, ses mille bras entrelacés de serpents verts, ses cent mille mains de feuillages d'or jouant avec des pompons de plumes, des lanières d'oiseaux, des poussières de cristal, il n'était vraiment pas un arbre. Les forêts, assises sur les gradins des montagnes, finissaient par le regarder en silence. Il crépitait comme un brasier ; il dansait comme seuls savent danser les êtres surnaturels, en multipliant son corps autour de son immobilité ; il ondulait autour de lui-même dans un entortillement d'écharpes, si frémissant, si mordoré, si inlassablement repétri par l'ivresse de son corps qu'on ne pouvait plus savoir s'il était enraciné par l'encramponnement de prodigieuses racines ou par la vitesse miraculeuse de la pointe de toupie sur laquelle reposent les dieux. Les forêts, assises sur les gradins de l'amphithéâtre des montagnes, dans leur grande toilette sacerdotale, n'osaient plus bouger. Cette virtuosité de beauté hypnotisait comme l'oeil des serpents ou le sang des oies sauvages sur la neige. Et tout au long des routes qui montaient ou descendaient vers elle, s'alignait la procession des érables ensanglantés comme des bouchers."

     

    Jean Giono (Un roi sans divertissement, 1947)

     

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    Frida Kahlo photographiée par son père Guillermo Kahlo, 1932

     

     

    "O beaux yeux bruns, ô regards destournés,

    O chauds soupirs, ô larmes répandues,

    O noires nuits vainement attendues,

    O jours luisants vainement retournés..." 

     

    Louise Labé dite la belle cordière (1524-1566)

     

    Beaux yeux bruns délaissés par Diego,

    Frida soupire en vain et pleure en silence

    Sur son lit de martyre, elle peint, elle avance,

    Dans sa nuit noire, rien ne lui sera épargné... 

    eva 21 novembre 2012

     

    http://eva.baila.over-blog.com/article-frida-kahlo-49430383.html

     


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    Le luth enchanteur de Marcel Khalife magnifie encore Grenade... écoutez, regardez...


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