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Abbaye bénédictine de Saint Savin (Vienne)
Haut lieu de la chrétienté médiévale et de la peinture murale romane, l'abbaye de Saint Savin, doit sa fondation et son développement à la protection des plus grands : Charlemagne, Louis le Pieux, saint Benoît d'Aniane, le duc d'Aquitaine Guillaume le Grand. Sauvagement meurtrie par les guerres de Cent Ans, et de Religion, elle a pu renaître à partir du milieu du XVIIe siècle grâce à l'intervention personnelle de Louis XIII et de Richelieu, ainsi qu'à son affiliation à la congrégation de Saint Maur.
Elle a connu une nouvelle existence en raison du vif intérêt que lui porta Prosper Mérimée, alors jeune Inspecteur général des momuments historiques de la France, qui la visita six fois entre 1835 et 1849 et publia sur elle en 1845 une remarquable monographie. Sans cesse étudiée et restaurée depuis lors, l'ancienne abbaye a été jugée digne, en 1984, du classement parmi les momuments du Patrimoine mondial. Elle abrite depuis 1990 le Centre International d'art mural.
Des scènes de la Genèse, de l'Exode, de l'Apocalypse, des épisodes de la vie du Christ : c'est une extraordinaire bande dessinée sur laquelle les spécialistes d'histoire de l'art médiéval veillent amoureusement. Les peintures murales du XIIe siècle qui décorent l'intérieur de l'abbaye romane de Saint Savin sur Gartempe classée au patrimoine de l'Unesco sont uniques en Europe. Les spécialistes sont impressionnés par leur état de conservation comme par celui des peintures retrouvées dans d'autres église de la région, telles Sainte-Catherine de Jouhet, Notre-Dame d'Antigny ou Notre-Dame de Montmorillon. Certains observateurs ont aussi décelé une inspiration italo-byzantine dans le style et l'iconographie de la tribune et de la nef, certaines scènes offrant de troublantes ressemblances avec divers octateuques grecs, ainsi qu'avec les mosaïques de Palerme et Monréale.
Il faut attribuer cette concentration exceptionnelle dans les églises de la vallée de la Gartempe aux hasards de la conservation : ces peintures médiévales sont celles qui n'ont pas subi des destructions naturelles et que l'on n'a pas souhaité faire disparaître après le Moyen Age quand on les jugeait démodées, ou au moment des restaurations. Le bon état de conservation est dû par ailleurs aux techniques utilisées et à l'emploi de pigments naturels très résistants : jaune, rouge, vert, blanc, noir, mais au dessus des colonnes de la nef, ils ont été combinés à un bleu produit à partir de lapis-lazuli que l'on acheminait depuis l'Asie Centrale.
Détail du plafond de la nef : l'Arche de Noë...
ci-dessous : la Tour de Babel nous instruit sur la marche d'un chantier médiéval : à droite s'approchent d'un même pas 3 compagnons portant des blocs de pierre sur leur épaule ; par-dessus ce groupe, un immense personnage tend lui-même un bloc à un ouvrier juché au sommet de la tour en construction, une équerre à la main ; tournant le dos à ce dernier, un maçon se saisit d'un seau de mortier qu'un ouvrier, depuis le sol, vient de porter à sa hauteur au moyen d'un treuil...
"L'oeuvre des maîtres de Saint-Savin est, si l'on peut dire, plus ancienne que l'antique. Elle rejoint les siècles bibliques, ces siècles de siècles." (H.Focillon)
à suivre...
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Commentaires
12el duendeVendredi 8 Août 2014 à 18:05Oui c'est très beau. J'apprécie particulièrement les colonnes semblent avoir été restaurées. On peut se faire une idée de l'ampleur du chantier qui a dû s'étaler sur des dizaines d'années. Les coloris sont magnifiques et je pense que le flou des peintures est plus dû à leur ancienneté qu'à ton appareil...RépondreJe parlerai bientôt de ces colonnes. Le flou des peintures est dû à l'éloignement en hauteur de la voûte (mon appareil n'a pas un zoom suffisant) et l'interdiction d'employer le flash. Lorsque l'on prend les fresques à quelques mètres, c'est beaucoup mieux, j'en montrerai une très belle qui a été "transposée" dans le réfectoire et qui est du XIIe siècle. Je me suis régalée à Saint-Savin, c'est vraiment une curiosité et une mine de détail savoureux (le Corbeau et le Renard, par ex, au plafond, qui est très abimée, mais qui est l'illustration de la fable d'Esope)...
l'Unesco l'a reconnu comme un endroit unique par l'ampleur des surfaces peintes et conservées. Je dirai quelque chose sur les colonnes bientôt...
Les colonnes peintes guident notre regard vers le ciel où se déroulent les vignettes peintes de cette merveilleuse bande dessinée sorte de Biblia pauperum qui raconte la Bible. Tu nous fait découvrir un magnifique endroit! Merci EvaDanae, j'ai adoré ces petites vacances en France : dans des villages jolis et propres, où les gens sont aimables, où les hôtels et restau sont corrects. Je redécouvre mon pays, qui n'est pas si mal que ça !
J'ai découvert cette merveille seulement ces vacances. J'avais lu un article sur Geo et j'ai voulu la visiter. Malheureusement la "guide conférencière" n'était pas très intéressante, pas très passionnée par le sujet ! En plus, je n'ai pas pu monter à la Tribune (qui ne se visite plus) pour faire des photos de l'ensemble de la nef et de l'alignement des piliers et de leur chapiteaux. Enfin, j'ai spécialement regretté de n'avoir pas un bon matériel photo (mon apn est trop imparfait pour ce genre de photo sans flash et le zoom est insuffisant)... Mais le lieu est époustoufflant !
La voûte en berceau de Saint-savin est une des oeuvres d'art que je préfère au mondeLes plafonds sont magnifiques, mais ça doit faire mal au cou pour les regarder !!! Bises Eva, j'espère que tu as passé de bonnes vacances.
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