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    douceur 2

     

    "Laisse subsister ce peu de moi par quoi,

    je puisse te nommer mon tout.

    Laisse subsister ce peu de ma volonté par 

    quoi je puisse te sentir de tous côtés,

    et venir à toi en toutes choses, et t'offrir

    mon amour à tout moment.

    Laisse seulement subsister ce peu de moi

    par quoi je puisse jamais te cacher.

    Laisse seulement cette petite attache

    subsister par quoi je suis relié à ta volonté,

    et par où ton dessein se transmet dans ma vie : c'est l'attache de ton amour.

     

    Rabindranath Tagore (traduction André Gide) Gitanjali "L'offrande mystique"


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    "Un tableau de Monet nous fait aimer le pays qui nous plaît.

    Il a beaucoup peint les bords de la Seine à Vernon. C’est assez pour nous pour aller à Vernon. Sans doute, nous pensons bien qu’il eût pu voir d’aussi belles choses ailleurs et que ce sont peut-être des circonstances de sa vie qui l’ont conduit là. N’importe. Pour faire sortir la vérité et la beauté d’un lieu, nous avons besoin de savoir qu’elle en peut sortir, que son sol est plein de dieux. Nous ne pouvons prier que dans un lieu consacré, en dehors de ces lieux où nous-mêmes, par des journées divines, nous eûmes des révélations. Sans doute, c’est non pas en nous une vaine idolâtrie de Monet, de Corot, qui aimera. Nous-mêmes aimerons.

    Mais avant d’aimer nous sommes timides. Il faut qu’on nous ait dit : là vous pourrez aimer, aimez.
    Alors, nous aimons.

    Les tableaux de Monet nous montrent dans Argenteuil, dans Vétheuil, dans Epte, dans Giverny l’essence enchantée. Alors nous partons pour ces lieux bénis. Et ils nous montrent aussi la nourriture céleste que peut trouver notre imagination dans des choses moins déterminées, les rivières semées d’îles dans ces heures inertes de l’après-midi où la rivière est blanche et bleue des nuages et du ciel, et verte des arbres et des gazons, et rose des rayons déjà couchants sur les troncs des arbres, et dans la ténèbre éclairée de rouge des taillis de jardins où poussent les grands dahlias. Il nous fait adorer un champ, le ciel, une plage, une rivière comme des choses divines vers lesquelles nous voulons aller, comme des choses divines où nous sommes tant déçus d’apercevoir, se promenant dans le champ, marchant vite sur la plage, une dame serrant son châle, un homme et une femme se tenant par la main.

    Nous plaçons si haut les divinités que nous adorons, que ce qui les rabaisse à des choses déjà connues, nous désenchante. C’est de l’idéal que nous sommes épris."


    (Extrait de "Ecrire la peinture - de Diderot à Sollers" Pascal Dethurens Edition Citadelles & Mazenod) 
     

    (illustration : Peupliers sur la rive de l’Epte 1891 huile sur toile 100.3x65.2cm Philadelphia Museum of Art)

     


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    Rouges fleurs, comme rouges baisers,
    rouges baisers comme des blessures, donnés sans malice, sans amour non plus,
    et reçus dans le vert secret des brillants feuillages,
    enveloppés du parfum épicé des rouges secrets tus à jamais...
    Rouges fleurs chiffonnées par des mains tremblantes,
    Rouges fleurs jetées dans les corbeilles des psy, recueillies d'une oreille distraite, 
    Rouges secrets éludés d'un geste de la main, 
    Rouges baisers évités de justesse ou brûlés sans passion par les impies,
    Rouges regrets à vau-l'eau, comme coquilles de noix, sans gouvernail et sans but
    le long des ruisseaux clairs et des souvenirs perdus... 

    eva, le 21 août 2009, texte et photo ©


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    Ouarzazate

     

    "L'amour qui ne ravage pas n'est pas l'amour.

    Un tison répand-il la chaleur d'un brasier ? 

    Nuit et jour durant toute sa vie,

    le véritable amant se consume de douleur et de joie."

                                                                                               Omar Khayyam

     



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