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    Femme nue, femme noire,

    Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !

    J'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains

    bandait mes yeux.

    Et voilà qu'au coeur de l'été de Midi, je te découvre,

    Terre promise, du haut du haut col calciné

    Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair

    d'un aigle.

     

    Femme nue, femme obscure

    Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir,

    bouche qui fait lyrique ma bouche

    Savane aux horizons purs, savane qui frémit

    aux caresses ferventes du vent d'Est

    Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde

    sous les doigts du vainqueur 

    Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de

    l'Aimée.

     

    Femme nue, femme obscure

    Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs

    de l'athlète, aux flancs des princes du Mali.

    Gazelle aux hanches célestes, les perles sont étoiles sur

    la nuit de ta peau

    Délices des jeux de l'esprit, les reflets de l'or rouge

    sur ta peau qui se moire

    A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux

    soleils prochains de tes yeux.

     

    Femme nue, femme noire

    Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans

    l'Eternel

    Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres

    pour nourrir les racines de la vie.

     

    Léopold Sedar Senghor

     

     

    http://www.dominique-baumont-afrique.com/article-de-la-langue-des-colonisateurs-a-la-langue-de-la-liberte-110110712.html   

    un lien sur le très beau blog de mon ami Dominique Baumont, qui raconte si bien l'Afrique...


    (illustration : photo flickr)


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    "Je serre ses mains, je la presse contre ma poitrine.

    J'essaie d'emplir mes bras de sa beauté, de piller avec mes baisers son sourire, de boire avec mes yeux ses regards.

    Hélas ! Mais où est tout cela ? Qui peut forcer l'azur du ciel ?

    J'essaie d'étreindre la beauté ; elle m'élude, ne laissant que le corps entre mes mains.

    Confus et lassé, je retombe.

    Comment le corps pourrait toucher la fleur que seule l'âme peut toucher ?"

     

    L'offrande lyrique (Rabindranâth Tagore, traduction André Gide)

    Illustration : Vénus à son miroir (Diego Velasquez)

     


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    Par sa légèreté, sa transparence et sa lumière, l'aquarelle est à l'art pictural ce que le rêve est à la vie : Tout et Rien... Impalpable, évanescente, et fluide, l'aquarelle illumine mon imaginaire comme le rêve éclaire mon Noir. (eva, 1er octobre 2012)

     

    illustration : Paul Klee 

     


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