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A Arles où roule le Rhône
Dans l'atroce lumière de midi
Un homme de phosphore et de sang
Pousse une obsédante plainte
Comme une femme qui fait son enfant Dans la chambre où l'édredon rouge
Et le linge devient rouge D'un rouge soudain éclatant
Et l'homme s'enfuit en hurlant Mélange ce rouge si rouge
Pourchassé par le soleil Au sang bien plus rouge encore
Un soleil d'un jaune strident De Vincent à demi mort
Au bordel tout près du Rhône Et sage comme l'image même
L'homme arrive comme un roi mage De la misère et de l'amour
Avec son absurde présent L'enfant nue toute seule sans âge
Il a le regard bleu et doux Regarde le pauvre Vincent
Le vrai regard lucide et fou Foudroyé par son propre orage
De ceux qui donnent tout à la vie Qui s'écroule sur le carreau
De ceux qui ne sont pas jaloux Couché dans son plus beau tableau
Et montre à la pauvre enfant Et l'orage s'en va calmé indifférent
Son oreille couchée dans le linge En roulant devant lui ses grands tonneaux de sang
Et elle pleure sans rien comprendre L'éblouissant orage du génie de Vincent
Songeant à de tristes présages Et Vincent reste là dormant rêvant râlant
Et regarde sans oser le prendre Et le soleil au-dessus du bordel
L'affreux et tendre coquillage Comme une orange folle dans un désert sans nom
Où les plaintes de l'amour mort Le soleil sur Arles
Et les voix inhumaines de l'art En hurlant tourne en rond.
Se mêlent aux murmures de la mer
Et vont mourir sur le carrelage Jacques Prévert
(A Paul Eluard, Paroles)
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Puisqu’on ne vivra jamais tous les deux
Puisqu’on est fou, puisqu’on est seul
Puisqu’ils sont si nombreux
Même la morale parle pour eux
J’aimerais quand même te dire :
Tout ce que j’ai pu écrireJe l’ai puisé à l’encre de tes yeux.
Je n’avais pas vu que tu portais des chaînes,
A trop vouloir te regarder
J’en oubliais les miennes...
On rêvait de Venise, de liberté !
J’aimerais quand même te dire :
Tout ce que j’ai pu écrire
C’est ton sourire qui me l’a dicté.
Tu viendras longtemps marcher dans mes rêves
Tu viendras toujours du côté
Où le soleil se lève,
Et si malgré ça j’arrive à t’oublier
J’aimerais quand même te dire :
Tout ce que j’ai pu écrire
Aura longtemps le parfum des regrets
Francis Cabrel
photo eva, décembre 2009
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Un petit colibri
Perché sur l'épaule d'un rhinocéros
Brillait de toutes ses plumes...
Un objet léger et non identifié contemplait le petit colibri...
Un beau matin, l'oiseau s'envola dans un bruissement d'ailes
Au nez du cerf-volant à la dérive...
eva baila ©
photo Flickr
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Au plus mûr de l’automne, courons encore
Vers la senteur des sorghos
Vers les appels de l’îvresse
Courons tous les sentiers fleuris
Puisqu’à chaque détour
Une coupe de lune nous attend
Le dragon s’est révélé fleuve
Le phénix s’est découvert brise
La noce ciel-terre s’accomplit enfin
Au dedans de nous
Au plus mûr de l’automne, qu’attendre d’autre
Sinon serpent-tortue, sinon nuage-pluie
En nous se consume la flamme d’ici
Avant le règne des ténèbres
Une étoile, là encore, au bord du ciel
Dans la plaine, déjà,ultime luciole…
François Cheng
In « Qui dira notre nuit » Ed. Arfuyen
(page dédiée à El Duende qui m'a fait découvrir François Cheng)
Cendre et Braise Privilège
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