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A Siliana
"Pour la liberté, je saigne, je lutte, je survis.
Pour la liberté, mes yeux et mes mains,Comme un arbre charnel, généreux et captif,
je les donne aux chirurgiens.
Pour la liberté, je sens plus de coeurs
que de sable dans ma poitrine ; l'écume jaillit de mes veines,
et j'entre dans les hôpitaux, et je plonge dans l'ouate
comme dans les nénuphars.
Pour la liberté, je veux faire tomber
Ceux qui ont dressé leur statue dans l'argile,
Et je me détacherai de mes pieds, de mes bras,
de ma maison, de tout.
Parce que là, où des orbites vides, à l'aube, se pointent,
La liberté déposera les deux pierres d'un futur regard
Et fera que de nouveaux bras et de nouvelles jambes grandissent
Sur la chair écorchée.
Des ailes de sève sans automne bourgeonneront,
Reliques de mon corps, qu'à chaque blessure je perds.
Parce que je suis comme l'arbre écorché, je bourgeonne :
Parce que, encore et toujours, j'aime la vie."
Miguel Hernandez (El Herido 1938-1939)
Tags : société, poésie
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Commentaires
15el duendeVendredi 8 Août 2014 à 18:12C'est magnifique et je croyais que c'était toi qui l'avais écrit sur le coup de la douleur !RépondreBonsoir Mario... c'est dur... ça ne fait que commencer, et je ne m'habituerai jamais au jeu de massacre des dirigeants contre la jeunesse... Pour moi, la jeunesse c'est sacré à plus d'un titre, pas seulement parce que je suis mère...
Merci pour les indignés de Siliana !aaaaah ! tu me rassures ! je n'aime pas trop les traductions... une traduction, c'est toujours un peu une trahison (ne serait-ce que dans la musique des mots...)
Non, non Eva, la traduction n'est pas maladroite, je ne la connaissais pas et te suis infiniment reconnaissant du partage. Bises.oui Dan et comme je répondais à Danae, la liberté est terriblement difficile à conquérir, mais elle est toute aussi difficile à conserver...
non seulement c'est difficile à conquérir, mais c'est bien difficile à garder ! Bon voyage ma chère Danae ! bisous !
on se sent "porté" par l'association des deux... Cette marche pacifique, c'est comme un grand vent de révolte silencieuse, une marée irrépressible... Et même pour moi qui crains tellement la foule, j'ai envie de marcher sur la route avec eux... Tout laisser derrière à l'usurpateur, au tyran, en signe de protestation... Bon dimanche Nathanaël
voici la version originale que tu connais probablement (j'ai un peu honte de la traduction maladroite que j'ai trouvée sur le net)
Para la libertad sangro, lucho, pervivo.
Para la libertad, mis ojos y mis manos,
como un árbol carnal, generoso y cautivo,
doy a los cirujanos.
Para la libertad siento más corazones
que arenas en mi pecho: dan espumas mis venas,
y entro en los hospitales, y entro en los algodones
como en las azucenas.
Para la libertad me desprendo a balazos
de los que han revolcado su estatua por el lodo.
Y me desprendo a golpes de mis pies, de mis brazos,
de mi casa, de todo.
Porque donde unas cuencas vacías amanezcan,
ella pondrá dos piedras de futura mirada
y hará que nuevos brazos y nuevas piernas crezcan
en la carne talada.
Retoñarán aladas de savia sin otoño
reliquias de mi cuerpo que pierdo en cada herida.
Porque soy como el árbol talado, que retoño:
porque aún tengo la vida.
En toute solidaritéLa photo et le texte fouettent le sang, la défense de la liberté le fait bouillir. On ne peut que se sentir frères ! Merci de nous le rappeler.
Bonjour Eva.La liberté est difficile à conquérir pour ces peuples malmenés. Bises et beau dimanche chère Eva. A bientôt.La liberté est comme une flamme, il faut toujours veiller à ce qu'elle ne s'éteigne pas !Oui Eva à la fois espérance et désespérance! Magnifique ce poème qui colle si bien à tous ces combats pour une vie digne...Je cherchais un poème d'Hernandez, et j'ai trouvé celui-ci. J'ai préféré à l'original, une traduction même approximative, pour que ce soit compris par le plus grand nombre. Ce qu'exprime Hernandez me semblait tellement d'actualité dans cette région particulièrement défavorisée de Tunisie, que j'ai tout de suite pensé à cette photo : cette action de tout abandonner pour la lutte, ce risque évident d'être meurtri, blessé, de devenir borgne ou aveugle, tout dans ce poème colle à la réalité de la Révolution tunisienne en marche... C'est beau parce que c'est sans compromis... C'est beau parce que c'est à la fois "Espérance" et désespérance...
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